L’affaire Madinatoul Salam sera en procès le 15 octobre 2018. Tous les accusés vont comparaître devant la Chambre criminelle (ex-Cour d’assises) de Mbour, pour répondre du double meurtre de Bara Sow et d’Ababacar Diagne survenu le 22 avril 2012, à Keur Samba Laobé. Il s’agit notamment des 16 Cantakuun détenus à la Maison d’arrêt et de correction de Thiès et ceux qui sont en liberté provisoire, selon une source proche du dossier. Ces disciples du guide religieux Cheikh Béthio Thioune seront jugés pour «homicide volontaire avec actes de barbarie, recel de cadavres, non dénonciation de crimes, association de malfaiteurs, détention d’armes à feu sans autorisation administrative, infraction aux lois sur les inhumations». Des délits et des crimes qui peuvent leur valoir la perpétuité (prison à vie), s’ils sont déclarés coupables. Le Cheikh, pour sa part, le sera pour complicité d’homicide. Sa responsabilité dans les faits incriminés a été amoindrie par l’enquête judiciaire qui a démontré qu’il n’a pas été commanditaire de l’homicide et que le sang trouvé dans son véhicule émanait d’un animal et non d’une personne humaine. De même que la reconstitution des faits…
L’appel pressant des Cantakuun envers les autorités semblent avoir porté ses fruits. Plusieurs mouvements d’humeur ont été observés dont la récente grève de la faim qui s’est soldée par l’évacuation de certains d’entre eux et la tentative d’immolation d’un détenu. Pensionnaires de la seconde prison la plus peuplée du Sénégal après Rebeuss, ils protestaient contre la longue détention provisoire. Cela fait six ans qu’ils se trouvent derrière les barreaux sans l’ombre d’un procès pourtant promis depuis décembre 2013 par l’ancien ministre de la Justice, Sidiki Kaba. Dans une correspondance en date du samedi 30 juin dernier, adressée au procureur de la République du Tribunal de grande instance (Tgi) de Mbour, le collectif des détenus grévistes de la Mac de Thiès écrivait : «Nous sollicitons la tenue de notre procès. En effet, nous souhaitons que la lumière jaillisse sur nos dossiers et que justice soit rendue à qui de droit. Car on ne saurait résoudre une prévention par une autre. Une longue détention préventive ne peut et ne saurait se résoudre que par un procès juste et équitable. Avec tout le respect que nous vous devons, Monsieur le procureur de la République, nous disons niet à des libertés provisoires et réclamons un procès, sans quoi la mort de citoyens pèsera sur votre conscience».
Au lendemain de cette grogne qui avait fini par entraîner tous leurs codétenus du même pénitencier, le nouveau patron de la Chancellerie, Ismaïla Madior Fall, de donner l’assurance que le Tribunal de grande instance (Tgi) de Mbour nouvellement installé allait connaître de cette affaire, même si aucune date n’était jusque-là avancée. Ce qui est désormais chose faite.