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Célébration du 1er Mai : Les travailleurs veulent la "fête’" des engagements
Publié le mercredi 2 mai 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Les centrales syndicales célèbrent la fête du Travail
Dakar, le 1er mai 2018 - Les différentes centrales syndicales du Sénégal ont célébré la fête du Travail du 1er mai. Plusieurs manifestations ont été organisées dans différentes localités de la capitale.
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En lieu et place d’un défilé, les organisations syndicales se sont regroupées hier à la place de la Nation. Des personnes bien portantes à celles vivant avec un handicap, la principale revendication reste la même : le respect des engagements de la part de l’Etat.

Symbole de la lutte des classes et de l’identité du monde ouvrier, le 1er mai a été célébré hier par les travailleurs. Contrairement au défilé traditionnel à la place de l’Indépendance, les leaders syndicaux se sont donné rendez-vous à la place de la Nation (ex-place de l’Obélisque) pour exprimer leurs doléances devant leur ministre de tutelle, Samba Sy. ‘’Pour cette année, la particularité, c’est qu’il n’y a pas de défilé. C’est un rassemblement pour faire des déclarations’’, explique Mballo Dia Thiam, représentant Mademba Sock le secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS). Si le point de ralliement et le format ont changé, il n’en est pas de même pour le discours. L’emploi, les salaires décents, la protection sociale, l’augmentation du pouvoir d’achat, le respect des revendications sont les mêmes revendications portées à l’attention du gouvernement.

Mais il y a surtout le respect des accords. M. Thiam, le secrétaire général du Syndicat Unique des Travailleurs de la Santé et de l'Action sociale (SUTSAS), rappelle que le secteur de la Santé sera en grève dès aujourd’hui. ‘’Après la fête du Travail, si nous allons en grève de 72 heures pour un secteur aussi sensible que la santé, c’est parce que les questions sur lesquelles on s’était accordées en 2014 n’ont pas trouvé une application complète. Il y a ensuite l’ouverture des négociations sur le régime indemnitaire. Il y a aussi des questions d’actualité comme celles des travailleurs de la Jica, du plan Cobra’’, ajoute Mballo Dia Thiam. Ce syndicaliste estime que la célébration de cette fête, avec le dépôt des cahiers de doléances, ne sont que de la routine. ‘’Chaque année, on signe des accords et on tourne le dos. Maintenant, non seulement on s’est battus pour des accords, mais on se bat encore pour leur application. C’est ça le cercle vicieux dont on parle. Nous n’avons pas besoin de cela. On a autre chose à faire que des grèves’’, déplore-t-il.

Pour Dr Thiam, recourir à la grève est ‘’assez redoutable’’ et le gouvernement pouvait en épargner les citoyens. Le syndicaliste ajoute qu’il n’est pas question de revisiter les accords. ‘’Le plus important, c’est de respecter les engagements de 2014 et ceux du Premier ministre le 10 avril dernier sur les virements de salaire, les dettes de la Cmu, les subventions et tout ce qui concerne la masse salariale et les nouveaux corps à créer. Ce pays a besoin de stabilité pour se développer. On ne peut pas y arriver de cette manière. Les centrales doivent fédérer leurs forces pour mener efficacement la lutte’’, dit-il.

Cet appel à la solidarité et à l’unité d’action est aussi lancé par le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du Changement (CNTS/FC), Cheikh Diop. Une invite qui a déjà trouvé une oreille attentive auprès de son camarade de la Confédération nationale des syndicats du Sénégal (CNTS). Mody Guiro a indiqué que les centrales syndicales continueront ‘’d’agir ensemble’’ pour essayer d’améliorer les conditions de vie des travailleurs sénégalais. D’ailleurs, au milieu de son discours officiel, l’homme proclame avec éclat devant une foule de travailleurs : ‘’Le syndicalisme ne périra pas ! (trois fois) Syndicat en avant ! Syndicat en avant ! En avant ! En avant !’’

Mody Guiro continue son discours en wolof et, tout d’un coup, il se met à chanter : ‘’Solidarité pour toujours ! Solidarité pour toujours ! Car l’union fait la force ! Solidarité ! Solidarité ! Solidarité !’’. Des mots qui ont suscité un standing ovation de la part du public et des camarades syndicalistes. Selon Mody Guiro, vu que 2018 est déclarée année sociale, le gouvernement doit ‘’intégrer’’ dans ses plans les préoccupations des travailleurs. ‘’Ce sont des préoccupations sociales. Chaque travailleur a aujourd’hui, sous son aile, une dizaine de personnes. La structure de la famille sénégalaise est là. Quelqu’un qui perd son emploi, c’est une catastrophe, une pauvreté qui s’installe’’, affirme-t-il.

L’équation de la loi d’orientation sociale et de la carte d’égalité de chances

Plus qu’une journée des travailleurs, le 1er mai est une ‘’fête des citoyens, des catégories sociales’’, selon le président de la section départementale de l’Association nationale des handicapés moteurs du Sénégal. ‘’En tant que personnes en situation de handicap, responsables de mouvements associatifs, nous avons décidé, à partir de cette année, de travailler en collaboration avec les centrales syndicales, en particulier la CSA. Nous avons évalué nos luttes et revendications et nous nous sommes sentis toujours seuls. Donc, nous avons décidé d’avoir des partenaires comme les syndicats pour qu’on puisse porter le combat ensemble’’, souligne Mamadou Coly. Celui-ci rappelle que le Sénégal a voté, depuis 2010, la loi d’orientation sociale qui est un cadre juridique qui réglemente et prévoit tout ce qui est protection et promotion des droits des personnes vivant avec un handicap. ‘’Malheureusement, l’application pose problème. C’est pourquoi nous avons décidé de trouver des réseaux qui peuvent nous aider à porter la voix des personnes vivant avec un handicap. Les principales revendications sont la signature du décret d’application de cette loi, l’effectivité de la carte d’égalité de chances. Que cette carte soit généralisée. Que toute personne en situation de handicap qui souhaite l’obtenir l’ait sans difficulté’’, énumère-t-il.

