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Crise scolaire: Le gouvernement lance un ultimatum aux enseignants
Publié le mercredi 25 avril 2018  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
Sommet du NEPAD sur le financement des infrastructures en Afrique à Dakar
Dakar, le 15 Juin 2014- Le Sommet de Dakar sur le financement des infrastructures en Afrique s’est ouvert à Dakar, dimanche matin, en présence de trois chefs d’Etats d`Afrique de l`Ouest. Ils ont insisté sur la nécessité de briser toute dépendance vis-à-vis de l’extérieur, en privilégiant les financements sur ressources propres dans la mobilisation de ressources pour la réalisation de projets. Photo: Macky Sall, président de la République du Sénégal
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Le gouvernement lance, dans un communiqué, un ultime appel aux enseignants pour une reprise immédiate des cours. Les syndicats d’enseignants qui organisent une marche nationale, aujourd’hui, mercredi 25 avril, à Diourbel, se braquent et se disent être «prêts à tout» pour obtenir gain de cause.

Enough is enough ! Trop, c’est trop ! C’est un ras-le-bol que le gouvernement a exprimé dans un communiqué parvenu à la Rédaction de Sud Quotidien hier, mardi 24 avril et qui sonne comme un ultimatum à la grève des enseignants.

Face à la persistance des quatre syndicats d’enseignants, notamment le Saemss, le Cusems, le Sels/A et l’Uden, de poursuivre la lutte, le gouvernement «voudrait lancer un ultime appel aux enseignants pour une reprise immédiate des cours». Le ton est donné ! Il est sec et ferme !

Dans son édit, le gouvernement estime que «le mouvement social risque de mettre en péril, non seulement l’année scolaire, mais aussi l’avenir des élèves et du système éducatif de notre pays, nonobstant les immenses efforts déjà réalisés par l’Etat ».

Rappelant à l’opinion et aux enseignants, sa responsabilité d’assurer le Droit à l’éducation à tous les enfants de notre pays. Le gouvernement prendra toutes mesures de sauvegarde nécessaires à la continuité du service public de l’Education.

Non sans souligner que le «Gouvernement a déjà pris toutes les dispositions utiles pour un réaménagement du calendrier scolaire et en appelle, lit-on dans le communiqué, au sursaut de tous, pour une reprise effective des enseignements dans tous les établissements publics». Car, précise le document signé par le ministre, porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, différentes actions ont déjà été réalisées pour l’apaisement du climat scolaire.

L’état liste ses engagements

L’Etat rappelle son engagement relatif à «l’extinction progressive des corps émergents par le reclassement et la mise en solde des enseignants contractuels qui a coûté au Gouvernement 43 milliards de 2015 à 2017, avec un quota des mises en solde relevé au niveau de 10.000 enseignants par an». Toujours dans son argumentaire de montrer les initiatives prises allant dans le sens du respect du protocole d’accords, le gouvernement estime avoir dégagé une «enveloppe de 18 milliards FCfa de rappels pour la validation des années de volontariat, de vacation et de contractualisation».

Dans cette palette d’initiatives, le gouvernement rappelle «la décision du chef de l’Etat, d’augmenter de l’indemnité de logement pour la porter de 60.000 FCfa à 85.000 FCfa par mois et par enseignant-fonctionnaire ainsi que la revalorisation du traitement de tous les enseignants contractuels pour un montant forfaitaire de 10.000 FCfa». Si l’indemnité de logement a été portée à 85 000FCfa par le président de la République à l’issue d’une audience accordée aux syndicats, il n’en demeure pas moins la question nodale de cette indemnité constitue le point d’achoppement des négociations entre les deux parties. Ainsi, les syndicats d’enseignants déchirent cette proposition, en dépit de l’appel des autorités religieuses à la reprise effective des enseignements. Les plans d’actions s’enchainent après la fête pascale avec une radicalisation sans précédent marquée par un mouvement de deux semaines ponctué de débrayages, de grèves totales, d’un appel de boycott des cours dans le privé et une marche nationale, aujourd’hui, mercredi, à Diourbel.

Les rencontres organisées entre le gouvernement et les partenaires sociaux du secteur de l’éducation, ont été vaines en ce sens que le climat scolaire est toujours dans une situation chaotique.

«Le Gouvernement voudrait rappeler à l’opinion, les différentes initiatives qu’il a eues à entreprendre, pour assurer la reprise normale des enseignements sur l’ensemble du territoire national», explique Seydou Gueye.

REACTIONS... REACTIONS...

