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La Bceao et le défi digital
Publié le samedi 17 fevrier 2018  |  Enquête Plus
Ahmadou
© Autre presse par DR
Ahmadou Al Amine Lo, Directeur national de la Bceao pour le Sénégal
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La finance digitale est en butte à certaines difficultés, du fait, entre autres, de l’attitude jugée insuffisamment proactive des banques pour exploiter pleinement les opportunités qu’elle offre. Le colloque sur les innovations financières et technologiques dans le secteur bancaire organisé à Dakar veut apporter les correctifs et repousser les horizons du secteur bancaire, en résolvant la question de la faible bancarisation.



Dans le contexte de faible bancarisation, la Bceao s’est fixée comme objectif, à travers une stratégie régionale d’inclusion financière, en synergie avec les stratégies nationales, d’‘’assurer, sur un horizon de 5 ans, l’accès et l’utilisation d’une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés, à coûts abordables à 75% de la population adulte de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa)’’. ‘’La stratégie met un accent particulier sur les principaux groupes cibles identifiés que sont les populations rurales, les jeunes, les PME, les personnes à faible éducation financière et les femmes. Pour atteindre cet objectif, il conviendra de miser, d’une part, sur l’offre de nouveaux services et produits par de nouveaux acteurs et, d’autre part, l’adaptation des services offerts par les institutions financières déjà établies, grâce à l’incorporation d’innovations technologiques’’, a indiqué, hier, le Directeur national de la Bceao pour le Sénégal, Ahmadou Al Amine Lo, lors du colloque sur les innovations financières et technologiques dans le secteur bancaire.

Ainsi, M. Lo a-t-il admis que les défis ‘’sont immenses’’ face à la problématique de la finance digitale. Evoquant les difficultés, le patron de la Bceao au Sénégal a cité celui de relever ‘’l’attitude insuffisamment proactive’’ des banques pour exploiter pleinement les opportunités offertes par la finance digitale : ‘’la concurrence entre acteurs, je veux nommer les sociétés de télécommunications, en tant qu’émettrices de monnaie électronique et fournisseuses d’accès d’une part, et les acteurs financiers d’autre part ; la difficulté pour les régulateurs bancaires et des télécoms à procéder à temps réel leurs réglementations au rythme des progrès technologiques’’, a-t-il souligné.

Même si le cadre de régulation et de supervision bancaire de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) s’avère dans sa contexture actuelle ‘’suffisamment robuste’’, selon Ahmadou Al Amine Lo, pour assurer la ‘’maîtrise adéquate’’ de l’impact sur le système bancaire. Mais aussi, la stabilité financière, l’entrée de nouveaux acteurs et produits innovants sur le marché. ‘’Les enjeux à prendre en considération, dans l’immédiat, sont exclusivement liés aux services de paiement. Au nombre de ces initiatives, il convient en particulier de citer l’adaptation du cadre juridique et de supervision, pour le rendre plus accessible à l’innovation technologique’’, renseigne M. Lo. Ainsi, le Directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) souligne que de nouvelles règles ont été édictées dans le domaine de la monnaie électronique. Et celles-ci se sont traduites par des ‘’avancées significatives’’ en termes d’élargissement de l’offre de services financiers et d’extension des réseaux de distribution.

Eviter des comportements ‘’non scrupuleux’’

En réalité, les innovations financières et technologiques repoussent, selon M. Lo, l’horizon du secteur bancaire et présentent des possibilités étendues d’accompagnement des économies des pays africains. ‘’Les institutions financières devront veiller à ne pas s’engager dans des comportements non scrupuleux, tels que ceux qui ont prévalu dans le cas des actifs toxiques vendus à leur clientèle et ayant débouché sur la crise des subprimes aux Etats-Unis’’, a-t-il prévenu. Pour ce qui est des régulateurs, M. Lo estime qu’ils devront assurer, à tout moment et en toute circonstance, la présence d’un cadre institutionnel pour toute innovation financière acceptée dans leur juridiction. En même temps, il faut veiller en particulier à la sauvegarde des systèmes de paiement.

