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Lutte contre la corruption et l’évasion fiscale : Macky Sall plaide pour la renégociation des contrats miniers et pétroliers
Publié le lundi 7 mai 2018  |  Enquête Plus
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© Présidence par DR
1er Mai - Remise des cahiers de doléances au président Macky Sall
Dakar, le 3 mai 2018 - Les centrales syndicales ont présenté au président de la République Macky Sall leurs cahiers de doléances au terme de journée international du Travail, célébrée le 1er mai.
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Le président de la République, Macky Sall, a demandé, hier, la renégociation de toutes les conventions minières et pétrolières ‘’qui n’ont plus aucune raison d’être dans nos différents pays’’. Le chef de l’Etat a assuré sa ferme volonté à combattre la corruption qui s’apparente à ‘’lutter contre des privilégiés’’.

‘’Les compagnies internationales agissent sous le couvert du droit international des codes miniers et pétroliers qui ont été érigés dans des contextes où ce qu’on demandait à l’Afrique, c’était de s’ouvrir à l’investissement international et qu’il fallait tout donner gratuitement’’, a dénoncé, hier, le chef de l’Etat. Macky Sall martèle que le moment est venu pour renégocier tous ces contrats. ‘’On va dire que l’obstacle, c’est la stabilité juridique des contrats. Mais si nous ne nous arrêtons pas à un moment donné, l’Afrique continuera à voir ses ressources naturelles partir et nous n’aurons plus que le trou béant abandonné, après l’exploitation de nos mines, de nos carrières, de notre pétrole et de notre gaz’’, a prévenu Macky Sall qui présidait la 3e Assemblée générale de l’Association des autorités anti-corruption d’Afrique (Aaaca) sur le thème ‘’L’effectivité de la coopération des institutions africaines de lutte contre la corruption pour une gestion transparente des ressources naturelles’’.

Ainsi, le président de la République s’est évertué à donner des gages dans la lutte contre la corruption. Puisque, selon ses dires, ‘’la corruption est un phénomène insidieux et pernicieux qui freine la marche vers le progrès’’. Mieux, elle porte atteinte à la morale, à la bonne conduite des affaires publiques, à l’Etat de droit et surtout soustrait des ressources indispensables au développement des nations. ‘’Moyen privilégié d’infiltration des circuits étatiques par des organisations criminelles, elle empêche également aux autorités de faire face efficacement au crime transnational organisé. De surcroît, elle favorise l’accaparement de ressources par une minorité. Elle exacerbe les inégalités sociales et sapent la stabilité nationale’’, a indiqué le chef de l’Etat.

De ce fait, renseigne le président Sall, il est impératif, pour le continent africain, de construire des mécanismes anticorruptions intégrés, adaptés et dynamiques, aptes à assurer une gestion transparente de nos richesses naturelles. Arguant qu’il a toujours combattu pour que l’Afrique se batte pour lutter farouchement contre l’évasion fiscale qui est l’une des sources d’inégalités.

‘’Une grande concertation nationale sur le pétrole et le gaz prévue au mois de mai’’

L’Afrique, selon le chef de l’Etat, doit aussi harmoniser ses législations. ‘’La lutte contre la corruption commence également par cette revendication à payer la juste rémunération pour nos ressources naturelles et également pour la renégociation de toutes ces conventions basées sur des législations qui, aujourd’hui, n’ont plus aucune raison d’être dans nos différents pays’’, a poursuivi le président. ‘’C’est pourquoi, a-t-il ajouté, la coopération des institutions anti-corruption doit être promue et encouragée dans ce monde globalisé où la criminalité organisée exploite la vulnérabilité des Etats pour faire prospérer ses activités illicites’’. Une chose qui est loin d’être facile. Car, renseigne le chef de l’Etat, ‘’lutter contre la corruption, c’est lutter contre des privilégiés’’. ‘’Ils peuvent se doter d’avocats très forts, se payer des cabinets de communication et créer des situations difficiles. Je pense qu’il faut beaucoup de volonté pour arriver à une lutte correcte pour éradiquer ou réduire à sa plus simple expression ce fléau qui est la maladie des temps modernes, du monde’’, a-t-il expliqué.

