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Tabaski : les Sénégalais s’indignent de la cherté du marché
Publié le mardi 21 aout 2018  |  Agence de Presse Africaine
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© aDakar.com par SB
Le ministre du Commerce à Notto Gouy Diobass
Noto, le 12 juin 2018 - Le ministre du Commerce s`est rendu à Notto Gouy Diobass pour s`enquérir de l`évolution de la commercialisation de la pomme de terre. Le ministre était accompagné par ses services techniques.
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La majorité des musulmans du Sénégal s’apprêtent à célébrer, mercredi 22 août 2018, la fête de l’Eïd El Kébir, mais les prix « déraisonnables » des principales denrées, comme la pomme de terre et l’oignon risquent d'impacter la ferveur des fidèles qui s'indignent de cette situation, a constaté APA dans certains marchés de Dakar.

Au marché Tillène, dans la populeuse commune de Médina, non loin du centre-ville, un monde fou, composé en majorité de femmes, nous accueille en cet après-midi de lundi ensoleillé. Beaucoup parmi ces clientes sont venues faire leurs derniers approvisionnements pour la Tabaski.

Mais, la pomme de terre et l’oignon, deux produits indispensables aux mets, ont connu une hausse de 200 FCFA sur le kilogramme. Une situation que déplore Ndèye Ndiaye, une mère de famille sexagénaire.

« Les prix ne sont pas raisonnables. Le kilogramme de pomme de terre qui coûtait 400 FCFA s’échange aujourd’hui à 600 F et celui de l’oignon se vend à 400 voire 500 F CFA alors qu’il s’échangeait à 300 F », lance la vieille dame, l’air dépité.

Pas au bout de ses peines, Mme Ndiaye ajoute que « tout est cher ici », de même que pour les produits secondaires.

A ses côtés, sa petite sœur, Khady Ndiaye, teint noir, déplore, pour sa part, la mauvaise qualité de certains légumes mis en vente. « Tout est pourri », tranche-t-elle sans aucune forme de procès, avant de menacer, sur un ton humoristique, de se rendre dans les supermarchés français Auchan (fortement contestés par les commerçants locaux pour leur « concurrence déloyale ») parce que « là-bas au moins, on y trouve des produits sains ».

Un peu plus loin, Demba Thiam, 70 ans révolus, abonde dans le même sens que ses prédécesseurs. Il affirme que « le sac de 25 kg de pomme de terre coûtait entre 7 et 8000 F CFA il y a quelques jours et aujourd’hui, il est à 12.500 F CFA voire même 13.000 F, ce (qui) n’est pas normal », rouspète-t-il d’une voix saccadée.

Cependant, cette augmentation des prix des denrées est simplement due au contexte des préparatifs de la fête, souligne dans un air franc le jeune boutiquier Mamadou Diallo, sis au quartier Médina. Venu acheter divers produits, dont des sacs de pomme de terre et d’oignon, chez un grossiste, il note que la situation actuelle du marché est tout à fait normale, parce que « la demande est supérieure à l’offre ».

Trop occupés, pour leur part, à écouler leurs produits et à faire des bénéfices face aux clients qui continuent d’assaillir leurs magasins, certains grossistes rencontrés semblent se complaire à la situation actuelle, en ne préférant pas répondre aux préoccupations des journalistes venus s’enquérir du fait.

Mais quand les denrées comme l’oignon ou la pomme de terre sont tellement prisées, ce n’est pas encore le cas pour certains matériels destinés à la grillade de la viande des moutons, notamment les fours et les fourneaux. Installés le long de la Voie de dégagement nord (VDN), certains vendeurs et soudeurs de ces outils servant à la préparation des barbecues se plaignent en effet de la faible affluence de la clientèle.

« Les années précédentes étaient beaucoup meilleures », laisse entendre Mame Ngor Mbaye, la trentaine révolue. Cigarette à la main et laissant pendre ses dreadlocks, le bonhomme soutient ne vendre qu’un four par jour, même s’il ne perd pas pour autant l’espoir de voir les choses s’améliorer très prochainement.

« Au fur et à mesure que l’on s’approche de la fête, on en vendra plus incha Allah », dit-il, confiant.

En dépit de ces plaintes, Mame Goor Mbaye et ses camarades sont quand-même parvenus à écouler quatre fourneaux en notre présence, et dont l’un a été vendue à Marième Fall.

Confortablement assise dans sa voiture, l’enseignante-chercheure à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar constate que « les prix n’ont pas beaucoup changé ». Il y a cinq ans de cela en effet, elle avait payé pour 20.000 FCFA un four identique, avec une différence de plus de 5000 FCFA aujourd’hui, se rappelle-t-elle tout en sourire.

Toutefois, pour Mme Guèye, une autre cliente, les fourneaux sont devenus « trop chers » car vendus actuellement à 15.000 FCFA, alors qu’ils coutaient 8000 F CFA il y a trois ans.

Une position que partage Mamadou Ndoye pour qui, il n’est pas question de dépasser 12.000 F pour les fourneaux et 3000 F pour les grillages. « C’est à cause de la fête qu’ils augmentent les prix sinon, on peut en trouver à des prix bien plus abordables. Mais après la fête, tu ne vas plus les retrouver ici, c’est pourquoi j’en ai acheté deux, l’autre étant réservé pour le Magal (fête annuelle de la communauté mouride) », explique le jeune disciple mouride.

Pour justifier les prix fixés, les soudeurs brandissent, pour leur part, la cherté du matériel de fabrication mais aussi et surtout la location à 15.000 F CFA du lieu d’exposition à la municipalité de Baobab.

Ainsi, beaucoup de pères et mères de famille ne vont pas au bout de leur sommeil à cause de la cherté de ces produits et matériels ‘’indispensables’’ pour fêter une bonne Tabaski à la sénégalaise… cela sans compter les moutons dont les prix sont encore plus ‘’insupportables’’.
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