Abdou Faty, SG Sels/A : «Les enseignants sont prêts à tout»

«Le gouvernement doit être conséquent avec lui-même. Voici un gouvernement qui a fait des propositions sans pour autant revenir à la table de négociations pour nous écouter. Il fallait revenir pour que nous tous ensemble, dans un document de référence, puissions retenir des choses avec des échéances claires, notamment définir la typologie des actes et les modalités de prise en charge. Si nous prenons l’exemple des zones d’aménagement concertées, notamment les personnes, il n’y a rien de clair par rapport à la date de livraison des parcelles, à part quelques Zac. Quel est le plan Marshall du gouvernement pour épurer la dette de 85 milliards FCfa pour la prise en charge des actes ? Le gouvernement doit prendre des engagements écrits. Sur l’indemnité de logement, le chef de l’Etat a fait une proposition, mais jusqu’ici le gouvernement ne nous a pas appelés. Sur la question de logement, la grande préoccupation constitue les délais lointains et la perspective de compléter les 100 000FCfa. L’ultimatum du gouvernement ne nous surprend pas. On a été réprimé à Ziguinchor ; des enfants blessés à Thiès. Les autorités ne nous surprendront pas cette année. Elles avaient utilisé des réquisitions pour contraindre les enseignants. Nous avons pris toutes nos dispositions pour contrer ces menaces. Nous leur disons que les enseignants sont prêts à tout, même à être radiés, mais prêts également à les radier».

Abdourahmane Gueye «Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de notre logique»

«Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de notre logique. Le gouvernement se doit de regarder objectivement la réalité en face, en apportant des solutions acceptables. Ce ne sont pas les menaces qui vont nous faire reculer. Cette démarche des autorités ne va pas prospérer. Si l’Etat ne réagit pas, nous allons sortir un 8ème plan d’actions à partir de demain (aujourd’hui, Ndlr). Il faut que l’Etat corrige ces disparités notées dans la fonction publique. Nous n’allons pas retourner dans les salles de classes tant que les problèmes ne seront pas réglés. La base veut que l’Etat aille jusqu’à 100 000 FCfa pour l’indemnité de logement échelonné sur deux ans. Les bonnes volontés qui voulaient trouver un dénuement de l’année scolaire, ont été court-circuités par le ministre de l’éducation nationale (Sérigne Mbaye Thiam, Ndlr) qui a voulu sauver son poste».

El Hadji Malick Youm, Secrétaire général adjoint du Saemss : «Prêts à aller à la confrontation»

«A la lecture du communiqué du gouvernement, nous pouvons dire que la situation est grave. Les autorités sont les seules et uniques responsables de ce qui se passe dans le secteur de l’éducation et de la formation. Ils ont signé des engagements non respectés. Les points mentionnés dans leur communiqué, constituent une goute d’eau dans la mer des engagements signés dans le protocole d’accords. Nous rappelons à tous les acteurs que les enseignants n’ont de leçons de patriotisme à recevoir de personne. Nous sommes les bâtisseurs de la Nation, car ce sont les enseignants qui ont accepté l’année dernière de surseoir à leur mot d’ordre de grève pour donner le temps au gouvernement de matérialiser les accords signés. Nous avons constaté le niveau de matérialisation est négligeable. Nous ne sommes pas prêts à céder sous l’intimidation. Nous ne sommes pas prêts aussi à transiger sur l’exercice d’un droit constitutionnel. Tant qu’il nous sera permis par les lois et règlements en vigueur, de dérouler des plans d’actions, nous allons dérouler pour amener le gouvernement à matérialiser les accords. Les enseignants sont prêts à aller vers une logique de confrontation».

PR BUUBA DIOP, ANCIEN MEDIATEUR DE L’UCAD : «Il faut éviter une tragédie»

«Nous sommes dans une situation dramatique qu’il faut éviter que cela se transforme en tragédie. Nous vivons un drame dans la mesure où les élèves battent désormais le macadam. C’est la conséquence de l’échec du processus de dialogue engagé jusqu’ici par les parties prenantes qui doivent faire en sorte que la crise cesse. Les solutions de sortie de crise ont été préconisées depuis les états généraux. Une vingtaine de pages a été consacrée dans les Assises nationales, pour régler les questions financières. Pourquoi nous n’avons pas mis en place un comité de suivi des conclusions des Assises ? Est-ce que le gouvernement a mis en place un dispositif pour combler le gap financier ? Ce qui fait que nous tournons en rond. Tous ces problèmes trouvent leurs solutions dans le document des Assises. Le gouvernement ne veut pas être dans une situation où il avoue son incapacité à dégager une telle enveloppe pour la prise en charge des accords. On doit interroger les acteurs sur les pistes de sortie de crise. La solution existe à condition que les gens soient humbles. Il faut que le gouvernement soit modeste. Le problème de l’école est global, du préscolaire au supérieur. Il ne faut pas envisager une année blanche».

Ibrahima BALDE
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