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Mémorial-Joola, renflouement du bateau:Des exigences toujours non satisfaites
Publié le jeudi 27 septembre 2018  |  Rewmi
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© Autre presse
Le naufrage du bateau "Le Joola" a eu lieu dans la nuit du 26 septembre 2002 faisant officiellement 1863 victimes.
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26 septembre 2002 – 26 septembre 2018. Voilà, 16 ans, jour pour jour, que le bateau “Le Joola“ a chaviré aux larges des côtes gambiennes, emportant avec lui plus de 2000 morts. Entre promesses des autorités et doléances des familles des victimes qui réclament toujours justice, qu’est-ce qui a été fait. Rescapés et familles des victimes se battent contre l’oubli.

Quelques semaines avant la fin de son second mandat, Abdoulaye Wade avait bien posé la première pierre d’un mémorial-musée sur la corniche de Dakar, notamment à la Place du Souvenir. Mais, depuis, le chantier est en suspens. Sur les lieux, une affiche dévoilait ce à quoi aurait dû ressembler ce monument tourné vers l’océan, mais cela a tous les traits d’une supercherie.

Arrivé au pouvoir, le Gouvernement Macky a promis de faire un pas en érigeant le Mémorial du bateau “Le Joola“. La pose de la première pierre du lieu de recueillement était prévue hier en marge de la cérémonie de commémoration de l’an 16 du drame. Mirage encore ! La pose de la première pierre du Musée du mémorial sera reportée jusqu’à nouvel ordre. L’annonce est faite par le Ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, à l’occasion de la cérémonie de commémoration de l’an 16 du naufrage du bateau le Joola. Le ministre n’a pas donné les raisons de ce report, mais il nous revient que la pose de la première pierre ne se fera pas.



Quid du renflouement du Joola

Quant au navire, qui pourrait justement servir de musée, il gît toujours dans les profondeurs, là où sa route s’est arrêtée, une nuit d’orage, au large de la Gambie. L’Union européenne a proposé de financer l’opération mais, à l’époque, Wade avait fait obstruction. Aujourd’hui, plus que jamais, le renflouement du bateau Le Joola semble techniquement impossible. Du moins si l’on se fie aux propos de l’Ancien directeur général du Cosama (gestion de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor), le commandant Seydou Diallo. Ce dernier soutient que techniquement, ce n’est pas évident de renflouer le bateau Le Joola. La raison ? Parce que, explique-t-il, interrogé par la Rfm, « le navire est d’un faible échantillonnage déjà. Ensuite, il s’est enlisé cela fait maintenant 16 ans. Et très certainement, il a dû se disloquer quelque part. » Donc, conclut-il, «vouloir le renflouer, il faudrait beaucoup d’opérations sous-marines avant d’arriver déjà à assembler le navire pour l’étancher, ensuite pour pouvoir le remonter en surface. Ce n’est pas évident. » « Ce qu’il faudrait peut-être faire, propose-t-il, c’est voir si une partie du Joola pourrait être remontée, ne serait-ce que pour permettre aux populations de pouvoir faire leur deuil correctement.»

Justice sera-t-elle rendue, un jour ?

Les familles des victimes espéraient que l’actuel Président de la République, Macky Sall, ordonnerait la réouverture du dossier judiciaire, clos en 2003. Mais le successeur de Wade ne l’envisage pas. Leur dernier espoir de voir un jour des responsables condamnés a fondu comme du beurre. En 2008, le juge d’instruction français, dont une note affirme que «le drame du Joola tient à des causes tant techniques que politiques », avait lancé un mandat d’arrêt contre neuf hauts responsables de l’époque : trois chefs d’état-major, trois membres du Gouvernement et trois fonctionnaires. Deux des ministres (l’ex-Première ministre, Mame Madior Boye, et l’ex-ministre des Forces armées, Youba Sambou). Ils ne seront jamais jugés car ils bénéficiaient à l’époque de l’immunité. Seules des sanctions administratives ont été prises contre des officiers, des fonctionnaires et des ministres. Mais cela n’est pas allé plus loin. En août 2003, le ministère public a classé l’affaire. Explication fournie par le parquet : l’entière responsabilité du naufrage est à mettre sur le compte du commandant de bord, un certain Issa Diarra. Le bouc émissaire parfait, puisqu’il est porté disparu. Pas de suspect, pas de procès.

Aminata Touré, Garde des Sceaux, à l’époque, n’avait pas jugé nécessaire d’intenter un procès contre les responsables. « Il y a eu négligence. Ce fut un malheureux concours de circonstances. Des gens ont été sanctionnés. Un procès aurait servi à quoi ?», s’interrogeait Aminata Touré. Montrée du doigt, la Première ministre de l’époque, Mame Madior Boye, ne se sentait aucunement responsable. « On ne peut rien me reprocher », disait-elle.

Pupilles de la nation : De 1900 orphelins à 900 enfants

Après cette catastrophe maritime, l’Etat du Sénégal avait pris la décision de prendre en charge les enfants dont les parents sont décédés dans cet accident. Ces enfants (moins de 18 ans) déclarés pupilles de la nation, sont pris en charge depuis 2008, sur le plan scolaire et la formation, du primaire jusqu’au niveau supérieur, sanitaire et social. Le premier recensement au démarrage avait porté le nombre à 1900 orphelins, mais l’application du décret a fait chuter le nombre jusqu’à 900 enfants orphelins seulement pris en compte, soutenait Moussa Cissokho, le président de l’Association nationale des Familles des Victimes du Joola (ANFVJ). Ce nombre est en baisse d’abord parce que certains de ces orphelins ont atteint l’âge de la majorité, et ensuite beaucoup d’entre eux ont été laissés en rade par le décret entré en vigueur en 2011, excluant certains qui ont dépassé l’âge. L’ANFVJ réclame une rétroactivité du décret d’application. Toutefois, il faut reconnaître que la prise en charge de ces enfants a connu une hausse, passant de 20.000 à 30.000 francs CFA.

Le bateau “Le Joola“, qui effectuait la navette entre Dakar et Ziguinchor, a sombré tard dans la nuit du 25 septembre alors qu’il quittait le sud du Sénégal pour rejoindre la capitale sénégalaise. Ce naufrage est la pire catastrophe de la navigation maritime de l’histoire. Bien plus que le Titanic. Le nombre de victimes n’a pu être établi avec exactitude. L’essentiel des victimes repose au fond de la mer. Les dépouilles qui ont pu être récupérées et identifiées ont été remises aux parents…

Georges E NDIAYE
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