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Enlèvements - Enfants de la rue - Migration clandestine: Seydina Issa Laye Thiaw questionne la société
Publié le mercredi 18 avril 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DG
Début de la 138e édition de l`Appel de Seydina Limamou Laye
Dakar, le 16 avril 2018 - La 138e édition de l`Appel de Seydina Limamoulaye a démarré, aujourd`hui. Des dizaines de milliers de pèlerins ont rallié Yoff - Ngor et Cambérène pour les besoins de cette célébration importante.
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Pour le discours d’inauguration du 138e Appel de Seydina Limamoulaye à Cambérène, le coordonnateur de cet évènement a interrogé les pouvoirs publics et toute la société sur la question sensible de la prise en charge des enfants (de la rue).

C’est une invite à l’introspection sociale qui est adressée à tous : à l’Etat, aux parents, aux éducateurs, aux chefs de confrérie, aux disciples venus l’écouter. Même sa propre personne n’échappe pas à cet appel à prendre conscience de la gravité de la problématique des enfants au Sénégal. Seydina Issa Laye Thiaw a été même d’un pronostic plutôt pessimiste, mais lucide. ‘‘Soyons vigilants. Si ceux qu’on appelle ‘enfants de la rue’ grandissent sans encadrement, ce sera une véritable instabilité sociale dans une décennie’’, a avancé le fils aîné du khalife des layènes, par ailleurs coordonnateur de l’Appel. Pour cette 138e édition, la tribune du dignitaire layène a été éminemment sociale.

La série d’enlèvements d’enfants ayant débouché sur trois morts et créant une énorme psychose, n’a pas plus attiré son attention que la résignation de la société sénégalaise face au phénomène de l’enfant de la rue en général. ‘‘Ce n’est pas nouveau, les enfants ont toujours été enlevés au Sénégal. Mais doit-on trouver normal que ces nombreux gamins qu’on voit quotidiennement tous les matins au réveil déambulant et couchant on ne sait où, qu’ils grandissent avec ce sentiment d’abandon ? Les enfants de la rue ! Un enfant n’a pas sa place dans la rue. Mais comme nous voulons y loger nos progénitures, s’ils grandissent, ce sera la catastrophe. Je n’interpelle pas l’Etat seulement. Nous (layènes) et surtout tous les foyers confrériques - parce que certains se cachent derrière eux - sommes particulièrement concernés’’, a-t-il affirmé hier en ouverture à la célébration de l’Appel de son arrière grand-père.

Malgré un programme de retrait de ces enfants entamé depuis juillet 2017 et une récente réactivation en fin mars 2018, le problème demeure. Le marabout layène de s’interroger sur les évolutions de ce que sont devenues les écoles de formation coranique ainsi que des intentions de leurs tenanciers. ‘‘Les ‘daara’ ont formé une partie de l’élite actuelle de ce pays. Mais peut-on qualifier ce qu’on voit actuellement de ‘daara’ ? Il y a des gens qui cherchent à faire du lavage de cerveau. Une maison abandonnée où il n’y a que des enfants, c’est préoccupant. Si ça éclate, personne ne sera épargné, il n’y a pas de miracle. Quand il y a invasion acridienne, les champs du marabout aussi bien que ceux des disciples sont envahis par les criquets’’, paraphrase-t-il pour faire passer son message, en estimant que les décideurs ne doivent être seuls à faire face au phénomène. ‘‘On met tout sur le dos des pouvoirs publics, peut-être. Mais moi, nous, vous la communauté, la société, tout le monde est concerné. Les enfants sont la cible des personnes aux intentions inavouées. Soyons vigilants avec nos familles. Nous sommes au Sénégal, nous n’avons pas besoin d’importer des pratiques religieuses. On n’acceptera pas que des gens non identifiés procèdent au lavage de cerveau des enfants en toute tranquillité. Contrôlons nos enfants et notre environnement’’, a-t-il prévenu.

En connaisseur des questions d’actualité - il est également haut-conseiller au Hcct - il a parlé des trois grandes crises actuelles : migratoire, écologique et sécuritaire. Le premier aspect a particulièrement retenu son attention, puisqu’il en a profité pour dénoncer quelques logiques sociales qui poussent les jeunes Sénégalais à s’aventurer dans l’immensité océane. ‘‘Il faut croire en Dieu. Ce n’est pas parce que le fils du voisin a construit une maison à étage qu’il faut inciter les jeunes désœuvrés dans nos maisons à tenter l’aventure’’, a-t-il invité. Après un pic au milieu des années 2000, la migration clandestine à destination de l’Europe a repris de plus belle, ces trois dernières années. Le phénomène a même pris de l’ampleur, au point de développer une nouvelle filière en Amérique latine, dont le point de chute final demeure les Etats-Unis d’Amérique.

‘‘Nous ne sommes pas des anges’’

Pour coller au thème de cette 138e célébration, ‘‘L’islam, une religion d’équilibre et du juste milieu’’, le coordonnateur de l’Appel a appelé les croyants de tout bord à faire preuve de discernement et de justesse dans l’observance, la pratique et l’interprétation des prescriptions et proscrits divins. ‘‘Il n’est pas besoin de prêcher devant des convertis. Nous sommes au Sénégal. Il faut de la mesure, car comme dit l’adage wolof : ‘Tout excès est nuisible.’ Certains ont été perdus par leurs désirs, d’autres par leur savoir. Le tout, pour un croyant, est de savoir prendre des deux. Nous ne sommes pas des anges. Une personne qui s’en apparente est un fanatique. Untel passe la nuit dans l’assemblée des anges n’est pas un motif de bravoure. Ces êtres sont des ‘robots’, nous sommes des humains. Il est plus rassurant d’entendre qu’untel est avec ses semblables qu’avec des êtres ailés. Ne vous laissez pas divertir. Ce type de croyance, ce n’est rien d’autre que de l’obscurantisme’’, a avancé Seydina Issa Laye.

Par ailleurs, il a appelé à préserver le modèle social sénégalais qui est parvenu à faire cohabiter une mosaïque de croyances et de tous types de diversité dans la plus grande cohésion. ‘‘Les confréries ont pacifié le Sénégal, l’Eglise a pacifié le Sénégal. L’équilibre de notre société a toujours reposé sur ces deux piliers. C’est un modèle qui a fonctionné et fonctionne jusqu’à présent. Pourquoi s’aventurer vers d’autres voies qui ont montré leurs limites ailleurs, alors que ceux qui l’avaient tenté essaient de renouer avec la paix civile que nous avons déjà ?’’, s’est-il demandé.
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