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Zahra Iyane Thiam (ministre conseiller): ‘’Certains syndicalistes, sous le manteau de l’école, de l’éducation, veulent régler des problèmes personnels, politiques’’
Publié le samedi 28 avril 2018  |  Enquête Plus
Zahra
© Autre presse par DF
Zahra Iyane Thiam, ministre-conseiller du président de la République
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Membre du Secrétariat exécutif permanent de Benno Bokk Yaakaar, Zahra Iyane Thiam, dans cette interview accordée à ‘’EnQuête’’, revient sur les questions brûlantes de l’actualité politique et sociale nationale. L’opposition, les syndicalistes, les guerres de positionnement dans la majorité, la fille d’Ahmed Iyane Thiam crache ses vérités crues.

L’opposition a introduit un recours devant le Conseil constitutionnel pour faire invalider la loi sur le parrainage. Quel commentaire en faites-vous ?

L’opposition est dans son rôle. Une opposition, c’est, par essence, la contestation. Mais c’est aussi la prise en charge des véritables préoccupations des populations. Il faut être conséquent, par contre. Il n’y a pas longtemps, c’est cette opposition qui décriait, de manière très virulente, cette haute juridiction. C’était le cas lors du référendum et des élections législatives. Revenir pour saisir la même juridiction relève d’une incohérence, à mon avis. Je me réjouis toutefois que, quelles que soient nos appréhensions, quelles que soient les divergences, les gens se retournent toujours vers nos institutions. J’en appelle donc à la responsabilité de tous les acteurs politiques. Nous avons tous intérêt à avoir des institutions fortes, crédibles. Nous devons, par conséquent, les respecter. Maintenant, nous, nous avons confiance en la justice. Je pense que le Conseil va dire le droit comme il l’a toujours fait. Nous ne doutons pas de l’issue, parce que la loi a été respectée dans toute sa rigueur.

Cela ne pose-t-il pas problème qu’une loi de cette importance puisse être votée sans débat ?

Il y a eu un débat en amont et en aval. Pendant plusieurs mois, la question du parrainage a été débattue sur la place publique. Toutes les discussions ont été menées au niveau du Cadre de concertation sur le processus électoral. Il faut aussi retenir que ce sont ces gens qui disent urbi et orbi qu’il n’y avait pas eu de débat qui l’ont boycotté. Ils l’ont fait de la manière la plus maladroite et discourtoise. Combien de fois le président les a appelés à la table des négociations ? Ils ne respectent même pas les autres acteurs politiques. En tant qu’acteurs, ils auraient dû avoir un minimum d’élégance vis-à-vis des pairs. Le jour du vote, nous avons eu neuf heures de débat. Que veulent-ils d’autre ? S’il n’y a pas eu de débat sur le fond, l’opposition n’a qu’à s’en prendre à elle-même… Les députés de Benno Bokk Yaakaar, avec hauteur et esprit de dépassement, ont, dans le respect du règlement intérieur, adopté la loi en toute responsabilité. Je pense que c’est le plus important. J’en appelle à l’opposition pour qu’elle revienne à la raison. Il n’est pas trop tard de rejoindre la table des négociations, puisque la révision constitutionnelle n’est qu’un élément. Il reste à discuter des différentes déclinaisons de cette loi portant sur le parrainage.

En faisant voter cette loi, malgré les opinions divergentes, malgré l’appel des religieux, particulièrement l’Eglise, Macky Sall ne conforte-t-il pas qu’il est un président va-t-en guerre ?

Le président de la République n’a rien à voir avec cette loi. C’est certes un projet de loi, mais il émane des recommandations du Cadre de concertation des acteurs politiques… Maintenant, moi, je n’ai pas ouïe dire de cette étiquette de va-t-en guerre qu’on collerait au président. Si elle vient de l’opposition, cela ne mérite pas de commentaire. Ce qui nous intéresse, c’est l’avis des Sénégalais sur la nature, le comportement du chef de l’Etat et ses actions. Ce peuple dit qu’il faut laisser le président de la République continuer son travail. C’est pourquoi les appels à un 23 juin bis n’ont eu aucun effet. Le peuple sénégalais est réfléchi et il sait faire la différence en temps opportun. Le drame de l’opposition est juste de n’avoir pour ambition que de vouloir renverser un régime démocratiquement installé, par des allégations, des contre-vérités et la manipulation. La véritable étiquette du chef de l’Etat est d’être celui qui s’est engagé à réduire les inégalités, d’être l’homme qui a traduit en réalité la territorialisation des politiques publiques, d’avoir renforcé l’accès à l’eau potable et à l’électricité en milieu rural, d’être l’homme de la mécanisation de l’agriculture, d’être celui qui a porté la croissance de 1,7 % en 2011 à 7,2 % en 2018…

Maintenant que la loi a été votée, quelles garanties peut offrir la majorité par rapport à certaines craintes relatives notamment au risque de double parrainage ?

