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Me Moussa Diop (directeur général de Dakar Dem Dikk): ‘’Il n’y a pas d’immunité qui tienne parce qu’on est homme politique’’
Publié le mercredi 8 aout 2018  |  Enquête Plus
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Politique doublé d’un avocat, Me Moussa Diop fustige la démarche des conseils de Khalifa Sall qui rechignent, selon lui, à aller au fond du dossier de la caisse d’avance. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, le leader d’Alternative générationnelle Jotna soutient qu’il n’y a pas d’immunité qui tienne sous le seul prétexte qu’on est un homme politique. Entretien.

Le dossier Khalifa Sall continue de susciter la controverse et l’indignation de ses conseils. Ces derniers ont d’ailleurs boudé le prétoire. Quelle appréciation faites-vous des derniers développements de cette affaire ?

Je suis juriste, homme politique, sans être politicien, et citoyen qui a sa liberté d’expression. En 2012, tout le monde était pour la reddition des comptes. En 2002, l’ancien maire, Pape Diop, avait écrit au ministre du Budget pour lui demander son avis sur l’utilisation de la caisse d’avance, ‘’argent public’’. Le ministre de l’époque lui avait dit qu’un sou enlevé de la caisse d’avance devrait être justifié, pas de dépenses discrétionnaires ou obscures. Malgré cette réponse, Pape Diop avait continué à faire ce qu’il voulait. Le gouvernement de l’époque ne l’avait pas poursuivi à travers le parquet.

Cela ne signifie pas qu’il n’est pas fautif. C’est vrai que les faits qu’il a commis sont prescrits. On ne peut pas le poursuivre, aujourd’hui. Avant lui, il y a eu Mamadou Diop. Mais quand il s’agit de quelqu’un qui a des ambitions présidentielles comme le maire Khalifa Sall que je respecte beaucoup, quand vous avez la possibilité de sortir un million par jour, soit 30 millions par mois à partir de pièces justificatives, est-il normal de faire toute une machination de commandes fictives de denrées et d’autres qui n’ont jamais été livrées au sein de Gie comme Tabar, à l’insu du gérant ? Il est tout à fait normal qu’il rende compte. Il n’y a pas d’immunité parce que vous êtes seulement un homme politique.

La justice sénégalaise, qui est indépendante, s’est prononcée. Le parquet dépend de l’Exécutif. Malgré cela, le juge d’instruction, juge indépendant, inamovible, s’en est saisi du dossier, l’a mis en examen. Ils ont fait appel devant la chambre d’accusation qui a confirmé de manière collégiale. Ils sont partis à la Cour suprême, tout a été clair. Je pense que toutes les instances sénégalaises se sont prononcées. On ne peut pas, dans ce cas, dire que tout le monde est mauvais ou tout le monde se trompe toujours. Ils sont alors partis à la Cedeao qui, dans sa décision du 29 juin 2018, n’a jamais dit de libérer Khalifa Sall.

Le Ps a pris la décision, au sortir de son Bp de la semaine dernière, de porter la candidature du président Macky Sall à la prochaine élection présidentielle. Comment appréciez-vous cette démarche ?

C’est une démarche responsable. A travers cette décision, cette formation politique a montré que l’intérêt du pays prime sur tout. Sinon, comment comprendre qu’une formation politique, fût-il le Ps, qui a cheminé avec le parti au pouvoir et Bby de 2012 à 2018, et donc comptable du bilan avec ses ministres, puisse se présenter en 2019 contre le président sortant ? Ç’aurait été une chose qu’on n’aurait pas pu comprendre, si le Ps avait décidé de présenter un candidat issu de ses rangs. Là, nous sommes dans le cadre de la logique.

Comment comprenez-vous qu’un parti aussi historique que le Ps s’abstienne de présenter un candidat issu de ses rangs pour en soutenir un autre ?

Le temps du passé est le temps du passé. Il faut savoir évoluer. Le Ps est effectivement une grande formation politique historique, mais je ne suis pas nostalgique de Senghor ou de Diouf. Je suis futuriste. J’ai des ambitions dans ce pays pour que les choses avancent. Il ne faut pas regarder toujours dans le rétroviseur. C’est pourquoi on a la chance d’avoir un président né après les indépendances. On ne souhaite pas retourner en arrière. Le Ps a pris, pour moi, une décision conséquente, responsable et logique par rapport à son compagnonnage avec le président Macky Sall. Il faut le saluer dans l’intérêt des Sénégalais. On n’a pas besoin de 47 listes de candidats qui ne peuvent même pas avoir 2 % ou qui se trouvent dans les plus forts restes.

