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Tuerie en Casamance: un chef rebelle menace de rompre la trêve
Publié le mercredi 24 janvier 2018  |  AFP
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© Autre presse par DR
Le chef rebelle indépendantiste Salif Sadio
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Ziguinchor (Sénégal) - Un des principaux chefs de la rébellion en Casamance, Salif Sadio, a averti que les opérations lancées par l’armée sénégalaise depuis le massacre de 14 forestiers pourraient "remettre en cause" la trêve, voire le processus de paix dans cette région du sud du Sénégal.

Salif Sadio, 64 ans, s’est exprimé dans un entretien avec l’AFP et une radio locale réalisé mardi dans une forêt proche de la frontière gambienne.
Après des années d’accalmie, la Casamance a connu un regain de violence le 6 janvier, à la suite du massacre de sang-froid de 14 hommes partis chercher du bois dans la forêt protégée de Bayotte, proche de Ziguinchor, principale ville de la région, par des hommes armés.
Depuis, l’armée a multiplié les opérations de ratissage. Plus de vingt suspects ont été arrêtés, dont 16 ont été inculpés d’association de malfaiteurs, assassinat, participation à un mouvement insurrectionnel et détention d’armes sans autorisation.
Au moins un "homme armé" puis un "rebelle" présumé ont été tués par des militaires sénégalais, le 14 puis le 20 janvier, selon des sources militaires, les premiers accrochages mortels avec l’armée signalés depuis plusieurs années.

Le Mouvement démocratique des forces de Casamance (MFDC), qui mène depuis 1982 une rébellion indépendantiste, observe "depuis trois ans une trêve unilatérale", a indiqué Salif Sadio, assis à une table dressée dans une clairière et entouré d’une cinquantaine d’hommes lourdement armés.

Selon lui, "la tuerie n’a été qu’un prétexte qui a servi à l’armée sénégalaise pour déclencher des opérations militaires en Casamance".
"Si les opérations se poursuivent, nous serons obligés de rompre la trêve et cela peut mettre en cause tout le processus de paix", a-t-il ajouté, en faisant référence à la reprise des négociations en octobre 2017 à Rome sous l’égide de la communauté catholique de Sant’Egidio.
En 35 ans, le conflit a fait des milliers de victimes civiles et militaires, ravagé l’économie de cette région agricole et touristique, bordée au nord par la Gambie et au sud par la Guinée-Bissau, et poussé de nombreux habitants à fuir.

- ’Jamais tué’ pour le bois -

"Le MFDC que je dirige n’est pas impliqué dans cette tuerie, je veux que cela soit clair", a répété le chef rebelle, reconnaissant que ses hommes ont par le passé "tabassé des coupeurs de bois" précieux et "même brûlé des camions", mais "jamais tué".
Salif Sadio a mis en cause la responsabilité de l’armée, estimant qu’elle est "bien informée" des trafics de bois et que certains militaires "coupent" et "détruisent" eux-mêmes la forêt, en principe protégée dans cette région.
Selon lui, les rebelles n’autorisent les villageois qu’à "couper de manière rationnelle des arbres pour faire des portes et fenêtres ou des toitures dans des écoles, dispensaires et mosquées".
"L’armée arrête des civils innocents qu’elle accuse d’être des acteurs de la tuerie. C’est à nouveau une violation flagrante des accords de Rome. J’exige leur libération immédiate et sans condition", a-t-il conclu, avant de repartir à bord d’un pick-up.
Dans son message de fin d’année, le président sénégalais Macky Sall avait lancé un appel à la rébellion pour faire "le pas décisif vers la paix définitive, une paix sans vainqueur ni vaincu", et deux membres du MFDC avaient été libérés le 1er janvier.

Au lendemain de la tuerie, le MFDC avait réaffirmé son engagement au dialogue, assurant qu’il ne se laisserait "pas distraire ni désorienter par les fossoyeurs de la paix".

aye-siu/sst/jh/jhd
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