Il faut savoir que depuis plusieurs décennies, le Sénégal organise des élections. Et cela n’a pas empêché l’avènement d’alternances. Nous avons un système certes perfectible, mais qui a donné un certain nombre de satisfactions. Les garanties ne peuvent être mises en œuvre que d’un commun accord avec les partis politiques. En tant que majorité, nous aurons des propositions à faire. Je pense qu’il devrait en être de même pour l’opposition. Il ne sert à rien de sortir du cadre réglementaire et de vouloir régler les problèmes dans la rue. Tout de même, il y a un encadrement sur les modalités de dépôt des listes. Il y a aussi un encadrement par le biais des recours. Aussi, il faut rappeler que le parrainage ne date pas d’aujourd’hui. Nous avons un système rompu à cette tâche. Ce qui va changer, c’est seulement le nombre de dossiers.

Vous êtes informaticienne. Des gens ont proposé la mise en place d’une plateforme informatique pour la sécurisation du processus. En tant que technicienne, pensez-vous que cela est faisable ?

Le parrainage est encadré par la loi. Les modalités de mise en œuvre le seront également par la loi, par le Code électoral. Il faudra attendre la modification du Code électoral pour savoir comment sera mené le processus. Mais, encore une fois, les recommandations seront issues des différentes parties prenantes. Ce qui est important pour moi, c’est qu’on puisse aller vers des formes de parrainages fiables. Par rapport à l’informatisation, on a noté, lors de la refonte partielle du fichier, beaucoup d’ennuis techniques, surtout dans les zones reculées. Je pense donc qu’il peut y avoir des alternatives plus adéquates. Dans tous les cas, nous avons une administration rompue à la tâche, qui pourra trouver des formules qui puissent rassurer tous les acteurs.

Un des éléments qui a été à la base de ce parrainage, de cette prolifération des candidatures, c’est le nombre de partis. Etes-vous pour ou contre leur limitation ?

La prolifération des listes ne découle pas des partis politiques. Il y a aussi les indépendants qui concourent à l’expression du suffrage. C’est ça le charme de notre démocratie, qui est une démocratie qui évolue, une démocratie dynamique. En conséquence, il faut mettre en place des garde-fous pour la modernisation de ce système démocratique. C’est dans ce sens que s’inscrit cette loi. Par contre, je suis pour la limitation des partis politiques, car il est très facile d’en créer. Malheureusement, la plupart de ces partis sont créés sur la base de l’émotionnel, de la frustration, non sur la base d’une vision, d’un programme de société. Au demeurant, il y a des partis qui se créent et qui ne participent jamais à des élections. Le peuple a besoin d’acteurs conscients de leurs devoirs, de leurs responsabilités, plutôt que des chefs de parti qui créent des structures juste pour en faire des instruments de négociations ou des escaliers pour atteindre des ambitions souvent personnelles.

A quelques mois de la présidentielle, certains estiment que la cote de popularité du chef de l’Etat a baissé. Cela ne vous fait-il pas peur pour les élections à venir ?

Je ne sais pas sur quels indicateurs vous vous appuyez, mais je m’inscris en faux. La cote de popularité du président n’a pas du tout baissé. Et les élections qui se sont succédé le prouvent amplement. La coalition Benno Bokk Yaakaar a tout raflé. Par contre, au-delà du président de la République, il y a le coefficient de ses collaborateurs qui entrent en jeu dans la perception des Sénégalais. Par moments, il y a des erreurs que nous faisons, mais c’est normal parce que nous sommes des humains. Nous ne sommes pas parfaits, mais le plus important c’est l’intention et les réalisations palpables du gouvernement. Des réalisations que personne ne peut nier.

