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Art et Culture

Essai sur les ressources minérales Fary Ndao dissèque ‘‘L’or noir du Sénégal’’
Publié le mardi 4 septembre 2018  |  Enquête Plus
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Une œuvre littéraire endogène d’un homme de l’art est sur le marché pour expliquer de quoi retournent les récentes découvertes de pétrole et de gaz.



Le livre aurait bien fait de s’intituler ‘‘Pétrole et gaz pour les nuls’’, suivant la fameuse collection ‘‘Pour les nuls’’ qui propose une explication détaillée et très accessible de nombreux sujets présumés ‘‘difficiles’’. Mais l’ingénieur géologue, Fary Ndao, 30 ans, a choisi le titre : ‘‘L’or noir du Sénégal’’ pour baptiser son premier essai. Le livre a déjà reçu une critique favorable en la personne d’Amadou Tidiane Sy, directeur de l’école de journalisme Ejicom. ‘‘Le lexique est précis et simple. On n’a pas besoin d’être ingénieur géologue pour le lire et le comprendre. C’est très bien structuré et il y a un grand effort pour expliquer le jargon. Maitrise des arcanes de la communication. C’est un bon livre, un très bon livre’’, s’est-il extasié samedi dernier au théâtre national Daniel Sorano où cet essai, sorti en 2018, faisait sa ‘‘rentrée’’ littéraire.

Le livre de 276 pages, sous-titré ‘‘comprendre l’industrie pétrolière et ses enjeux au Sénégal’’, est une aubaine pour le profane qui veut avoir accès aux terminologies, procédures et enjeux de ces ressources minérales présentées le plus souvent comme ésotériques. ‘‘Je ne sais pas ce qu’en pensent les experts et professionnels du secteur, mais pour les autres acteurs qui veulent s’immiscer dans ce débat, ce livre constitue une belle entrée (…) On ne deviendra pas expert en pétrole et gaz, mais on en saura un peu plus’’, détaille le directeur de l’école de journalisme Ejicom, Amadou Tidiane Sy, qui procédait à la critique de l’essai. ‘‘Tous les journalistes gagneraient à lire ce livre, ne serait-ce que pour savoir les bonnes questions à poser’’, ajoute-t-il.

Fary Ndao, un des auteurs de l’ouvrage collectif ‘‘Politisez-vous’’, qui est dans une logique de démocratiser la question, affirme également que ‘‘le pétrole n’est pas un sujet technique’’.

Bien négocier les contrats

Pour les questions de fond, cet essai est une œuvre salutaire, selon le directeur de l’Ejicom. ‘‘Nous avons beaucoup de débats sur les sujets futiles et peu de débats sur les débats sérieux. Ce livre va nous aider à poser les bonnes questions’’, salue-t-il. Le jeune ingénieur estime que la concertation avec toutes les composantes de politiques et de la société civile est nécessaire pour la stabilité du secteur, dans les prochaines décennies. Si le Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Pétrogaz) est une bonne initiative du président Macky Sall, Fary Ndao est d’avis que les décisions pourraient être plus collégiales. En cause, les possibles divergences de l’opposition qui pourraient remettre en cause les décisions actuelles. L’ingénieur appelle à une entente cordiale sur ce point en prenant en compte les points de vue de celle-ci ainsi que de la société civile.

‘‘Les choix politiques doivent être consensuels, car les options qu’on va prendre, c’est pour 30 ans’’, prévient Fary Ndao. Bien négocier les contrats apparaît également très important pour l’auteur. Le Sénégal est en train d’accueillir les majors. Ce qui est le fruit d’un Code pétrolier de 1998 dont les dispositions incitatives avaient manifestement pour but d’attirer les explorateurs à venir sonder le fond marin. La récente découverte de réserves prouvées oblige à un réajustement du Code dont une mouture en est cours de rédaction. Fary insiste sur la nécessité de bien négocier et estime que, malgré quelques errements, l’Etat du Sénégal s’en est bien sorti globalement. ‘‘Il est majoritaire dans les contrats. Si c’est le cas, c’est que les contrats sont bien négociés’’, avance-t-il.

Pour lui, le plus urgent en l’état est la maîtrise des coûts dans la phase d’exploration afin que les revenus soient consistants, une fois les investissements des compagnies pétrolières amortis. La majorité dans les parts ne signifie pas forcément maximisation des revenus. ‘‘Avec 10 milliards dont 7 pour la compagnie qui récupère ses investissements ; il reste 3 milliards. Si on a 60%, ça veut dire qu’on aura 1,8 milliard et la compagnie 1,2. Dans ce cas, vaut mieux avoir 50% de 20 milliards que 60% de 10 milliards’’, analyse Fary Ndao qui suggère à l’Etat des contrôles accrus via l’implication des services douaniers, de l’Ofnac, etc. Malgré ce désir de publicisation des enjeux, Fary Ndao est d’avis qu’il faut se garder de toute polémique qui viendrait parasiter le débat sur les vraies questions. Aussi trouve-t-il que l’agitation autour de la compagnie Petro-Tim ‘‘était nécessaire’’, mais qu’avec d’autres questions mal posées, ‘‘on en était à un niveau de polémique dangereux’’.

Après le pétrole

Autre problématique qui s’inscrit plus dans la perspective, l’après-pétrole est déjà esquissé par l’ingénieur géologue comme un défi politique et écologique à relever. Ces ressources minérales étant non renouvelables, et la demande de l’économie mondiale étant insatiable, l’option presque obligatoire de l’énergie verte devrait aussi profiter des retombées de l’exploitation du pétrole et du gaz. ‘‘Nous devons dès à présent penser à l’après-pétrole. Ma vision est celle d’un Sénégal qui utilise ses ressources naturelles présentes pour les investir dans d’autres types de ressources’’. Une conception qui pourrait se concrétiser avec l’engagement politique qu’il (se) promet pour bientôt.

OUSMANE LAYE DIOP
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