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Interview - Sadio Mane à Lfctv : Confessions intimes d’un numéro 10
Publié le jeudi 25 janvier 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Sadio Mané (Liverpool/Sénégal) nommé pour le Ballon d`Or
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Fugue à Dakar pour poursuivre ses rêves de footballeur, anxiété maternelle à le voir jouer, goûts culinaires, musicaux, style de vie, rapports avec Naby Keita et Jurgen Klopp..., le meneur des Lions du Sénégal s’est laissé aller à quelques indiscrétions devant la caméra de Liverpool Football Club TV (LFCTV).



Dans ‘‘At Home With’’, une émission télévisée du club de Liverpool réalisée par la chaîne du club LFCTV, Sadio Mané donne un aperçu de son vécu quotidien. Cette production, présentée par David Vujanic, fait découvrir, derrière le sportif, l’homme domestique dans sa vie de tous les jours. Sadio Mané tout souriant et dans un anglais correct fait des révélations intéressantes sur sa vie. A commencer par un choix, celui de jouer au foot, difficilement acceptable pour ses parents. ‘‘Plus jeune, quand j’ai dit à ma famille que je voulais devenir footballeur, mes parents n’étaient pas d’accord. J’en ai parlé à quelqu’un qui était comme un père pour moi.

Je lui ai dit que je voulais quitter la Casamance pour Dakar ; qu’il m’aide, avec de l’argent, sans que personne ne sache. Je ne l’ai dit ni à ma mère, ni à mon oncle. Personne ne savait. Il m’a donné l’argent, j’ai fait mes bagages et suis parti pour Dakar. Ma mère a appelé partout en constatant mon absence ; tout le monde était paniqué. Un ami leur a dit que j’étais dans la capitale. Ils ont envoyé quelqu’un pour qu’il me ramène en Casamance. Personne dans ma famille ne pouvait croire que j’allais devenir un grand joueur de football. Après que j’ai fini mon cursus à l’école, ils se sont dit : puisque c’est ce qu’il veut, laissons-le essayer’’, confesse le numéro 10 des Lions. Sur insistance de l’animateur, il poursuit.

‘‘Je pense que je devais avoir 15 ans. J’étais absent une semaine, ils ont cherché partout dans Dakar et un ami leur a dit où j’étais exactement. Ils ont appelé mon frère pour qu’il me ‘‘récupère’’ et me ramène à la maison ; 7 heures de route en voiture’’, raconte-t-il dans un sourire délirant. Un choix difficilement acceptable au début, qui tient en partie à quelques appréhensions paternelles sur l’univers clinquant du foot-business. ‘‘Mon père est imam dans mon village. C’est peut-être le problème initial car il ne voulait pas que je joue au foot. Il pensait que j’allais changer en grandissant. C’est ce qui a tout compliqué au début. Il voulait que j’étudie, que je sache le max sur ma religion (...). Il m’a pardonné, mais je pense qu’il veut que j’enlève ça (désignant la raie teintée sur sa coiffure). Ma mère aussi. A chaque fois que je sens qu’elle va en parler, je change de sujet ou je fais semblant de sortir’’, déclare-t-il dans son salon où le joueur de LA Galaxy, Clément Diop, était présent.

‘‘Ma mère ne me regarde pas jouer à la télé’’

Fini donc tous ces tiraillements sur le choix de vie. Sadio arrive à Metz, sans le dire à sa mère. Les vicissitudes de l’univers foot le conduisent en Autriche malgré sa fulgurante évolution avant qu’il n’atterrisse en Angleterre. Là, il peut compter sur le soutien bouillonnant d’un stade dont la réputation dans ce domaine n’est plus à démontrer. Mais il ne peut compter sur celle d’une mère trop impliquée émotionnellement. ‘‘Jusqu’à présent, elle ne me regarde pas jouer à la télé. Pourquoi ? Parce qu’elle est tout le temps anxieuse, c’est comme si elle était malade. Elle demande tout le temps à mon ami si j’ai marqué. Mais elle ne me regarde pas à la télé. Même si je lui dis que la partie est finie, elle ne regarde pas. Elle est toujours stressée si j’ai un match’’, confirme-t-il avant de raconter une anecdote qui en dit long sur l’appréhension maternelle à voir son rejeton jouer. ‘‘(...) Elle était là récemment, mais elle n’a jamais été à Anfield. Une fois, j’évoluais à Southampton ; mon oncle l’a forcée à venir mais elle est sortie du stade après deux minutes de jeu. Au fait, elle regarde le foot, mais jamais quand je joue.’’

