Inspiré par une déclaration de l’honorable député Farba Ngom, faite en marge de la cérémonie d'inauguration de la brigade de la gendarmerie des Agnams, lors qu’il disait : « peu importe les déclarations d’intention, c’est le peuple qui décide désormais, par le biais du parrainage, de celui qui sera candidat à la prochaine présidentielle…».
En effet, à l’heure où nous sommes, nul ne peut prédire qui sera candidat à la présidentielle de 2019, dans la mesure où il faudrait d’abord franchir le cap du parrainage pour se prévaloir d’une probable candidature à la prochaine course vers le fauteuil présidentiel. Pour dire qu’il n y a pour le moment, que des candidats à la candidature présidentielle. Au vu du manque d‘envergure nationale de la plupart des prétendants, il y a à craindre que beaucoup d’entre eux ne franchissent le premier obstacle vers le sommet, à savoir, réunir 0,8 % des inscrits sur le registre électoral, dont 2000 signatures (valides) recueillies dans au moins, 7 des 14 régions que compte le pays.
La réflexion du député-maire des Agnams est à prendre au sérieux. Le Sénégal vient de faire un grand pas en avant en décidant de barrer la route aux futurs candidats fantaisistes, à la présidentielle de 2019, non pas par un filtre financier, en augmentant la caution, déjà trop élevée (65 millions de francs en 2012), mais en élargissant le parrainage citoyen et populaire à tous les candidats, qu’ils viennent des partis politiques, des coalitions de partis ou qu’ils soient de simples candidats indépendants. Il s’agit là d’un saut démocratique évident qui ne plaira pas aux apprentis sorciers, habitués à se jouer de la conscience du peuple.
Il y a plusieurs sortes de parrainages pratiqués par les grandes démocraties à travers le monde. En France, c’est le parrainage des élus qui y est en vigueur. Autrement dit, pour pouvoir parrainer un candidat, il faut d’abord être un élu (Député, conseiller municipal, sénateur, etc.). Un tel système, pénaliserait lourdement l’opposition et les candidats indépendants, dans un pays comme le Sénégal. L’autre forme de parrainage, pratiquée par le Portugal, la Finlande, la Pologne, etc., est le parrainage citoyen populaire. Dans ce dernier cas, n’importe quel citoyen électeur (pour le cas du Sénégal), est habilité à octroyer sa signature à un prétendant à l’élection présidentielle. Il est évident, qu’on ne peut signer à la fois, pour plus d’un candidat. Cette option a un double avantage :
Primo, il démocratise l’accès à la candidature, en généralisant la mesure au niveau de tous les prétendants, indépendants comme ceux issus des partis politiques ou coalitions de partis.
Secundo, il remet le pouvoir de décider des candidatures au seul peuple souverain. Chaque prétendant à la candidature devra désormais être cautionné par un certain nombre de citoyens (0,8% des électeurs valablement inscrits), géographiquement répartis dans différentes régions du pays (2000 signatures dans, au moins, 7 régions différentes). Cela signifie, en clair, qu’à l’heure actuelle, il n’y a pas encore de candidats à la présidentielle de 2019, mais de simples candidats à la candidature. Ce n’est qu’après validation des signatures, que l’on saura qui sera réellement candidat et qui ne le sera pas. Cette nouvelle donne nous interpelle à la fois politiciens et journalistes, si prompts à accorder le qualificatif de « candidat » à n’importe quel quidam qui exprime son intention de solliciter la caution des parrains. Comme on peut l’imaginer déjà, beaucoup de prétendants risquent d’être éliminés avant le début de la compétition électorale, par la redoutable sanction du parrainage.
Si je pouvais me permettre de donner un conseil aux prétendants à la candidature, je leur dirai d’organiser plutôt des marches et des meetings, pour demander aux citoyens d’être généreux avec leurs signatures, d’autant que le temps presse, car seuls 7 mois nous séparent du 24 février 2017.