Compte tenu de l’impact du développement du secteur financier sur la croissance et la réduction de la pauvreté, le Coordonnateur de la Direction générale des services financiers et de la compétitivité, Ismaëla Guèye, a signalé que cet objectif ‘’ne pourrait être atteint sans la construction d’un secteur financier inclusif et stable, innovant et efficient, porté sur le financement sain des activités productives’’. ‘’Malgré les avancées notées, la problématique du financement de l’activité économique continue de se poser dans la zone Uemoa. Et les progrès réalisés en matière d’inclusion financière et du développement du marché financier demeurent encore faibles comparés aux autres régions du monde’’, constate-t-il.

Pour ce représentant du ministre de l’Economie à cette occasion, l’enjeu que constituent les progrès technologiques permet d’améliorer l’accès aux services financiers, notamment en réduisant les coûts et en permettant d’élargir l’offre dans des zones reculées. ‘’Une inclusion financière durable et efficiente exige un équilibre entre l’innovation et les garde-fous qui permettent d’assurer la bonne santé du secteur financier. Et les innovations financières constituent indéniablement un progrès social et, à ce titre, elles méritent d’être soutenues’’, a-t-il dit.

Eloge au F CFA

Le Directeur national de la Bceao pour le Sénégal, Ahmadou Al Amine Lo, a demandé hier aux jeunes Africains de s’approprier le franc CFA. Car, pour lui, le franc CFA est ‘’l’une des meilleures monnaies’’ dans les économies en développement. ‘’Cette monnaie est africaine, gérée par les Africains sans aucune contrainte et nous en avons la gestion au quotidien. J’ai eu à occuper plusieurs fonctions au sein de la Banque centrale qui me permettent d’affirmer avec force que les jeunes d’aujourd’hui doivent, au lieu de suivre l’idéologie qui consiste à jeter le franc CFA, à s’approprier cette monnaie qui offre des pouvoirs d’achat aussi bien internes qu’externes’’, a-t-il soutenu.

Par rapport aux 50% de leurs ressources que les pays africains ‘’versent’’ au Trésor français, le patron de la Bceao au Sénégal a indiqué que ‘’c’est faux’’. ‘’Je dirais que c’est un mensonge qui est peut-être dû à une mauvaise connaissance de la question. La Banque centrale a des comptes dans presque toutes les grandes devises du monde.

Nous avons un compte en dollar à la Banque centrale américaine, un en yen dans une banque japonaise, un à celle d’Angleterre’’, a expliqué le patron de la Banque centrale au Sénégal. Avant d’ajouter que vu que comme le franc CFA est rattaché à l’euro, la Bceao a beaucoup de comptes en Europe, et notamment à la Banque de France, à la Deutsche Bundesbank (Banque fédérale allemande). ‘’Nous en avons aussi un au Trésor français et celui-ci est un compte d’épargne. Lorsque nous gagnons cent devises, nous en gardons cinquante là-bas. C’est un compte qui nous appartient et nous ne le touchons que quand nous avons des besoins. Chaque jour, il bouge, parce qu’on y verse l’excédent de nos revenus du jour. Quiconque vous dit qu’on verse de l’argent au Trésor français, dites-lui que c’est faux’’, a affirmé M. Lo.

L’entrée en vigueur, depuis janvier dernier, des règles prudentielles dites Bale II et Bale III, dans l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), démontre, selon lui, l’importance capitale qu’attache la Bceao à la stabilité financière. Ceci aux côtés de la stabilité monétaire qui est la caractéristique principale de la monnaie commune de l’espace, à savoir le Franc de la communauté financière africaine (F CFA). ‘’Cet environnement de stabilité macroéconomique, favorisé par le cadre institutionnel du franc CFA, dans un espace de marché unique des services bancaires, est un gage de réceptacle fécond à l’innovation au sens large et celle dans le domaine financier en particulier’’, a déclaré le Directeur national de la Bceao.

MARIAMA DIEME
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