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Implantation de l’aéroport Blaise Diagne: Diass, la ruée vers les terres
Publié le jeudi 10 mai 2018  |  Enquête Plus
La
© Ministère par DR
La ministre du Tourisme et des transports aériens visite les chantiers de l`AIBD
Diass, le 16 juin 2017 - La ministre du Tourisme a effectué une visite, avec ses équipes, à l`Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) de Diass. Elle a évalué l`état d`évolution des travaux de finition de la nouvelle infrastructure.
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Jadis presque inconnu, le village de Diass est devenu, en quelques années, très célèbre, grâce à la construction, à 3 km, du plus prestigieux aéroport de l’Afrique de l’Ouest. Depuis, c’est la course au foncier, pour y acquérir des terres, investir ou habiter. Un boom spectaculaire, en peu de temps.

Diass suscite l’espoir. Sur la route reliant l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) au village de Diass, les chantiers s’étalent à perte de vue. Des immeubles, des maisons et des murs en construction dominent le décor. En cette matinée de mardi, le climat est assez hostile. Le vent et la poussière font la loi. Les habitants vaquent à leurs occupations. Cette bourgade assez dynamique se transforme lentement en ville. La cité de l’Emergence, qui prend forme à quelques kilomètres du village, en est une parfaite illustration.

Situé à 45 km de Dakar, le village est un carrefour entre Thiès, Mbour et la capitale sénégalaise. Le déplacement est facilité par l’autoroute à péage le reliant à ces différentes villes. Ce qui motive davantage les investisseurs. Diass grandit ainsi à grande vitesse et le foncier devient un business assez rentable. L’immobilier et le courtage sont presque devenus les principales activités des habitants. La majeure partie de la population s’est convertie soit en agent immobilier, soit en courtier. Le business du foncier a connu, ainsi, en quelques années, un véritable essor.

Les bailleurs et les investisseurs s’arrachent les terres. Les nouvelles constructions envahissent le village. Les prix des terrains à usage d’habitation connaissent une hausse fulgurante. ‘’Il y a quelques années, il fallait juste voir le chef du village pour obtenir un terrain. Mais, de nos jours, il faut débourser des millions pour une petite parcelle’’, confie Assane Cissé. Un habitant de Diass qui a assisté à la pose de la première pierre ainsi qu’à l’inauguration de l’Aibd. Ce qui fait de lui un témoin oculaire de la transformation spectaculaire du village, depuis l’implantation, à 3 km, du plus prestigieux aéroport de l’Afrique de l’Ouest. Pour lui, Diass est devenu, depuis quelques années, une aubaine pour les promoteurs immobiliers.

C’est le même constat du côté des courtiers et des agents immobiliers. Leur business se porte bien et ils se frottent les mains. Certains, plus heureux, n’hésitent pas à faire la promotion de la destination. ‘’Diass a ravi la vedette à Dakar. C’est l’ère de la Petite Côte. Aujourd’hui, chacun rêve d’avoir une maison à Diass. C’est la cité de l’avenir’’, se glorifie Ablaye Faye, agent immobilier et natif de Diass. Le nouvel aéroport a véritablement boosté le business du foncier.

Un prestige sur fond de pauvreté

La ruée vers Diass n’est, cependant, pas sans conséquence néfaste sur l’économie du village. Malgré sa proximité avec le prestigieux aéroport, la population vit dans la plus grande pauvreté et la localité manque presque de tout. Les prix exorbitants des terres ont poussé la majeure partie des habitants à vendre leurs champs. Ce qui a entrainé un chômage galopant chez les jeunes qui s’adonnaient à l’agriculture. Ainsi, la phrase qui revient comme une ritournelle chez les habitants est : ‘’Nous voulons des emplois pour les jeunes.’’

L’espace réservé pour le marché se réduit, de jour en jour. Ce dernier, érigé au bord de la route, est constitué de toiles faites en paille et des tentes construites de manière artisanale à l’aide de sachets en plastique. Les bouchers, les tabliers de légumes et les femmes vendeuses de fruits et de sachets d’eau pour les passagers des véhicules en provenance de Thiès et de Dakar se disputent les places. L’espace étant assez réduit, les femmes se sentent menacées par d’éventuels accidents de la route. ‘’Le marché reste notre principal problème. Nous voulons qu’on nous construise un nouveau marché dans un endroit plus sécurisé. Ici, nous nous rapprochons davantage de la route, à cause des gens qui ne cessent de construire aux abords du marché. En plus, depuis l’ouverture de l’aéroport, les voitures sont plus nombreuses à emprunter cette voie, ce qui a entrainé, en même temps, l’augmentation des vendeuses de fruits et d’eau au bord de la route. Ceci empire la situation et les risques sont énormes‘’, se désole Aïda Ba assise devant sa table garnie de légumes frais.

A ces différents problèmes, s’ajoute un déficit en besoins primordiaux comme l’eau, l’électricité, etc. En effet, les délestages sont très fréquents. Le village ne possède qu’un seul forage pour alimenter toutes les concessions, alors que le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter. Le réseau téléphonique des différents opérateurs est également très faible. Ce qui n’a aucunement ralenti la course vers l’immobilier.
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