Vous avez récemment effectué une tournée dans le nord du pays. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à la situation politique de la localité, à sept mois des prochaines élections ?

C’est une tournée qui a été organisée par des Podorois en mon nom, pour rendre hommage au président Macky Sall. On rend hommage à des personnes qui ont fait quelque chose de positif. Depuis le 23 juillet 2014, le président de la République m’a fait confiance en me confiant le transport public dans la capitale d’abord, avec Dakar Dem Dikk qui est devenu Sénégal Dem Dikk que nous sommes en train d’étendre dans toutes les zones. Il était normal que ma base et, au-delà, la population de Podor, rendent hommage au président de la République qui ne les a pas oubliés.

On note de plus en plus de tiraillements entre les différents responsables locaux de la mouvance présidentielle dans le Nord. Cela ne risque-t-il pas d’être un handicap pour vous ?

Après les législatives, c’est vrai qu’il y a eu des tiraillements dans le département. Ce que je condamne. Parce que quand l’intérêt du pays est en jeu, je tais mes ambitions personnelles. Je considère que 2019, c’est le temps du président Macky Sall qui a besoin d’un second mandat et non personne d’autre. Nous devons tous nous ranger derrière lui en taisant nos différends et en ne regardant que l’intérêt du pays. Nous n’avons pas d’adversaire en termes de bilan. Il faut le dire. Personne n’ose attaquer le président Macky Sall sur son bilan. Le débat se situe ailleurs comme ce qui se passe actuellement, des gens qui se lèvent pour insulter les institutions et qui créent le buzz. Et pourtant, quand ils vont aux élections, ils ne représentent pas, eux tous réunis, 38 % de l’électorat. Ils sont battus à chaque fois qu’il y a des élections.

Quelle appréciation faites-vous du compagnonnage au sein de Bby ?

C’est la première fois, dans l’histoire du Sénégal, qu’un président de la République qui est élu à partir de son programme ‘’Yoonu Yokute’’, devenu plus tard le Plan Sénégal émergent (Pse), réussit la prouesse de maintenir dynamique une aussi grande coalition que Bby. Pour gouverner ce pays, il a fait appel à tous les fils du pays pour travailler ensemble. Bby est le Sénégal réuni. Ce n’est pas une ou deux personnes seulement qui vont faire ce pays. C’est la vision du chef de l’Etat qui a impliqué toutes les franges et les couches de la société dans sa gestion. Ce que nous avons toujours salué. Aujourd’hui, cette coalition est une véritable machine de guerre politique, économique et sociale. Je ne dis pas que le pays va très bien ou tout est rose, mais il va beaucoup mieux. Nous avons hérité d’un pays presque en faillite. Je cite textuellement l’ancien président Abdoulaye Wade qui, juste avant les élections de 2012, avait dit qu’il y aurait faillite dans ce pays, s’il n’était pas réélu pour un troisième mandat qui était anticonstitutionnel. Mais nous sommes passés d’un taux de croissance de 1,7 % à 7 %. Dans tous les domaines, nous notons des avancées, que ce soit dans l’agriculture, l’élevage, la santé, l’énergie, etc.

Mais nous n’avons pas d’eau depuis un bon moment…

Nous n’avons pas d’eau parce que tout simplement depuis 1960, nos ainés n’ont pas travaillé. Il faut le dire. Dakar est une ville qui n’avait même pas 1 million d’habitants en un moment donné et qui se retrouve, du jour au lendemain, avec 4 millions de populations. Elle est devenue une agglomération où se concentre la quasi-totalité des populations qui vivent de l’exode rural. C’est normal qu’il y ait des pénuries d’eau. Etant donné que ce problème n’avait pas été solutionné avant, aujourd’hui, le président Macky Sall est en train de trouver des solutions pas conjoncturelles, mais structurelles avec la réalisation de l’usine de Kms3. Les tuyaux devant conduire l’eau dans la capitale ne correspondent plus aux besoins actuels. C’est pour cela qu’ils sont en train d’être changés.

