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Bilan de la première année de la treizième législature: L’Assemblée, au crible de Wilane, Issa Sall et Decroix
Publié le jeudi 21 juin 2018  |  Sud Quotidien
Christine
© aDakar.com
Christine Lagarde a tenu un discours devant la Représentation Nationale
Dakar, le 30 Janvier 2015 - La Directrice Générale du Fonds Monétaire International s`est adressée aux députés Sénégalais. Christine Lagarde a été reçue à l`Assemblée nationale par le président Moustapha Niass.
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A quelques jours de l’an 1 de la 13ème législature, est-il opportun ou juste de tirer un bilan du travail et/ou du fonctionnement de la représentation parlementaire ? La question n’est pas d’actualité pour l’heure, certains diront même qu’elle est embryonnaire. Toujours est-il cependant qu’une année de mandature égale 365 jours de représentation d’une population assoiffée d’émergence. La treizième législature emprunte-t-elle le bon chemin pour la prise en charge des préoccupations des Sénégalais? Quelques députés interpellés par Sud Quotidien s’autoévaluent en cette première année d’exercice. Abdoulaye Wilane, député du groupe de la majorité Benno Bokk Yakaar, le professeur El hadj Issa Sall, député non-inscrit et Mamadou Diop Decroix, vice-président du groupe parlementaire de l’opposition «Liberté et démocratie», dégagent quelques notes de diagnostic.


ABDOULAYE WILANE, DÉPUTÉ DE LA MAJORITÉ BENNO BOKK YAKAAR
«Il reste beaucoup à faire au plan des initiatives»
J’aborde ce mandat en tant qu’apprenant parce que je pense que je suis toujours en apprentissage. Il est donc très tôt pour moi de tirer un bilan parce que la première année est celle où on expédie des affaires courantes sans entrer dans les profondeurs. C’est dans les deux années à venir que les députés atteindront leur vitesse de croisière. Maintenant, si je dois me prononcer sur le travail et le bilan de cette première année de notre mandature, je dirais qu’on pouvait mieux faire par rapport au niveau du débat et à la qualité du travail. Je pense aussi qu’il reste beaucoup à faire au plan des initiatives. Nous devons habiter le sens de responsabilité et de l’initiative historique parce que la volonté est là, l’engagement aussi mais le problème se situe au niveau des mentalités parce qu’il y a beaucoup de pesanteurs.
Il faut travailler pour que le député soit réellement libre et imaginatif parce que si je prends par exemple le cas de la reddition des comptes, du compte rendu du travail parlementaire, je ne suis pas sûr que nous soyons à la hauteur des attentes du peuple sénégalais. Sous ce rapport, je pense que les partenaires techniques et financiers ainsi que les Ong qui participent à la formation des députés devraient plus encadrer les parlementaires au niveau de leurs circonscriptions administratives départementales plutôt que de le faire au niveau des groupes. S’agissant maintenant de la collaboration entre le parlement et le gouvernement, si je devais noter, je donnerais une note de zéro parce que tout simplement, c’est nul. Il y a beaucoup d’aprioris, d’arrière-pensées et le fait d’appartenir à une majorité biaise souvent les relations. Le pouvoir exécutif est plus puissant et plus influent que le pouvoir législatif et peut être dans une certaine mesure les autres pouvoirs. Si nous voulons que la démocratie sénégalaise aille de l’avant, nous devons faire forcement des réformes.
Pour ce qui est de nos collègues de l’opposition, personnellement, je n’ai aucun problème de cloisonnement. Je m’entends avec tous les députés mais je reste un élu, membre du groupe parlementaire de la majorité. Maintenant, je pense que nous avons tous intérêt à mieux faire dans le cadre du travail. Si nous évitons le positionnement politico-médiatique en mettant en avant les intérêts supérieurs du Sénégal et l’image du parlementaire à rehausser et à porter avec dignité et responsabilité, nous devons pouvoir être à mesure d’être des parlementaires, toutes sensibilités politiques confondues, qui se parlent parce que c’est nous qui incarnons le pouvoir législatif.

PROFESSEUR EL HADJ ISSA SALL, DÉPUTÉ NON-INSCRIT ET SG DU PUR
«L'Assemblée nationale a changé de physionomie mais…»

Je pense que la première session de cette treizième législature s'est très bien déroulée. Les députés comme moi qui ont fait leur baptême de feu ont pu se familiariser avec le règlement intérieur de l'Assemblée nationale et à son mode de fonctionnement. Les habitués de l'Assemblée qui ont fait plusieurs législatures se sont rendus compte que l'Assemblée a changé de physionomie et que, même majoritaires, ils ne peuvent pas toujours faire ce qu’ils veulent. La preuve est que cette loi sur le parrainage a fait deux mois avant d'être votée et a mobilisé beaucoup de ressources financières et humaines. Maintenant, on peut déplorer des comportements qui auraient pu être évités, mais cela participe de La vitalité démocratique à l'Assemblée nationale, et dénote aussi l'amour que ces parlementaires ont pour leur pays et leur nation».

MAMADOU DIOP DECROIX, VICE-PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE DE L’OPPOSITION «LIBERTÉ ET DÉMOCRATIE»
«On ne peut pas noter globalement de changement»

On ne peut pas noter globalement de changement. Je l’avais signalé dès l’ouverture de cette législature l’année dernière. J’avais dit qu’il ne faut espérer aucun changement dans le fond parce que le système est le même. On ne peut pas s’attendre à des changements. Pour preuve, nous n’avons noté aucune réforme entreprise pour améliorer le travail de l’Assemblée en tant qu’institution. Deuxièmement, l’opposition est plus consistante d’un point de vue de l’effectif, mais aussi elle a eu l’occasion de travailler. Nous avons passé notre temps à mener des batailles lors des dernières législatives. Le pouvoir ne voulait même pas que nous ayons un groupe parlementaire. Nous avons perdu beaucoup pour la mise en place d’un groupe parlementaire de l’opposition. Il faut noter que l’opposition a gagné en effectif et arrive à travailler. Il est vrai que les facteurs d’unité n’ont pas manqué. L’emprisonnement de Khalifa Sall a permis de passer sur des divergences qui existaient avant par rapport à la posture qu’il fallait à l’égard du dossier de Karim Wade.

C’est important aussi que nous avons raté les législatives. C’est mieux comme çà. Si nous avions gagné à l’époque, peut-être, ce serait extrêmement compliqué pour la suite. Les 7 premiers mois de la 13ème législature ont été marqués par des réformes constitutionnelles, avec une occupation militaire du centre-ville et un vote sans débat. Je le répète, l’un dans l’autre, les choses ne changeront pas parce que le système n’a pas changé. Quand nous regardons l’ordonnance institutionnelle que nous avons, l’Assemblée nationale est un espace de faire-valoir. Aussi longtemps que nous n’aurons pas changé cette Constitution, nous n’aurons jamais une Assemblée capable d’assumer son rôle dans une République qui se respecte.
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