La République sénégalaise va rendre jeudi un hommage national à la mémoire de Bruno Diatta, le défunt et « illustre » chef protocolaire qui faisait l’unanimité de par sa discrétion et qui a servi pendant 40 ans sous les quatre présidents qu’a connus le pays.
« Suite au rappel à Dieu du ministre Bruno Diatta, Chef du Service du protocole présidentiel, le Chef de l’Etat présidera le jeudi 27 septembre 2018 à partir de 11h devant le Palais de la République, une cérémonie d’hommage national à la mémoire de l’illustre défunt », écrit la présidence sénégalaise dans un communiqué reçu mardi à APA.
Né le 22 octobre 1948 à Saint-Louis (nord), Bruno Diatta est décédé vendredi dernier à Dakar à l’âge de 69 ans des suites d’un malaise, d’après plusieurs sources médiatiques, alors que deux jours auparavant il était au Palais de la République pour le traditionnel Conseil des ministres, comme à son habitude depuis ses débuts au service protocolaire du chef de l’Etat, en 1978, sous le régime du défunt président Léopold Sédar Senghor (1960-1980).
Diplômé en Sciences politiques en France, il a par la suite fait l’Ecole nationale d’administration (ENA) où il est sorti en 1973 major de sa promotion à la fin de sa formation comme diplomate.
Fils d’un ancien ministre (Edouard Diatta) parmi les très proches de Senghor, l’ambassadeur Bruno est décrit comme un homme d’Etat très discret et qui en sait beaucoup sur les secrets de la République même s’il n’a jamais accordé d’interview à un journaliste.
Les témoignages étaient unanimes à son égard. Du citoyen lambda à l’agent public comme privé, tout le monde a salué son intégrité, sa discrétion et surtout son sens d’homme d’Etat.
Bruno était « un grand homme d’Etat, une image, un symbole, une élégance, une prestance et une présence. Un homme d’une courtoisie ferme et d’une fermeté toute courtoise. Un homme de solutions face souvent à d’inextricables problèmes protocolaires. Car, le Protocole c’est ce qu’il y a de plus difficile et complexe dans notre métier de diplomate », a estimé Mankeur Ndiaye, ancien ministre des Affaires étrangères, à l’égard de Bruno Diatta, rappelant par ailleurs que ce dernier a suivi son conseil l’enjoignant à « écrire » afin de laisser une œuvre livresque à la postérité même s’il précise ne pas savoir s’il a fini de le faire avant son décès.
Mais beaucoup ne s’en voudront pas au cas échéant car, le défunt chef de protocole « est une tombe qui retourne dans une tombe », selon le directeur de la Radio Sénégal international (RSI), Michel Diouf, invité vendredi de l’édition spéciale organisée par la RTS.
Cependant, la « tristesse de la disparition » de cette « figure emblématique » de la République du Sénégal indépendant restera encore vivace chez le président Macky Sall, qui a annulé son voyage à Bamako vendredi, où il devait pourtant assister le lendemain à la fête nationale du Mali, alors qu’il était déjà sur le tarmac aéroportuaire de Dakar.