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Insalubrité à Fass: Les laveurs de voitures sèment le désordre
Publié le mercredi 19 septembre 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Les laveurs de voitures
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Très remontés contre les laveurs de véhicules, les riverains de la rue 22, à Fass, crient leur désarroi. Ils dénoncent le désordre, l’insalubrité et le laisser-aller, en sus d’interpeller la mairie.

Les laveurs de véhicules ont élu domicile sur l’allée de la rue 22 qui mène vers l’hôpital Abass Ndao. Ils sont, pour la plupart, des jeunes venus du village de Ngoundiane, situé à 25 km de Thiès. Les autres sont des jeunes de Médina-Fass, des élèves surtout, qui embrassent ce métier de laveur pendant les vacances. Du fait de leur nombre et de l’activité avec l’occupation anarchique de l’espace public par les véhicules, ils ont fini par faire de cette rue très fréquentée un no man’s land. Puisque les populations riveraines et autres passants rechignent, maintenant, à l’emprunter.

‘’Personne ne peut passer sur cette allée, il y a tout le temps de l’eau et les laveurs ne se soucient pas des riverains qui traversent cette route. C’est tous les jours le même cirque’’, fulmine la jeune Fatou Ndiaye, sac à la main, s’apprêtant à affronter le chemin. Elle n’est pas la seule exaspérée par ce phénomène. Les femmes sont obligées, explique-t-elle, de relever leur boubou, quand elles passent. Ainsi, elles sont nombreuses à faire un long détour pour passer leur chemin.

Ce que confirme Maïmouna, une jeune riveraine. ‘’Nous faisons un détour, parce qu’ils nous versent l’eau. Ils ne se soucient pas des gens qui passent’’. Très désolée de ce calvaire qui indispose la population, elle interpelle la mairie qui, selon elle, ne joue pas son rôle devant cette situation. ‘’Chaque jour, nous vivons ce calvaire, nous voulons que la mairie apporte des solutions à cela. C’est regrettable’’, martèle la jeune Maïmouna, qui est d’avis que cette route n’a plus sa raison d’être, car les laveurs l’ont transformée en garage. Un autre, sous le couvert de l’anonymat, indique que cette situation peut provoquer des accidents.

‘’Les accusés se défendent’’

De l’eau qui ruisselle, des ustensiles, des seaux, des morceaux, des brosses à laver sont éparpillés un peu partout. Impossible de passer sans jeter un regard de dépit sur ces lieux. Ce sont des taxis, bus et voitures particulières qui se garaient sur cette voie de la rue 22 qui mène vers l’hôpital Abass Ndao, pour profiter de quelques minutes de lavage. Au fil du temps, les laveurs de véhicules ont fini par y installer leur loi, voire le désordre.

Lacoste bleu, jean serré, un style afro, ce jeune laveur renseigne qu’il gagne sa vie grâce à ce métier. ‘’Je n’ai pas encore fait huit mois dans ce métier. Je suis originaire de Ngoundiane. J’étais commerçant au village, mais j’ai préféré laisser tomber et venir dans la capitale’’, explique Modou. Il dit quitter la Médina pour venir, chaque matin, à son lieu de travail. Apparemment, les affaires roulent. Il ne se plaint pas dans son nouveau métier qui rapporte 8 000 F Cfa la journée. Les propriétaires de 4x4 déboursent 1 000 F Cfa et les taximen 800 F Cfa. Des fois, les gains peuvent baisser. L’obtention du permis de conduire est facile, dans ce milieu, un fait qui les pousse à venir en masse.

A propos de l’insalubrité, il dit qu’ils n’ont pas le choix. ‘’La mairie est, une fois, venue ici pour nous déguerpir. Nous n’avons pas le choix. Nous n’avons pas où aller. Nous gagnons notre vie honnêtement’’, se défend-il. Ce boulot, confie-t-il, leur permet de s’occuper, en attendant d’avoir mieux. ‘’Si nous avons autre chose, nous allons abandonner ce métier. Nous demandons à la mairie de négocier, au lieu de nous intimider. Nous leur avons dit cela’’, poursuit-il. Son camarade Daouda Sène, élève en classe de terminal l’année prochaine, vit à Ngoundiane. Il profite des vacances scolaires pour se faire de l’argent. ‘’Nous pouvions aller prendre les biens d’autrui, mais nous ne le faisons pas. Nous provoquons de l’insalubrité, mais aussi, il y a la pluie. Les agents de la mairie, pour nous empêcher de faire notre boulot correctement, viennent poser des sabots aux véhicules en stationnement’’, lance-t-il.

L’élève va même jusqu’à rejeter la faute sur les autorités qui, dit-il, n’ont pas pensé à aménager des espaces pour ces cas de figure. ‘’L’environnement est sale et nous devons le préserver. C’est important d’avoir un environnement sain. Chacun doit jouer son rôle, mais nous n’y pouvons rien. Les autorités ne peuvent rien dire, parce que nous lavons, chaque jour, leurs véhicules’’, souligne-t-il. Daouda Sène leur demande de leur trouver un emplacement avec des égouts d’évacuation pour mener à bien leurs activités. Il donne une solution : ‘’Je propose aux autorités de nous demander des cotisations pour que nous trouvions un espace qui sera aménagé.’’

En attendant, ils ont fort à faire avec les agents de la mairie.

Jeu du chat et de la souris avec la mairie

‘’Des fois, des agents viennent la nuit confisquer nos seaux et brosses. Nous sommes obligés, le lendemain, d’acheter d’autres matériels’’, renseigne un laveur. Ce dernier dit avoir abandonné le métier de tôlier pour se joindre à ces jeunes. Modou, un autre élève venu du même village que les autres, se défend. Accusés d’être à l’origine de comportements déplorables, il rétorque ceci : ‘’Nous ne faisons pas exprès d’indisposer les passants. Si nous voyons quelqu’un venir, nous le laissons passer, après nous continuons notre boulot’’, se dédouane-t-il. Le jeune homme peut compter sur ce taximan quinquagénaire qui s’apprête à quitter les lieux. ‘’Nous garons nos véhicules là où ils se sont installés. Les autorités peuvent les aider en leur trouvant des lieux adéquats. Cela va nous arranger, nous aussi’’, dit-il.

Samba, un autre taximan, se met aussi du côté des laveurs. Il attend de faire réparer un pneu au garage mécanique d’à côté. ‘’Nous ne nous garons pas sur la route. Les riverains ne veulent pas de cette eau souvent mélangée avec du détergent. Mais s’il y a la pluie, ils sont obligés de faire avec’’, fulmine le transporteur qui en profite pour porter une autre doléance : ‘’Nous payons, chaque fin du mois, 3 000 F Cfa, alors que nous subissons les sabots partout. Les autorités doivent régler ça d’abord, avant de faire quoi que ce soit. La mairie ne peut rien faire contre ces laveurs, car il n’y a pas d’espaces à Dakar. Ils nous arrangent.’’

Mais Adama Sène, mécanicien, n’est pas de cet avis. Il souligne qu’il y a possibilité d’avoir des espaces pour les laveurs de véhicules. Il constate que cette situation contribue à l’insalubrité du quartier et à l’encombrement de la voie. Son collègue Aliou Faye préfère interpeller la mairie. ‘’Elle a l’obligation de nettoyer les rues. Ce manque de volonté de la municipalité amplifie ce phénomène déjà inquiétant’’, ajoute-t-il.

AIDA DIENE
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