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Sédhiou - Les imams valident les mariages d’enfants mais récusent
Publié le lundi 30 avril 2018  |  Seneweb.com
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Les 150 cas de grossesse enregistrés en milieu scolaire ne font pas frémir les imams de Sédhiou. Invités samedi dernier au forum de la rencontre africaine des droits de l'homme (Raddho) axé sur la lutte contre les mariages d'enfants, les imams n'ont pas condamné cette pratique qui mine le maintien des filles à l'école. Le président de la fédération des associations des écoles coraniques, a précisé que sur les 150 cas de grossesse, seul un cas est issu d'un viol. Il en déduit que les 149 grossesses sont issues d'un consentement des deux partenaires et peut-être des parents. Pour soutenir son argumentation, il explique que la notion d'enfant est relative en islam. "Dès que le physique de la fille et son état d'esprit permettent de supporter une grossesse, elle n'est plus une enfant", a dit Mouhamadou Lamine Cissé. L'imam invite alors les autorités à revoir leur copie en travaillant plus à empêcher non pas les mariages mais la sexualité précoce à l'école. Aussi, a-t-il demandé aux filles participantes au forum de refuser la planification avant le mariage car, dit-il, elle expose les filles aux relations sexuelles précoces.

Une argumentation rejetée en bloc par l'autorité administrative. Selon le chef de l'exécutif départemental, les imams n'ont pas compris que tous les versets coraniques sont contextuels. Madiaw Kandji, qui présidait la rencontre, appelle les imams à accepter que l'islam s'adapte aux réalités de l'heure comme ils ont accepté les bienfaits de la science. "Vous voyagez en avion, en voiture et non en chameau, vous appelez avec le téléphone et non avec du cor. Vous vous rafraichissez le corps avec le ventilateur, le climatiseur et non avec l'éventail, vous regardez la télévision, de la même manière vous devez accepter la scolarisation des filles", leur a-t-il rétorqué.

L'animateur de la conférence, Abdoulaye Gining, inspecteur de l'éducation et de la formation d'abonder dans le même sens soutenant que lors du mariage musulman, les époux ne viennent même pas à la mosquée, donc on peut ne pas constater ces traits physiques. Et de lancer un appel : "Si l'on veut gagner le combat de l'émergence, il faudra au préalable gagner celui de la scolarité des filles vu leur poids démographique, leur intelligence et leur engagement dans la vie active de la nation".

En tout cas, pour l'instant, la loi est loin d'aller dans le sens de taire cette polémique autour des mariages d'enfants, du moins, selon l'avis d'Abibou Bodian de Action Educative en milieu ouvert (Aemo). "Aucune disposition légale n'interdit le mariage d'enfants". Il précise que c'est la consommation du mariage avec 13 ans qui est considérée comme un viol et là, ajoute-t-il, la peine peut aller jusqu'à 10 ans de prison.

Au constat de cette polémique, les mariages précoces semblent avoir encore de beaux jours devant eux malgré les immenses efforts. Mais Boubacar Gano, le coordonnateur du projet d'appui à l'amélioration du cadre légal de protection des enfants pour la réduction des pratiques néfastes tient encore bon son bâton de missionnaire pour relever les défis du maintien des filles à l'école.
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