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Récurrence des querelles au sein du Parti présidentiel: L’Apr dans une zone de turbulences
Publié le samedi 2 juin 2018  |  Enquête Plus
Macky
© Présidence
Macky Sall en séance de travail avec les maires de l`APR
Dakar, le 19 Septembre 2014- Le président Macky Sall a tenu une réunion au King Fahd Palace avec les maires de l`Alliance pour la République.
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Entre querelles intestines et guerres de positionnement persistantes, l’Alliance pour la République sombre de plus en plus dans la pagaille. Les dernières scènes de violence enregistrées avant-hier devant les grilles même du palais présidentiel, lors de la rencontre entre le président Macky Sall et les élèves et étudiants de son parti, dénotent d’une crise multiforme qui risque de perdre le parti présidentiel, à moins de 9 mois de la présidentielle de février 2019.



L’Alliance pour la République (Apr) est à la croisée des chemins. Secoué par une crise interne qui prend de plus en plus des proportions inquiétantes, le parti présidentiel semble échapper au contrôle de son chef. Même lui-même n’est pas épargné des scènes de violence de ses militants qui ne ratent aucune occasion pour se donner en spectacle. Tout comme les précédents partis au pouvoir, l’Apr ne fait pas exception. Elle est de plus en plus minée par la violence qui sévit jusque dans ses instances de décision. Au moment où certains de ses responsables se mènent une guerre fratricide sans merci, les jeunes peinent à accorder leurs violons. Les récents évènements survenus devant les grilles même du palais présidentiel prouvent, à suffisance, la gravité de la situation.

En effet, conviés au palais présidentiel avant-hier par le président de la République, pour relancer les activités de leur structure, les élèves et étudiants républicains ont fait parler d’eux dans un sens qui ternit l’image de l’institution présidentielle. Des militants qui se sont vu interdits l’accès des lieux s’en sont pris aux forces de l’ordre. Deux d’entre eux ont été arrêtés avant d’être libérés quelques heures plus tard.

Clash entre Seydou Guèye et Djibril War

Ces incidents surviennent en réalité quelques jours seulement après que le porte-parole national et le directeur de l’école du parti de l’Alliance pour la République se sont crêpés le chignon par presse interposée. Tout est, en effet, parti d’un communiqué signé par Seydou Guèye, suite à la sortie ‘’virulente’’ de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade accusant le régime de Macky Sall de vouloir saisir sa maison du Point E. Pour disculper son parti et son président, Seydou Guèye a aussitôt sorti une déclaration pour déplorer une tentative de manipulation de l’opinion publique nationale et internationale. Il ne s’est pas gêné, par la même occasion, d’égratigner l’ancien chef d’Etat, par ailleurs secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds).

‘’Après la défaite cinglante aux élections législatives qui l’a plongé dans une longue léthargie, le secrétaire général du Pds, Abdoulaye Wade, tente de se rappeler au souvenir des Sénégalais de fort mauvaise manière. Le montage grossier, la manipulation et l’intimidation, tout y passe pour rebondir avec l’obsession maladive d’imposer au peuple sénégalais son fils’’, écrit Seydou Guèye dans la note parvenue à ‘’EnQuête’’. Le porte-parole du gouvernement d’enfoncer le clou : ‘’Tous les moyens sont bons : de la contre-vérité aux tentatives de déstabilisation. Revanchards et adeptes de l’intoxication, Me Wade et sa clique minuscule tapie au sein de la direction du Pds, n’ont toujours pas compris que leur haine tenace et leur acharnement ignoble contre le président Macky Sall n’inspirent que mépris à ce dernier et à l’Alliance pour la République. Le communiqué de Me Abdoulaye Wade du 26 mai 2018, rendu public ce 28 mai en dit long sur les procédés mensongers, dignes des officines mafieuses de fabrication de fausses nouvelles à des fins de honteuse manipulation’’, renchérit Seydou Guèye avant de laver le régime de tout soupçon quant à une quelconque tentative d’expropriation de l’ancien président de la République.

‘’La justice sénégalaise, encore moins le président Macky Sall, n’ont jamais ordonné la saisie d’aucun bien de Me Abdoulaye Wade, ni sa maison du Point E ni un quelconque immeuble. La procédure d’enrichissement illicite concerne son fils qui a été condamné à 6 ans avant d’être gracié par le président Macky Sall. Toutefois, il reste sous le coup de la condamnation à payer 138 milliards de francs Cfa. Si un huissier s’est rendu chez les Wade, c’est uniquement parce que c’était la dernière adresse de M. Karim Wade. Aussi, parler de saisie d’une maison relève d’une contre-vérité manifeste pour abuser une opinion pourtant avertie’’, fulmine le porte-parole du gouvernement.