Toujours dans son discours, le chef de l’Etat a affirmé que le Sénégal a engagé, dès 2012, des réformes majeures afin d’asseoir une gouvernance transparente des affaires, dans un contexte marqué par la découverte de nouvelles ressources pétrolières et gazières. Et c’est dans le même esprit qu’il a créé l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).

Macky Sall d’annoncer ainsi la tenue, au courant de ce mois de mai, d’une grande concertation nationale. ‘’J’espère que tout le monde va répondre à cet appel, parce qu’il s’agira de parler de l’avenir de nos ressources pétrolières et gazières et nous allons voter une loi, avant même le début de l’exploitation. Laquelle va définir les modes de répartition des revenus tirés de ces ressources. Cette réflexion impliquera la société civile, l’opposition, la majorité, les forces vives qui auront des idées par rapport à comment nous devrons gérer ces ressources dans l’intérêt exclusif des populations sénégalaises’’, a-t-il informé. Selon lui, cette décision conforte la pertinence de la réforme constitutionnelle de 2016 qui garantit aussi au citoyen des droits nouveaux socio-économiques et environnementaux.

Taxe anti-corruption sur les transactions financières : le oui, mais… de Macky

A propos de l’interpellation du président de l’Aaaca, Emmanuel Ollita Ondongo, qui lui a demandé de plaider pour l’instauration d’une taxe anti-corruption sur toute transaction financière transfrontalière, lors du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine (Ua), dans le cadre de la gouvernance et de l’émergence du continent, Macky Sall a rétorqué : ‘’Vous m’avez chargé d’être votre interprète auprès des collègues de l’Union africaine. Je le ferai volontiers. Mais, je dois vous dire que, pour faire passer à l’Ua une telle décision, croyez-moi, cela ne va pas être facile. Il faut que cela soit clair, dès le départ’’. Puisque, fait-il savoir, ‘’même pour le financement de l’Union, on a mis plus de deux ans pour aboutir au 0,2 % des importations. Et même pour cela, beaucoup de pays ne sont pas d’accord’’.

En guise de solution, il a invité les acteurs à trouver ‘’’ensemble’’ les mécanismes pour financer leur institution. ‘’Il faut faire un appel aux partenaires de certains pays. Dans tous les cas, on va faire le plaidoyer, à la suite des conclusions qui seront tirées de cette rencontre de Dakar’’, sert-il.

Pour autant, le président de la République a précisé que les conclusions des travaux de cette rencontre devraient, outre les questions juridiques, prendre en compte les aspects liés à l’éthique, à l’éducation, à la sensibilisation et à l’accès à l’information. ‘’Accès à l’information sans pour autant en faire une arme aussi contre les citoyens ou de chantage. On ne peut pas non plus donner à des personnes le pouvoir d’agir, de jouer avec des données personnelles, des informations professionnelles contre d’autres citoyens. Cela pose problème. Plus que jamais, la nécessité du devoir de réserve doit être préservée dans notre pays’’, a-t-il lancé à l’endroit des membres de l’Aaaca. Avant de faire remarquer : ‘’Malheureusement, de plus en plus, ce droit est en train de disparaître et ce n’est pas acceptable non plus dans un Etat de droit. Ce débat aussi, vous devez l’évoquer entre vous.’’

Auparavant, le président de l’Aaaca a signalé que l’Afrique, qui subit des pertes estimées à hauteur de 148 milliards de dollars par an des faits de corruption, assiste, impuissante, à la dilapidation de ses richesses, à cause des comportements inciviques de certains de ses fils. ‘’On donne ou on exige de l’argent pour chaque service demandé ou rendu, même si vous êtes dans vos droits. Si nous avions été des hommes responsables et droits, les inégalités sociales n’auraient pas pris cette ampleur considérable qui divise nos sociétés en deux franges : celle des nantis, les moins nombreux, et celle des démunis, les plus nombreux’’, a laissé entendre Emmanuel Ollita Ondongo.

AWA FAYE
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