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Audition d’Abou Khaled: ‘’Mon oustaz m’a envoyé dans le fief de Boko Haram’’
Publié le samedi 28 avril 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Palais de justice de Dakar
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La comparution de Cheikh Ibrahima alias Abou Khaled a mis fin, hier, à l’audition de ceux qu’on pourrait qualifier de seconds couteaux, dans l’affaire de terrorisme dite affaire Imam Ndao. Face aux juges de la Chambre criminelle, l’accusé a accusé son maître coranique de l’avoir envoyé au Nigeria, chez les djihadistes de Boko Haram.

Finies les auditions des seconds couteaux dans l’affaire de terrorisme dite affaire imam Ndao. Il ne reste que les deux têtes de gondole, notamment Makhtar Diokhané dit Abu Anwar et l’imam Alioune Ndao. L’audition du premier était programmée pour hier, mais le président de la chambre criminelle spéciale du tribunal de grande instance de Dakar l’a renvoyée à lundi. A la fin de la comparution du 27ème accusé nommé Cheikh Ibrahima alias Abou Khaled, le juge Samba Kane a suspendu l’audience pour éviter une interruption dans l’audition de Diokhané. L’accusé, qui a bouclé la 12ème journée du procès, fait partie du groupe de Sénégalais arrêtés au Nigeria à leur retour des fiefs de Boko Haram. Tout comme ses compagnons de guerre (Abdou Aziz Dia alias Abu Zouber, Oumar Yaffa alias Abu Afsa et Mouhamadou Lamine Mballo alias Zilkifli), le natif de Diaobé a nié avoir participé aux combats. Il accuse son maître coranique, Moussa Mbaye, de l’avoir envoyé chez les membres de la secte Boko Haram, alors qu’il lui avait promis des études.

‘’Un jour, après la prière de Takusaan, alors que nous étions au daara, à Lac Rose, notre maître a appelé trois d’entre nous pour réciter. Après la séance de récitation, il nous a fait savoir qu’il allait nous envoyer au Nigeria, car on y appliquait la Charia et que nous allions approfondir nos connaissances en études coraniques’’, a narré l’accusé. Et de poursuivre : ‘’Deux jours après, il m’a appelé en me demandant de faire mes valises. Ainsi, j’ai téléphoné à mes parents et ils ont prié pour moi.’’ Le jour du voyage, en mai 2014, Moussa Mbaye lui a demandé de se rendre à la gare routière de Pikine où un certain Ibrahima Ba viendrait lui remettre la somme de 150 000 F CFA destinée à son transport. Sur place, il y a trouvé son ami Abdou Aziz Dia et tous les deux ont pris un véhicule ‘’7 places’’ en direction de Kaolack où ils ont rejoint Ibrahima Diallo et Mouhamed Mballo.

‘’S’agit-il de Mouhamed Lamine Mballo alias Zilkifli présent ici ?’’ lui demande le juge. ‘’Non. Zilkifli, je l’ai laissé au Nigeria’’, a allégué Abou Khaled, prenant ainsi le contre-pied d’Oumar Yaffa qui, lors de son audition, avait désigné leur co-accusé comme étant celui avec qui ils ont voyagé. Revenant sur leur périple, le jeune homme de 24 ans a expliqué qu’à Kaolack, ils ont pris un bus qui les a conduits à Djiffa, frontière nigériane. De là, deux personnes à bord de deux de motos sont venues les chercher pour les conduire dans la ville d’Abadam.

Il dit y avoir retrouvé son marabout, Moussa Mbaye, ainsi qu’un certain Abuza qui serait Cheikh Abdallah Coulibaly, grand frère de l’accusé Pape Kibili Coulibaly. ‘’Nous sommes restés plusieurs mois avant d’aller à Fathul Moubine où nous avions été hébergés par Abu Amir. Quelques mois après, nous sommes partis à Sambissa’’, a expliqué l’accusé, précisant que c’est à Fathul Moubine qu’il a su qu’il était dans le fief de Boko Haram. Le procureur : ‘’Sur quoi vous êtes-vous basé ?’’ Abu Khaleb de rétorquer : ‘’Parce que mon Oustaz m’avait dit qu’on était plus en sécurité et j’entendais des bombardements.’’ A la question de savoir ce qu’est devenu son maître coranique et s’il ne se sentait pas utilisé, l’accusé a servi une réponse nuancée. ‘’J’ai perdu de vue mon maître depuis le Nigeria. Je ne peux ni affirmer ni infirmer son décès. Je ne dirais pas qu’il m’a trompé en me conduisant au Nigeria, mais je n’ai rien vu de tout ce qu’il m’a promis, alors que je lui faisais confiance’’, a-t-il avancé.

Par ailleurs, contrairement aux aveux qu’il aurait faits à l’enquête, à la barre, l’accusé a soutenu qu’il n’a jamais assisté ou participé à un combat et qu’il vivait avec la population locale qui vaquait tranquillement à ses occupations. Alors que devant le magistrat instructeur, il aurait déclaré n’avoir pas participé aux combats, car les combattants de Boko Haram sont tellement nombreux qu’ils n’ont pas besoin du soutien des Sénégalais. Il aurait également soutenu : ‘’Ce que j’ai vu au Nigeria n’est pas du djihad, car j’ai constaté beaucoup de choses contraires à l’Islam.

Comme l’interdiction de la carte d’identité, la terreur, l’interdiction de l’école occidentale, les tueries et les violences dans les places publiques’’. Abu Khaled a contesté avoir tenu ces propos, ainsi que les déclarations sur l’implantation de la Charia au Sénégal. ‘’Je souhaite que la Charia soit appliquée au Sénégal. Selon les recommandations divines, les « Koufar » (mécréants) doivent être tués et ceux qui sont avec eux. Je suis prêt à éliminer les ‘’Koufar’’ que Dieu a cités’’, ont mentionné les enquêteurs. L’accusé a battu tout cela en brèche, non sans exprimer ses regrets par rapport à son séjour. ‘’J’ai beaucoup appris de cette expérience. Je me demande comment on peut enfermer une personne dans une petite cellule où elle fait tous ses besoins et lui servir un seul repas par jour, alors qu’on parle tout le temps de droit de l’Homme ? Je ne vais plus m’aventurer à voyager dans un pays que je ne connais pas’’, dit-il sur un ton plein de dépit.

FATOU SY
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