« Le collectif des avocats en concertation avec Khalifa Ababacar SALL, a pris la décision de quitter le prétoire pour marquer sa désapprobation absolue ». C’est donc depuis leurs domiciles ou leurs bureaux que les avocats de Khalifa SALL entendent suivre le reste du procès en appel du maire de Dakar et de ses co-accusés. Dans une déclaration, datée du 24 juillet 2018, Me Clédor Ciré LY et ses collègues expliquent pourquoi ils ont boudé ce mercredi matin le palais de justice de Dakar.
« La Cour d’appel de Dakar n’accepte pas d’appliquer cette décision (arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO) de justice définitive et d’en tirer les conséquences de droit, notamment de faire cesser la détention arbitraire intolérable et inadmissible dans un état de droit. La Cour d’appel de Dakar n’a pas non plus accepté d’annuler la procédure et le jugement et ce en dépit de la présentation des nullités du jugement de condamnation de M. Khalifa Ababacar SALL caractérisant la violation des droits de la défense tel que prévu par le code de procédure pénale sénégalais », déclarent les avocats de Khalifa SALL.
Selon les robes noires, la juridiction présidée par le juge KANDJI « a achevé de démontrer que le présent procès ne sera plus jamais qu’une justice expéditive pour rendre inéligible (leur) client M. Khalifa Ababacar SALL à l’élection présidentielle de février 2019 ». Et, indiquent-elles, pour ne pas être complices de cette forfaiture, elles décident de ne plus revenir au procès.
En d’autres termes, en dépit de tout ce qu’ils dénoncent, les avocats du maire de Dakar décident de tourner le dos non pas à la Cour mais à leur client. Parce qu’en vérité, il est question de cela. Si Khalifa SALL est un « otage », comme ils le soutiennent, aucun détenu n’a besoin de soutien plus que lui. Et pour quelqu’un dont les partisans ont, depuis le début, opté pour une opposition républicaine, le prétoire que les avocats de la défense ont déserté, était le lieu le plus indiqué. A moins que, comme le suggère Me El hadji Amadou SALL, les hostilités ne soient transférées du tribunal aux rues de Dakar. « Il reste au peuple de reprendre et exercer tous les pouvoirs qu’il a délégués », a déclaré, sur son compte twitter, l’ancien ministre de la Justice et non moins membre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS).
Et à ce propos, même s’il est question de changer de stratégie en se radicalisant, les avocats de Khalifa SALL ne devraient pas boycotter un procès en appel qui se tient en leur requête. Pourtant, ce n’est pas cette seule posture qui intrigue. La ligne défense qu’ils ont choisie pour tirer d’affaire Khalifa SALL est tout aussi énigmatique. En effet, demander au juge de libérer leur client sur la base d’une décision d’une autre juridiction, fut-elle supranationale, est tout de même surréaliste. Toutes leurs énergies, les avocats de Khalifa SALL l’ont pourtant focalisée sur cette demande. Alors qu’ils pouvaient pousser le juge à passer là où les magistrats de la CEDEAO sont passés pour faire les mêmes constats, établir les mêmes faits et à parvenir forcément à la même décision.
Avant le procès, en première instance, un autre boycott a attiré l’attention. En effet, à la veille de l’ouverture du procès, se disant mécontents parce que Me DIOUF a été interdit d’accès à la Mac de Rebeuss, les avocats de Khalifa SALL avaient évité le dernier face-à-face avec leur client. Se solidarisant avec Me DIOUF et non pas avec Khalifa SALL, ils boudèrent le face-à-face qui était censé leur permettre d’harmoniser avec leur client.
Des manquements parmi tant d’autres qui avaient poussé Me Baboucar CISSE à dire que les avocats du maire de Dakar ont appris le droit en Chine. Cela aurait été heureux pour Khalifa SALL si ce n’était qu’une erreur d’appréciation…