‘‘Firminho essaie de me faire danser tout le temps’’

Les grandes stars ont aussi adulé d’autres étoiles avant de briller. Sadio n’échappe pas à la règle. ‘‘Ma première idole, c’est El Hadji Diouf, ensuite Ronaldinho. Tout le monde l’adore, c’est le roi de la Samba. Je suis trop timide pour danser par contre. Firminho essaie de me faire danser tout le temps mais je lui dis : ‘‘arrête mec, la danse, c’est pour toi, pas pour moi’’, confesse-t-il devant l’insistance de l’animateur à lui faire faire quelques pas. Peine perdue, mais il avoue aussi écouter beaucoup Youssou Ndour, son artiste favori, et regarder les séries et films dont les préférés sont ‘‘Power’’, ‘‘Arrow’’, et ‘‘Game of Thrones’’.

Malgré son succès dans la Merseyside, Sadio veille à ses fréquentations. ‘‘Non je n’ai pas beaucoup d’amis. J’en ai deux qui habitent Southampton qui viennent regarder les grands matches comme contre Chelsea ou Arsenal’’, affirme-t-il. Résultat, le meneur des Lions regarde le foot à la télé à ses heures perdues car il ‘‘ne sait pas jouer à la playstation’’. Autrement, c’est le ping-pong avec des amis ou avec son chef cuisinier Jeff. Ce dernier assure qu’il veille à la ligne du Lion. Jeff assure à l’animateur que Mané est ‘‘un féru des poissons, du saumon spécialement’’. Quant aux tâches domestiques, il assure ‘‘faire la vaisselle’’ lui-même et va même ‘‘vider les poubelles’’...des fois.

Naby Keita ‘‘un frère’’, Klopp ‘‘le bon coach’’

L’an prochain, son ex-coéquipier à RedBull Salzbourg et actuel sociétaire de Leipzig, Naby Keita, devrait le rejoindre sur les rives de la Mersey. Une amitié est née et s’est consolidée entre les deux. ‘‘C’est venu le plus naturellement du monde. On parlait la même langue et nous sommes voisins, Guinée et Sénégal. On était également voisin à Salzbourg. Des fois, il venait chez moi et des fois, j’allais chez lui. On est très proche. Ce n’est même pas un ami, mais un frère. On est tout le temps en contact. Il me demande comment c’est ici (à Liverpool) ; je lui dis que c’est fantastique.

Je suis bien sûr très excité à l’idée de devoir jouer avec lui, mais il faut attendre la saison prochaine’’, a-t-il déclaré. Quant à son manager actuel à Liverpool, Jürgen Klopp, l’histoire d’amour remonte assez longtemps car le technicien allemand, alors coach de Dortmund, a été ébloui en rencontre amicale par le feu follet Mané de Salzbourg. Les tractations sont entreprises mais elles échouent. ‘‘Il a essayé, moi aussi j’ai essayé (le transfert à Dortmund), mais le club (Salzbourg) n’a pas laissé faire. C’était une tragédie. Finalement, ils m’ont dit que j’allais à Southampton. Mais quand Klopp a rappelé une deuxième fois, en tant que coach de Liverpool, j’ai pris la bonne décision pour le bon club et pour le bon coach’’

Le pénalty raté à la Can

Sur l’un des murs de sa salle de ping pong, est placardé un de ses posters en sélection nationale. Une photo de ‘‘sa’’ première coupe d’Afrique des nations en 2015. ‘‘A quel point le Sénégal est-il important pour toi ?’’ lui lance David. Toute marque de sourire disparaît à l’énoncé de sa réponse. ‘‘Je ne peux pas le décrire. Le Sénégal représente tout pour moi. Je suis né et j’ai grandi là-bas. Sadio existe aujourd’hui grâce au Sénégal’’, affirme-t-il avant d’aborder une phase très difficile de sa carrière en sélection : l’élimination en quarts de finale de Can par le Cameroun dans une série de tirs au but où il a été malheureux.

‘‘Le penalty manqué me fait très mal car mon objectif en jouant cette Can avec mon pays était de la remporter. C’était possible de la gagner. On a perdu. Pourquoi pas gagner la prochaine ?’’ déclare-t-il un peu dans les blues, obligeant l’animateur à le serrer dans ses bras. Mais le meneur promet un été passionnant en Russie pour le mondial. ‘‘Je suis très excité. C’est un grand rêve qui s’accomplit pour moi de devoir la jouer. Nous allons donner le meilleur pour rendre notre pays fier’’, conclut-il sous les sarcasmes d’une rediffusion de son but contre l’ennemi juré Everton.

Ousmane Laye Diop
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