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Le Soleil N° 1306 du 26/11/2013

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Vera Songwe, représentante de la Banque Mondiale : « Le Sénégal mérite sa place dans le top 10 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance »
Publié le mardi 26 novembre 2013   |  Le Soleil




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La directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, Vera Songwe, estime que le Sénégal mérite sa place dans le top 10 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine. Dans cette interview, Mme Songwe livre aussi son appréciation sur les performances du Sénégal en sécurité, en droits de l’homme, en développement durable et humain et sur l’environnement des affaires.

L’Indice Ibrahim vous parait-il pertinent pour mesurer la performance des Etats africains ?
Oui. Je pense que l’Indice Ibrahim est très pertinent parce que, pour une fois, en plus de son sérieux, c’est un indice africain fait par les Africains pour les Africains. Cela fait treize ans qu’il existe et, d’année en année, il prend de l’ampleur. C’est très utile pour le continent.

Le Sénégal est classé 10ème sur cet indice. Est-ce mérité, à votre avis ? Autrement dit, quelle appréciation faites-vous des performances du Sénégal en sécurité, en droits de l’homme, en développement durable et humain ?
Je crois que c’est une cotation bien méritée parce que l’indice est fait d’une façon scientifique. Il y a, à peu près, 92 index (critères) qui sont pris en compte. On peut dire que c’est quelque chose qui a une fiabilité certaine. Le Sénégal a fait de grands progrès dans la catégorie de développement humain et de la nutrition, domaines dans lesquels il y a des programmes très réussis auxquels d’ailleurs prend part la Banque mondiale. Il y a aussi beaucoup de progrès en genre (avec la nomination d’un Premier ministre femme, la parité à l’Assemblée nationale et la loi sur le transfert de la nationalité par la femme). L’accès et la bonne gouvernance dans l’éducation, les performances macroéconomiques, la sécurité et le projet de loi sur la déclaration de patrimoine sont autant de jalons de bonne gouvernance. Dans l’ensemble, le Sénégal mérite d’être bien classé. Je dois préciser qu’il est dixième dans le classement général, mais troisième dans la sous-région (Cedeao), derrière le Cap-Vert et le Ghana, des modèles de démocratie.

Pourtant, même si les critères pris en compte ne sont pas les mêmes, le Sénégal a connu une dégringolade dans l’indice Doing Business. De manière générale, comment jugez-vous l’environnement des affaires au Sénégal ?
Premièrement, le Doing Business est un indice mondial. Ce qui veut dire qu’il y a beaucoup plus de pays pris en compte (environ 190). C’est donc une dynamique qui n’est pas seulement africaine. Dans l’indice Doing Business, si un pays n'est pas réformateur et d’autres pays mettent en place de nouvelles reformes, cela induit nécessairement une baisse de sa cotation. Ceci dit, il y a aussi des réformes à faire au Sénégal. Il y a quelques années, le Sénégal était classé premier pays africain (Ndlr : en 2009). Le discours que nous tenons au gouvernement, c’est de dire que « vous avez été une fois premier africain dans le Doing Business comme vous êtes aujourd’hui dans le top 10 de l’Indice Ibrahim. Essayons de voir si vous pouvez être dans le top 10 de Doing Business en Afrique l’année prochaine ». Beaucoup de pays commencent à se motiver pour le Doing Business un peu tard, tous les indicateurs sont fermés en avril-mai. Il faut donc tout de suite commencer à travailler après la publication des résultats. Il faut aussi noter que le Doing Business ne mesure pas seulement le vote d’une loi, mais sa mise en œuvre effective. Avec les nouvelles lois votées, nous sommes sûrs que le Sénégal fera beaucoup mieux l’année prochaine.

Au-delà de la différence des critères prises en compte, quelle lecture parallèle peut-on faire des différents indices (Ibrahim, Doing Business et les agences de notations) ? Y a-t-il une logique entre ces indices ?
Il s’agit d’indices différents. Certains sont utilisés pour informer la composition des autres. Par exemple, l’Indice Ibrahim est utilisé par les agences de cotations, et les bailleurs de fonds. Ce dernier est un indice qui s’intéresse à la discipline macro-économique et à la gestion de la dette. Standard & Poor’s et Fitch indiquent aux marchés des capitaux la solidité des comptes d'un pays et sa capacité de rembourser la dette. Par contre, Ibrahim est un indice de gouvernance qui s’intéresse, par exemple, à la participation de la société civile dans le débat politique, économique et humain ou la transparence du budget, etc. Ce qui en fait un indice un peu plus micro. Mais la gouvernance est un aspect de la stabilité macroéconomique. Le Doing Business ne regarde que l’environnement des affaires. Toutefois, si un homme d’affaire veut investir au Sénégal, il regarde l’environnement des affaires mais aussi la gouvernance et les questions de déficit budgétaire.


Seydou KA

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