Politique
Arrêt Cedeao : Et tout le monde devient juriste !
Publié le lundi 16 juillet 2018 | Rewmi

© aDakar.com par DF
Les maires des villes de Dakar et Montréal signent une convention Dakar, le 11 Octobre 2015 - La ville de Dakar et la ville de Montréal signent une convention. Cet accord de partenariat vise à bâtir des relations étroites, à poursuivre des objectifs de croissance et développement mutuels. Photo: Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar |
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C’est effarant, le nombre de commentaires suscités, au Sénégal, par la décision de la Cour de Justice de la Cedeao sur l’Affaire Khalifa Sall.
Un arrêt qui ne laisse personne indifférent. Et parmi les commentateurs, nombre de politiques, et de tous bords. De l’opposition aux membres du Gouvernement (Ministres, porte-paroles, Directeurs de cabinet, députés, etc.), tout le monde y va avec son petit commentaire pour dire exactement ce que contient la décision et les conséquences juridiques à en tirer.
Jamais une décision de justice n’aura suscité autant de polémiques, non pas pour ce qu’elle révèle, mais du fait de l’enjeu politique qui la sous-tend.
Si du côté de l‘Opposition, on y voit ou y entrevoit la possibilité de sortie de prison du Maire de Dakar, de l’autre côté, on est convaincu que la Cedeao n’a rien dit de tel et qu’il s’agit de simples visions d’esprit de ceux qui s’accrochent à la décision.
Ce que tout un chacun doit savoir, c’est que n’importe qui n’est pas juriste. Nous passons tous à côté de croire que nous pouvons, subitement, comprendre les sciences juridiques, les interpréter et faire des analyses les concernant. Il n’en est rien. Il n’y a pas plus difficile à assimiler que ces sciences et les étudiants ne diront pas le contraire. Un faible pourcentage parmi eux arrive à passer en classes supérieures.
Malheureusement, chez nous, tout est politisé et s’inscrit dans la logique de la communication afférente. Chacun veut avoir raison devant une opinion qui a du mal à savoir qui croire.
Parfois, on n’écoute même pas les spécialistes et si on est les écoute, c’est pour les contredire. Me El Hadji Diouf en a fait les frais sur le plateau de ‘’Jakarlo’’. Certains de ceux qui lui apportaient la contradiction n’avaient pas les outils nécessaires à cela. Et pourtant…
Et encore, là-dessus, il y a plus grave. Des néophytes peuvent parler d’une science et de ses techniques sans les maitriser. Mais quand des officiels à haut niveau s’y lancent, il y a de quoi tirer la sonnette d’alarme.
Nombreux sont ceux qui ‘’analysent’’ le texte selon le prisme de leur appartenance politique. Quelle malhonnêteté intellectuelle. Ils font exactement comme nombre de Sénégalais avec le Coran. Si on est en face de belles ‘’drianké’’ (femmes mûres), le prêcheur du jour va leur dire exactement ce qu’elles veulent entendre, à savoir que les femmes sont les premières à entrer dans l’Islam, que Dieu protège la femme, l’épouse, etc. Certains ne vont même pas hésiter à abreuver les hommes d’injures, en pensant juste à l’enveloppe qui leur sera remise à la fin de l’exercice.
Chacun voit midi à sa porte
C’est exactement ce qui se passe dans l’Affaire de la Caisse d’avance. Chacun voit midi à sa porte, avec des interprétations des plus rocambolesques les unes des autres.
Et pourtant, il était tellement plus aisé de laisser la Justice faire son travail. Dans une affaire pendante devant elle, les acteurs politiques doivent fermer leurs bouches, surtout s’ils assument des fonctions publiques. Les juges d’Appel vont trancher comme ceux de la Première instance l’avaient fait. Inutile d’essayer d’influencer l’opinion. Il ne s’agit pas d’un tribunal populaire. La Justice, c’est du sérieux. Malheureusement, quand la politique entre dans le prétoire, il est difficile au juge de garder la sérénité. Et pour cause ! Les propos tenus par les uns et les autres entrent dans le cadre d’une campagne de communication dont le but rêvé est justement d’influencer et l’opinion publique et les acteurs de la Justice. Et c’est cela qui est dommage.
Il est dès lors important que les magistrats ne suivent nullement ces polémiques de politiciens. Mais comment se soustraire à des débats qui secouent l’opinion dans tous les organes de presse ? La tâche ne sera pas facile, mais pas impossible.
Plus que des préoccupations liées à son statut, ce sont les médias qui sont ‘’les ennemis’’ du juge chargé d’un dossier sensible. Car la presse relaie des propos tellement contradictoires qu’ils plongent, souvent, l’opinion dans le désarroi, incapable de discerner le vrai du faux.
Alors, il ne faudrait pas que le juge soit dans le même état d’esprit que le citoyen ordinaire.
Assane Samb
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