La teneur de ses propos jugés discourtois envers un ancien président de la République, a mis son camarade de parti, Me Djibril War, dans tous ses états. Selon le directeur de l’école du parti de l’Apr, ces propos révulsant contre l’ancien chef de l’Etat ne sauraient engager leur parti et son président. ‘’Nous ne saurions taire notre indignation et consternation, pour les propos irrespectueux prêtés au ministre Seydou Guèye relayés par la presse à titre de réaction à la sortie du président Wade, à la suite d'une supposée saisie de sa maison du Point E’’, a aussitôt réagi l’ancien président de la Commission des lois sous la douzième législature.

Eu égard à son âge et aux responsabilités qu'il a eu à assumer, l’ancien président de la République mérite, selon Me War, plus d'égard et de respect de la part de ses adversaires politiques. Au-delà de sa stature d’ancien chef d’Etat, l’ex-parlementaire est d’avis que le contexte ne s’y prête pas. ‘’Le contexte du mois de ramadan et de la fin des crises scolaire et universitaire ne saurait s'accommoder de tels comportements, surtout venant du camp présidentiel, de surcroît de la part d'un ministre de la République, porte-parole du gouvernement et de l'Alliance pour la République’’, déplore le tonitruant avocat.

La Cojer et le Meer en lambeaux

Ces petits meurtres entre camarades de parti dénotent, en effet, d’une crise à la fois endémique et congénitale qui a toujours sévi dans les structures regroupant les jeunes de l’Alliance pour la République comme le Mouvement des élèves et étudiants républicains (Meer) et la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer). A l’image d’Abdou Mbow, alors coordonnateur de la Cojer, Thérèse Faye Diouf voit aujourd’hui sa légitimité à la tête du Meer remise en cause par certains de ses camarades qui lui demandent de rendre le tablier, dès lors qu’elle est coupée des réalités estudiantines. Mais leurs revendications sont souvent teintées de violence. En mars 2017, une bataille rangée entre partisans de la directrice de la Case des tout-petits et Marième Thiam Babou au sein même de la permanence de l’Apr, avait fait plusieurs blessés et avait fini d’atterrir devant la justice sénégalaise.

Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, les jeunesses de la Cojer ont remis ça un mois plus tard. Cette fois-ci, c’est Mame Mbaye Niang, alors ministre de la Jeunesse, qui en fait les frais. Sa conférence de presse tenue à Dakar, le 25 avril 2017, au Fun City autour de l’organisation des élections législatives de 2017, a été sabotée par des jeunes de son parti qui s’en sont pris à Thérèse Faye Diouf dès son apparition dans la salle de conférence. Il s’en est suivi une violente bagarre entre partisans des deux camps avant que l’ordre ne soit rétabli.

Daouda Diallo et Cheikh Oumar Hann se disputent le Nord

La violence n’est pas seulement l’apanage des jeunes du parti présidentiel. Les adultes aussi se crêpent souvent le chignon pour marquer leur territoire. Récemment, dans le Fouta, l’actuel ministre des Infrastructures et le directeur général du Centre des œuvres universitaires de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Coud) en sont presque venus aux mains. La ‘’Ziarra’’ annuelle de Nianga Edy, dans le département de Podor, a en effet donné lieu à une virulente bagarre entre partisans d’Abdoulaye Daouda Diallo et ceux de Cheikh Oumar Hann. Une bataille éclatée entre les éléments de la garde rapprochée des deux responsables de l’Apr a failli mettre le feu aux poudres. Arrivé en retard à la cérémonie officielle de cette manifestation religieuse, le Dg du Coud s’est heurté au refus des hommes de sécurité du ministre et de l’organisation qui lui ont interdit l’accès avec sa délégation, car il n’y avait plus de place. Après de chaudes empoignades, les deux camps se sont violemment affrontés.

Oumar Guèye et Ndiagne Diop se toisent à Rufisque

Pendant que le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement et le directeur du Coud se disputent le nord du pays, le ministre de la Pêche, Oumar Guèye, et le maire de Bambilor, Ndiagne Diop, se toisent à Rufisque. Les deux ex-compagnons du président du Rewmi, Idrissa Seck, qui ont tourné casaque pour rejoindre le ‘’Macky’’, ont cessé d’émettre sur la même longueur d’onde depuis un bon bout de temps. La bataille pour le contrôle du département de Rufisque a fini par prendre le dessus sur les relations fraternelles qu’ils ont pourtant toujours entretenues.

Les partisans des deux camps se sont, en effet, affrontés à plusieurs reprises. En mai 2017, les affrontements entre les deux tendances ont coûté trois doigts à un garde du corps du ministre Oumar Guèye, passé à tabac par ceux du maire Ndiagne Diop. Quelques mois plus tard, en février 2018, le blocage du vote du budget de la mairie de Bambilor par des partisans du ministre Oumar Guèye, a fini par mettre le feu à la poudrière.

C’est dire donc qu’à moins de neuf mois de la présidentielle du 24 février 2019, l’Alliance pour la République continue de naviguer dans une zone de turbulences. Le président Sall a donc intérêt à siffler la fin de la recréation avant que le crash ne se produise. Mais en a-t-il les moyens ?
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