Le gouvernement a injecté plus de 300 milliards pour régler la question de l’eau. Maintenant, pendant qu’on travaille à régler la situation, c’est sûr qu’il y aura des désagréments. Mais lorsque ce sera réglé, il n’y aura plus de pénurie d’eau dans ce pays. Elle va être réglée comme on a solutionné les coupures d’électricité. A l’époque, on ne pouvait pas rester une journée sans qu’il n’y ait 17 heures de coupure d’électricité, malgré le déploiement du Plan Takkal. Aujourd’hui, s’il y a coupure, c’est seulement quelques minutes pour que ça se rétablisse. En plus de cela, le prix de l’électricité a été revu à la baisse. C’est ça le développement. C’est d’ailleurs pourquoi l’opposition ne nous affronte jamais sur le bilan.

Quelle est, aujourd’hui, la situation au sein de Dakar Dem Dikk (Ddd) qui a pendant longtemps enregistré un déficit ?

La société était au bord de la faillite. Les salaires n’étaient pas payés. Les dettes sociales, commerciales et fiscales étaient exponentielles. La paix sociale était menacée. J’ai l’habitude de dire qu’au championnat annuel de grèves au Sénégal, c’est Ddd qui avait toujours la médaille d’or. Il ne se passait pas deux ou trois jours sans qu’ils aient arrêté le trafic et pénalisé les usagers. Tout ceci est derrière nous aujourd’hui, après quatre ans de gestion. Je salue toute l’équipe qui a pu mettre fin à cette tension sociale. Aujourd’hui, je ne dis pas que tout est rose, mais ça va beaucoup mieux avec l’appui du gouvernement dans tous les domaines. Tout le monde se parle et se concerte. Le réseau est quasiment régulier, même si nous avons encore besoin de bus. Mon souhait, c’est d’avoir toutes les 20 minutes un bus qui passe sur une ligne. Nous avons l’extension du réseau vers la haute banlieue. Ça s’appelle la démocratisation du transport. La banlieue fait partie de la capitale. Nous avons également étendu 7 lignes et il nous en reste 6 à créer. Mais nous ne nous sommes pas limités à cela. Dans la vision du chef de l’Etat, le Sénégal ne se limite pas à Dakar. Il fallait donc démocratiser le transport. D’où le lancement du projet ambitieux mais risqué face aux comportements des Sénégalais, de Sénégal Dem Dikk le 1er février 2017. Aujourd’hui, c’est un succès retentissant d’avoir des bus qui partent à l’heure. Ce qui n’était pas dans la culture des Sénégalais.

Ensuite, il s’est posé la question de l’ouverture de l’Aibd. C’est vrai que nous avions le Ter en maquette, j’entendais même le son, mais avec l’ouverture de cette infrastructure, s’est posée la question des liaisons entre l’aéroport et Dakar. Pour cela, le chef de l’Etat a fait appel à Ddd. Nous nous sommes levés rapidement avec nos équipes pour faire disparaitre les inquiétudes. Aujourd’hui, l’Aibd Dem Dikk, qui n’est qu’une unité de gestion qui se trouve dans Ddd, assure la liaison entre l’Aibd et Dakar, et bientôt entre l’aéroport et Thiès, Aibd – Mbour, 24 heures/24. Toutes les 30 minutes que vous arrivez, vous avez un bus qui part, qu’il soit plein ou pas. D’ici décembre, il y a 450 nouveaux bus qui vont arriver, qui seront éparpillés entre nous et le privé, pour soulager les usagers. Certes, il y a des zones qui réclament des bus, mais toutes les capitales régionales sont servies.

A côté de Sénégal Dem Dikk, vous voulez lancer Afrique Dem Dikk. Pensez-vous que ce soit chose facile ?

C’est ce que le président a également émis dans sa vision de vouloir créer un transport panafricain entre le Sénégal et la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali. Cela ne doit pas poser de problème particulier, parce que l’expérience de Ddd à travers la Sotrac, je ne parle même pas de la Régie de transport du Sénégal, nous permet de le faire. Tout le monde avait pensé que Sénégal Dem Dikk ne marcherait pas parce que les Sénégalais ne sont pas ponctuels. Mais, aujourd’hui, ce sont les usagers qui attendent le bus, sachant qu’à l’heure pile, il va quitter, qu’il soit plein ou pas. Si le bus part à 7 h, à moins 5 minutes, il faut voir ce que font les usagers dans les points de départ. C’est comme dans un avion, ce n’est plus l’avion qui attend les gens, mais les gens qui attendent l’avion. L’Afrique Dem Dikk est un projet ambitieux et nous ferons tout pour relever ce défi. Nous avons déjà mis une équipe pour lancer les études dans les zones d’étapes avec les hôtels en place pour permettre aux personnes de voyager en total confort.
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