Ainsi, le porte-parole des personnes vivant avec un handicap a rappelé que quand on a fait le lancement de ces cartes en 2014, le président de la République qui l’avait présidé avait promis que tout détenteur de la carte bénéficierait des services sociaux de base. ‘’On constate que ce n’est pas le cas. Et ça, nous croyons que c’est un préjudice, une violation de la parole du président de la République. Nous demandons à ce que les autorités compétentes se rattrapent de cette erreur en donnant à toutes les personnes vivant avec un handicap cette carte et qu’elles puissent bénéficier de la bourse de sécurité familiale qui est une nécessité’’, plaide M. Coly. D’après lui, l’accès aux soins leur est refusé dans les hôpitaux, alors qu’ils ont cette pièce en leur possession. C’est la même chose avec les bus de transport en commun. ‘’Même le directeur général de Dakar Dem Dikk avait fait la promesse de rendre gratuit pour nous l’accès au transport avec cette carte.

Mais quand on monte dans ces bus et qu’on montre cette carte, les receveurs nous disent : non, ce n’est pas encore effectif. Ça aussi, ce n’est pas sérieux. Faire des déclarations politiques populeuses pour après ne pas les respecter, ce n’est pas bon pour un responsable. Ce n’est pas bon pour un pays et une société qui se respectent’’, tempête-t-il. L’homme se désole du fait que les personnes vivant avec un handicap ont été ‘’pendant longtemps exclus’’ du système scolaire et de la formation. ‘’Si nous n’arrivons pas à trouver du travail, ce n’est pas de notre faute. C’est l’Etat et il doit aujourd’hui rectifier le tir, prendre des mesures positives pour favoriser l’émancipation des personnes en situation de handicap’’, a-t-il décrié. Ce cri du cœur est aussi celui de la présidente de la section féminine de l’association, Yacine Koné Guèye. Cette dernière a appelé le secteur privé à recruter les personnes en situation de handicap. ‘’Il y a beaucoup de femmes qui font des activités génératrices de revenus, mais elles le font de façon dispersée. Avec la CSA, nous allons nous organiser pour que celles qui sont dans l’informel puissent mener correctement leur métier et vivre de ça. Il y a 15% du quota de la Fonction publique réservé aux personnes en situation de handicap. Si on fait le total, ce pourcentage n’est même pas atteint’’, confie-t-elle.

Sandaga attend toujours sa réhabilitation

Hormis les personnes vivant avec un handicap, le 1er mai est aussi une journée de ‘’tristesse et de désespoir’’ pour les sinistrés du marché Sandaga. ‘’Depuis 2013, après l’incendie qui a ravagé le marché Sandaga, nous n’avons reçu ni message de consolation, ni soutien financier. Depuis lors, le marché n’a pas été réhabilité. Or, c’est tout ce que nous sollicitons. C’est un endroit qui regroupait des travailleurs. Aujourd’hui, avec le rôle que nous jouons dans l’économie du pays, nous ne devons pas être laissés en rade. Nous sommes au nombre 944 sinistrés sans compter les gens qui travailler pour nous’’, s’est plaint le porte-parole, Djibril Diakhaté. Tous de blanc vêtus, ces sinistrés ont répondu présent à l’appel de leur centrale tout en espérant cette année un dénouement heureux avant la prochaine fête du Travail. ‘’La question qu’on se pose, c’est : à quand la réhabilitation du marché Sandaga ? Nous sommes recasés au site du Champ des courses, mais depuis 4 ans, nos activités peinent à décoller. Ce n’est pas un site adéquat. Les gens qui habitent dans les quartiers environnants disent que l’endroit est enclavé’’, narre-t-il.

Ces victimes de Sandaga n’ont pas été les seules à ressentir une mélancolie à la célébration de la fête du Travail. Habillé en tenue traditionnelle, et en solo, la cinquantaine révolue, Khaly Ngom, chauffeur, ne cache pas son désarroi. ‘’Chaque année, on dépose nos doléances mais c’est comme si l’Etat ne les regardait même pas. C’est pourquoi, aujourd’hui, rares sont les chauffeurs qui viennent assister au défilé du 1er mai. Ils préfèrent vaquer à leurs occupations’’, se désole-t-il. Il trouve ‘’insensé’’ de faire autant de discours, d’écrire autant de lettres et faire autant de démarches administratives qui, au finish, ne servent à rien. ‘’Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Aucun gouvernement n’a rien fait pour nos revendications, c’est pourquoi nous nous sommes découragés maintenant. Le 1er mai est un moment de chagrin pour nous les chauffeurs. Nos préoccupations concernent les assurances, les prises en charge médicales, etc.’’, fait-il savoir la mine sérieuse.

MARIAMA DIEME
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