Vous avez parlé de l’entourage du chef de l’Etat où il y a beaucoup de clivages. Cela ne peut-il pas vous porter préjudice ?

Cela peut avoir des effets, mais il faut les contenir. C’est cela une coalition. Même dans une famille, il peut y avoir des divergences de points de vue. A fortiori dans un parti politique et une coalition. Les contradictions ne peuvent manquer, mais je pense que nous avons pu les gérer. Ce qui est à la base de la durabilité de la coalition.

Mais quand ça débouche sur des bagarres comme récemment entre Abdoulaye Daouda Diallo et Cheikh Oumar Hann, n’y a-t-il pas lieu de (re) mettre de l’ordre ?

Je ne maitrise pas les tenants et les aboutissants de cette bagarre. Je ne peux donc pas faire des commentaires particuliers. Ce que je peux dire est que tout excès est nuisible. Quand on a en charge la destinée d’un pays, il faut se prémunir de toutes les garanties. Ça passe par la discipline, la rigueur, mais également le sens de la responsabilité.

Pendant que la majorité se signale par ses divergences, l’opposition se réunit. Cela ne vous fait-il pas peur ?

Nous n’avons pas peur de cette opposition. Avant même de se rapprocher, vous les avez entendus se disputer par presse interposée. Parce que ce qui les divise est plus fort que ce qui les unit. Même s’ils ont tous en commun le rejet de la personne du président de la République. Vous ne les entendrez jamais critiquer les politiques mises en œuvre. Mais malgré cela, les opposants ne peuvent pas s’entendre, parce que chacun veut le fauteuil. Ils veulent obtenir, par voie administrative, ce qu’ils ne peuvent obtenir par les urnes. C’est inadmissible. Nos adversaires politiques veulent reproduire le schéma de Benno Siggil Senegaal, mais c’est peine perdue. L’opposition d’aujourd’hui se bat pour des intérêts crypto-personnels. C’est pourquoi le peuple ne suivra pas.

Parlons maintenant du front social en ébullition. N’est-ce pas contre-productif de proférer des menaces à l’endroit des enseignants ?

Je ne dirais pas que ce sont des menaces. L’Etat ne menace pas ses citoyens. Il est là pour protéger les personnes et leurs biens, mais aussi pour garantir des meilleures conditions d’existence des Sénégalais en matière d’éducation, de formation, de santé... Le plus important est de savoir les progrès réalisés par l’Etat dans la satisfaction des revendications. C’est tout à l’honneur du gouvernement d’avoir fait l’ultime effort en direction des enseignants. Il faut constater les faits. Sur la base de sa mission régalienne, l’Etat a décliné la prochaine étape. Parce qu’à un moment donné, il faut bien trancher. Maintenant, l’école, c’est l’avenir de toute la nation. Il nous faut un ultime sursaut patriotique pour voir les formes les plus appropriées pour dépasser cette crise. Ce qu’il faut déplorer, c’est que le combat de revendications professionnelles glisse vers des revendications politiques. L’on peut aujourd’hui valablement s’interroger sur le fait que cette contestation perdure. Certains syndicalistes, sous le manteau de l’école, de l’éducation, veulent régler des problèmes personnels, politiques. Quand on dit qu’on tourne le dos au ministre de l’Education nationale, ce n’est pas républicain. Chacun peut faire de la politique, mais il faut faire la part des choses. Toute chose a une limite.

Vous êtes fille du religieux Ahmed Iyane Thiam. Y a-t-il une influence de votre père sur votre engagement politique ?

Il n’y a pas d’influence formelle. D’ailleurs, lorsque nous mettions en place ce parti (Uds/Innovation) et que je sois portée à sa tête, il n’était même pas au courant. Par contre, il y a une influence indirecte de par l’éducation, de par les valeurs qu’il nous a inculquées et, forcément, il y a une certaine dimension de sa personnalité que vous retrouvez en chacun de ses enfants. En plus, c’est un grand démocrate. Dans la famille, nous avons aussi de l’opposition dans la maison Iyane Thiam. Lui-même s’exprime souvent sur les questions politiques. Il peut arriver que nous ne soyons pas en phase, mais chacun respecte les points de vue de l’autre. C’est cela la démocratie. Chacun doit respecter l’opinion de l’autre pour le bien du Sénégalais.
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