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Le parrainage dans tous ses états un ‘’mal’’ nécessaire
Publié le dimanche 26 aout 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall
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A six mois de l’élection présidentielle, c’est déjà la foire des marchands d’illusions. Presque 40 personnes, aux trajectoires parfois des plus douteuses, prennent d’assaut les médias et autres réseaux sociaux pour vendre tantôt des chimères, souvent leur propre personne. Justifiant, par la même occasion, de la nécessité d’un filtrage des candidatures pour les compétitions électorales à venir, ils donnent ainsi raison aux défenseurs invétérés de la dernière réforme constitutionnelle du président Macky Sall.


Le ministre de la Justice ne pensait peut-être pas si bien dire, le 30 mai 2018. Dans une interview avec ‘’EnQuête’’, au cœur de la contestation de la loi sur le parrainage, il affirmait : ‘’Avec le parrainage, il n’y aura, en principe, que des candidats d’envergure. L’esprit et l’objectif de cette loi, c’est le filtrage populaire des candidatures. Je crois que c’est fini les petits candidats qui coûtaient cher au contribuable et qui ne franchissaient même pas la barre des 1 %.’’

Plus tard, Ismaïla Madior Fall, au cours d’un meeting politique à Rufisque, est revenu sur le coût de chaque candidat à la présidentielle. Selon ses chiffres, chaque personne qui se présente à ce scrutin majeur coûte à l’Etat 350 millions de francs Cfa. Suffisant pour que certains Sénégalais voient en cette loi une initiative salvatrice, qui va, à coup sûr, mettre un terme à la pagaille présidentielle, avec des candidats fantoches dont le seul but était parfois de voir leurs noms griffonnés dans des coupures de journaux. C’est du moins la conviction de certains observateurs. Le Monsieur Constitution du président Sall analyse : ‘’Cette loi va contraindre les forces politiques au resserrement, au regroupement, à l’émergence de grandes coalitions qui, à terme, seront les grands partis politiques qui naîtront progressivement sur les cendres de la myriade de petits partis actuels.’’

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il y a, ne serait-ce qu’une infime partie de vérité dans ce que dit le Garde des Sceaux. Avec le parrainage, certains amuseurs de la galerie vont forcément disparaitre de la circulation électorale. Même s’il est foncièrement contre la réforme d’Ismaïla Madior Fall, Ndiogou Sarr, Professeur de Droit public à l’Ucad, reconnait : ‘’Certains des candidats n’ont aucune représentativité, aucune légitimité. Je vois mal comment ils pourront avoir le nombre de signatures requis pour pouvoir aller à cette élection.’’

Ainsi, pour 2019, il y a de fortes chances de ne pas revivre le spectacle de 2012, avec des candidats insolites qui avaient toutes les peines du monde d’atteindre ne serait-ce que 1 % des suffrages exprimés.

En effet, à l’époque, seuls cinq candidats, sur un total de 14, avaient franchi le seuil des 5 %. Il s’agit d’Abdoulaye Wade (34,81 %), Macky Sall (26,58 %), Moustapha Niasse (13,20 %), Ousmane Tanor Dieng (11,30 %) et, enfin, Idrissa Seck (07,86 %). Loin derrière eux, arrivaient le 6e Cheikh Bamba Dièye qui n’avait pu glaner que 52 196 voix, soit 1,93 % et le 7e Ibrahima Fall, avec 48 972 voix, soit 1,81 % des suffrages. C’est-à-dire que s’il y avait parrainage à l’époque, ces derniers auraient eu du mal à participer à la course. Les autres, n’en parlons même pas. Partout à travers le territoire national, les zéros par eux récoltés ont fait marrer plus d’un. Faisant par la même occasion les choux gras de certains humoristes. A l’arrivée, ils n’ont même pas pu atteindre la barre des 1 %.

Mais comme le ridicule ne tue point sous nos cieux, à chaque scrutin ses zombis. Pour 2019, plusieurs se sont signalés. Heureusement, diront certains, avec le parrainage, rien ne sera plus comme avant. ‘’Certains sont dans l’obligation d’y aller ensemble, ne serait-ce que pour satisfaire cette conditionnalité qui est une nouveauté dans notre loi électorale’’, préconise Ndiogou Sarr foncièrement contre le parrainage des partis politiques. Pour lui, la vocation naturelle d’un parti politique, c’est de se présenter aux élections. Autant donc le parrainage des indépendants est compréhensible, autant celui des partis est incompréhensible, à ses yeux.

Mais le vin étant déjà tiré, il faut le boire. Le parrainage est acté. Tout candidat devra s’y conformer. Pour nombre d’observateurs, les alliances deviennent, dès lors, incontournables pour les petites formations qui veulent avoir droit au chapitre en 2019.

MOR AMAR
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