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Encourant 20 ans de travaux forcés : Samba poignarde une déficiente mentale pour… 50 F
Publié le jeudi 22 fevrier 2018  |  Enquête Plus
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Le parquet a requis hier une peine de 20 ans de travaux contre le nommé Samba Diallo. L’accusé, jugé devant la Chambre criminelle de Dakar, a poignardé une déficiente mentale de 14 ans, parce que celle-ci avait refusé de lui offrir une pièce de 50 F CFA.


Vu son état de déficiente mentale, ses parents l’enfermaient pour la protéger du monde extérieur. Mais le 24 décembre 2012, la jeune Kiné Fall avait échappé à la vigilance de sa famille. L’adolescente de 14 ans avait sauté du balcon et s’était mise à errer dans les rues de Pikine jusque tard dans la nuit. Hélas ! Ce que craignaient ses parents arriva. Alors qu’elle se trouvait à la station d’essence de Bountou Pikine aux environs de 1 heure du matin, elle est tombée sur Samba Diallo qui avait élu domicile en ces lieux. Le marginal qui a une addiction à l’alcool et au cannabis lui a demandé une pièce de 50 F CFA pour acheter du pain. Devant le refus de la fille, le SDF l’a poignardée au bas-ventre. Sur le chemin du centre de santé Dominique, Kiné Fall a succombé à ses blessures.

Informés, des éléments de la police de Pikine ont cueilli le mis en cause présentés par les témoins de la scène comme un déficient mental. A la police, Samba Diallo s’est comporté comme tel, puisque lors de son interrogatoire, il s’est illustré par des propos incohérents. L’accusé a déclaré aux enquêteurs qu’il était le roi des djinns et qu’il a été attaqué par ces derniers qui avaient à leur tête un certain David. Dans ses délires, il soutenait que celui-ci, armé d’un couteau ayant la taille d’une aiguille, l’a poignardé et il s’est défendu. Par conséquent, c’est un djinn qu’il a poignardé et non une personne. Malgré ce comportement, il a été déféré et écroué par le juge d’instruction pour meurtre.

Cependant, pour être édifié exactement sur l’état mental de l’inculpé, le magistrat d’instruction a requis un psychiatre. Dans son rapport, l’homme de l’art a conclu que Samba Diallo était dans un état second, à cause de la consommation d’alcool et de cannabis et se trouve dans un contexte de désocialisation chronique. En d’autres termes, il n’était pas dément et le juge a pu le vérifier, lors de l’interrogatoire au fond. Car il résulte de la procédure que lors de ce face-à-face, l’accusé a tenu des propos cohérents jusqu’à qualifier de ‘’pures inventions des enquêteurs’’ les mentions du procès-verbal.

Hier, à la barre de la Chambre criminelle de Dakar, il n’a pas laissé transparaître une quelconque déficience mentale. Moulé dans un ensemble ‘’thioup’’ marron foncé, l’accusé au crâne rasé a répondu aux questions des juges le plus correctement possible, même si sa version a fait rire sous cap. Plaidant non coupable, Samba Diallo a déclaré avoir été accusé injustement. ‘’J’ai été arrêté au cours d’une rafle et on m’a imputé le crime, car je détenais un couteau’’, s’est-il défendu. ‘’Mais un couteau tacheté de sang…’’, l’interrompit le président Seydi. ‘’Oui. Je suis tôlier et je l’ai pris dans notre garage, car on avait tué un mouton. J’ai mis le couteau dans ma poche en oubliant de le nettoyer’’, a-t-répliqué. Et le juge de le railler : ‘’Donc, c’était une matinée festive !’’

Dans son réquisitoire, le substitut Saliou Ngom a décrit l’accusé comme un auto-marginalisé, car il avait coupé tout lien avec sa famille, depuis 7 ans. A son avis, l’ivresse ne peut dispenser d’une sanction pénale l’accusé. Considérant Samba Diallo comme un danger pour la société, il a requis 20 ans de travaux forcés. ‘’M. le procureur, vous avez bien articulé, mais mal conclu car, si l’accusé est un danger pour la société, la prison n’est pas la solution. Il doit être soigné’’, a réagi d’emblée Me Abou Abdoul Daff. Aussi, a-t-il demandé qu’une expertise psychiatrique soit ordonnée. Mais également, il a plaidé l’application de l’article 50 du Code pénal qui dispenserait son client de peine, car rien ne prouve qu’au moment des faits, l’accusé était sous l’emprise de l’alcool et de la drogue, mais plutôt dément. A défaut, il a sollicité une peine moins lourde car, dit-il, ‘’les 20 ans, c’est compliqué pour un malade’’. Délibéré le 6 mars prochain.

FATOU SY
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