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Négligence de la santé oculaire au Sénégal : il y a près de 165 000 aveugles
Publié le mardi 24 juillet 2018  |  Enquête Plus
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Le Sénégal compte 550 000 malvoyants et près de 165 000 aveugles. Et pourtant, les 75% de ces cécités sont évitables, selon les praticiens. Le mal est à chercher dans le financement.

Avec une prévalence de 1,42%, la cécité et les déficiences visuelles sont des problèmes majeurs de santé publique. Au Sénégal, il y a près de 165 000 aveugles et 550 000 malvoyants. Malgré ces chiffres préoccupants, peu d’efforts sont consentis pour ce secteur, à cause de la non-reconnaissance du problème à tous les niveaux. Les chiffres sont de l’ophtalmologiste, Dr Boubacar Sarr, au cours d’un plaidoyer pour le financement de la santé oculaire à l’intention des parlementaires et des membres du Haut conseil des collectivités territoriales.

Dr Sarr regrette que les décideurs ne prennent pas la pleine mesure du problème pour mettre suffisamment de ressources (matérielle, humaine et financière) pour une bonne prise en charge des maladies cécitantes. Du côté de la population, le diagnostic tardif pose problème. ‘’Nous faisons 13 000 interventions de cataracte par an, avec 24 000 nouveaux cas dans l’année, 35 à 50 000 aveugles de cataracte. Pour le trachome, nous sommes à 25 000 aveugles et 91 000 trichiasis. C’est beaucoup de défis à relever et nous n’avons que 68 centres de soins. Le travail est énorme’’, se plaint-il.

Selon lui, plus de 75% des cécités sont évitables. Ce qu’il faut, c’est offrir des moyens de soigner, mais le travail de prévention doit être fait en amont. Parce que quand un individu est atteint de trachome, le processus morbide vers la cécité est irréversible. La prévention, soutient-il, consiste à donner des médicaments et qu’il y ait des structures de soins. ‘’Quand vous n’offrez rien aux populations, c’est un peu difficile. Les moyens sont très rudimentaires. Tous les résultats obtenus en matière de santé oculaire, nous les devons aux partenaires. Les investissements publics sont rares. Parfois, ça nous met dans des positions de faiblesse. Nous devons pousser l’Etat à mettre beaucoup de moyens, parce que c’est possible’’, plaide Dr Sarr. Pour lui, il faut juste de la volonté politique avec des services de soins oculaires complets. ‘’Il faut également intégrer la santé oculaire dans les systèmes de santé en garantissant l’accès aux pauvres et la gratuité aux plus pauvres’’ a-t-il recommandé.

Trouver des financements innovants

Pour docteur Astou Sarr, il faut dépasser le financement classique et rechercher des types dits très innovants. ‘’Nous sommes en période de raréfaction des ressources. L’incidence de la prévalence de la cécité nécessite que les pouvoirs publics apportent l’intérêt à cette problématique qui touche nos pays. Quand une personne devient aveugle, c’est une kyrielle de conséquences économiques. Un enfant qui doit aller à l’école n’y parvient pas, parce qu’il devient guide pour son père ou sa mère’’, fait-elle remarquer. A l’en croire, quand une personne devient aveugle, c’est une perte de la productivité. C’est autant de conséquences qui impactent le développement du pays. C’est pourquoi, souligne-t-elle, le problème de financement se pose avec acuité. ‘’Il faut que l’on puisse corréler les ressources allouées à la santé oculaire aux problèmes de santé identifiés’’.

De son côté, docteur Fatou Badiane soutient qu’il n’y a pas de ligne budgétaire visible pour le programme de lutte contre la santé oculaire. En fait, tout est inclus dans la division de la lutte contre la maladie. ‘’Le programme est confronté à un problème de ressources. Il faut que ce financement soit réglé.’’

V. DIATTA
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