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Communication de crise après le meurtre du pêcheur de Guet-ndar : Quand l’Etat attise le feu
Publié le jeudi 1 fevrier 2018  |  Walf Fadjri L’Aurore
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© aDakar.com par DF
Forum économique Sino-Sénégalais
Dakar, le 3 Juillet 2015 - Un Forum économique Sino-Sénégalais s`est ouvert ce matin à Dakar. Plusieurs autorités des deux pays étaient présentes à la cérémonie. Photo: Aly Ngouille Ndiaye
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La sérénité n’est pas la chose la mieux partagée dans la réponse au meurtre, par des garde-côtes mauritaniens, d’un pêcheur sénégalais.

Comme si elles étaient en concurrence dans le nivellement par le bas, les autorités sénégalaises ont multiplié les sorties les unes plus maladroites et guerrières que les autres.

Samedi dernier, un pêcheur sénégalais du nom de Fallou DIAKHATE a été tué dans les eaux territoriales mauritaniennes. S’ensuit une riposte sénégalaise faussement musclée, si peu coordonnée, sous-tendue par un vocabulaire si éloigné du diplomatiquement correct que l’on est en droit de se demander s’il y a un chef d’orchestre pour «arranger» des notes si discordantes. Cédant à la pression de l’opinion au lieu de chercher à la calmer, les autorités sénégalaises ont multiplié les sorties les unes plus maladroites et guerrières que les autres. Interrogé sur une radio de la place et alors qu’il était sur la route de Saint-Louis, d’après ses dires, le ministre de la Pêche fait siffler les premières balles. «Quand nous avons été saisis de cette question, la première mesure qui a été prise, c’est de dire que le corps ne doit pas être déposé à Diago comme ça a été le cas par la décision des garde-côtes mauritaniens. Comme il y a eu mort d’homme et cela s’est passé dans les eaux territoriales mauritaniennes, le corps doit être déposé à Nouakchott pour qu’une autopsie objective soit effectuée pour déterminer les causes réelles de cette mort», explique, sans gants, Oumar GUEYE.

Si c’est le ministre qui passe ainsi à côté de ses pompes, il ne faut pas attendre du gouverneur qu’il élève le niveau qualitatif de la riposte. Le représentant de l’Etat dans la région de Saint-Louis a même utilisé un vocabulaire qu’il se faudrait garder de faire lire aux futurs administrateurs et autres apprentis diplomates actuellement en formation à l’Ecole nationale d’administration (ENA). «Il faut que nos voisins mauritaniens sachent qu’ils n’ont pas affaire à des moutons ou des animaux (sic), mais à des êtres humains. Nous partageons un espace, certes, mais on ne peut pas, chaque fois, convoquer les bonnes relations et le bon voisinage le matin et tirer à balles réelles sur les populations la nuit. Je suis dégoûté par la façon de faire de nos voisins de la Mauritanie», cogne le gouverneur de la région nord. Et c’est son patron, le ministre de l’Intérieur, qui embouche la même trompette pour, dans un vocabulaire digne du zoo, condamner l’acte du voisin. «J’ai dit à nos compatriotes que c’est vrai qu’ils vont en Mauritanie pour pêcher, mais au même moment, le troupeau mauritanien est chez nous avec un quota qui dépasse largement ce qui est autorisé», déclare Aly Ngouille NDIAYE. Et de poursuivre : «L’animal ne connait pas de frontière comme les poissons également ne connaissent pas les frontières.» Comme si on avait besoin qu’on nous le rappelle…

Ce florilège de réactions renseigne à suffisance sur la perte de sérénité à la tête de l’Etat et sur le manque de coordination dans la riposte qu’un communiqué du gouvernement, ferme mais courtois, aurait permis de corriger. Et tout laisse croire qu’aucun ordre vertical n’a été donné pour mettre tout cela en musique. Pourtant, cela devrait être le cas, compte tenu des souvenirs douloureux que réveillent en chacun de nous les événements de 1989 entre les deux pays et qui, faut-il le rappeler, étaient partis d’un banal conflit de voisinage entre bergers et cultivateurs.

Ibrahima ANNE
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