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Polémique sur le droit ou non à la négociation : La grande division de la famille enseignante
Publié le samedi 20 janvier 2018  |  Enquête Plus
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La fissure risque d’être cette fois-ci irréparable. Entre syndicats d’enseignants, on se voue aux gémonies. Certains pensent que les uns n’ont pas droit au chapitre, les autres les qualifient de marionnettes et ne comptent pas leur faire porter leurs revendications.



La famille syndicale du secteur de l’éducation n’a pratiquement jamais été unie, mais la désunion risque de s’accentuer. La présence, autour de la table de négociations, est la principale pomme de discorde. Alors que le gouvernement et les syndicats dits représentatifs pensent que seuls ces derniers ont droit de siéger face à l’Etat, les organisations considérées comme non représentatives dégagent en touche, estimant qu’elles aussi ont leur place autour de la table. En fait, les premiers partent des résultats des élections de représentativité organisées l’année dernière. Dans son arrêté 17094 daté du 22 novembre 2016, en son article 5, le ministre du Travail de l’époque, Mansour Sy, précisait qu’un syndicat qui atteignait le seuil des 10 %, à l’issue des joutes électorales, est considéré comme représentatif.

Cela implique des privilèges pour les uns au détriment des autres. Et en cela, le texte dit ce qui suit : ‘’Les pouvoirs publics doivent tenir compte des résultats des élections dans les séances de concertation, de consultation et de négociation, ainsi que pour la représentation des personnels enseignants, notamment la participation de droit à toute négociation collective les concernant (et) la participation à certaines instances de dialogue social dans le secteur public de l’Education et de la Formation…’’

Pour les syndicats ayant franchi la barre des 10 %, on ne peut être plus clair. Souleymane Diallo et Abdou Faty, respectivement secrétaire général du Sels et du Sels/A, ainsi que Ndongo Sarr, Sg adjoint du Cusems, sont sur la même ligne. ‘’C’est nous-mêmes qui avions demandé les élections pour rationaliser la table de négociations. Il faudrait que l’on soit conséquent’’, répètent-ils tour à tour, comme s’ils s’étaient passé le mot, non sans demander à l’autorité de prendre ses responsabilités en la matière.

Selon Ndongo Sarr, c’est de manière consensuelle qu’ils ont travaillé à élaborer les textes sur la base desquels les élections ont été organisées. Le second d’Abdoulaye Ndoye assure même que c’est le Cusems qui a apporté le plus de réserves sur les textes, parce qu’ils étaient taillés sur mesure pour les éliminer. Pendant ce temps, les autres étaient tous d’accord, affirme-t-il. ‘’Tous les syndicats étaient d’accord sur les règles du jeu. Ce n’est pas maintenant qu’on va les changer’’, renchérit Abdou Faty. Souleymane Diallo de faire constater qu’on n’a pas organisé des élections pour le plaisir ou juste pour savoir qui est premier ou deuxième. Ce dernier invite ses autres camarades à faire porter leurs revendications à ceux qui seront en face du gouvernement. De toute façon, il n’y a pas à s’inquiéter, disent-ils, puisque ceux qui seront autour de la table sont les représentants de tous les enseignants et que les préoccupations sont les mêmes. Par conséquent, elles seront toutes prises en compte, rassurent-ils. ‘’On a demandé aux enseignants de désigner ceux qui doivent les représenter et ils ont fait leur choix en toute connaissance de cause’’, fait remarquer Ndongo Sarr.

‘’Le droit à la négociation collective est consacré par la Constitution’’

Se faire porter ses revendications ? Pas question, rétorque Oumar Waly Zoumarou. Ce dernier, coordonnateur du Grand cadre, soutient qu’il ne peut pas signer un protocole avec le gouvernement, il y a deux ans, et cette année laisser d’autres faire le suivi à sa place. De l’avis de celui-ci, deux arguments s’opposent à la thèse défendue par le camp d’en face. ‘’Le droit à la négociation collective est consacré par la Constitution et les conventions internationales. En plus, les résultats des élections sont provisoires et non définitifs. Il y a des gens qui ont introduit des recours’’, avance-t-il.

Et puis, Zoumarou pense que c’est une mascarade qui a été organisée par l’Etat pour se retrouver avec des ‘’marionnettes’’ (sic) qui ne défendront pas les enseignants. ‘’Nous avons beaucoup à dire sur ces élections. Et personne ne pourra me convaincre qu’avec mes 3 000 voix (2 512 voix, soit 6,27 %, selon le document portant résultats provisoires), je ne suis pas représentatif’’, prévient-il. Un autre argument de M. Zoumarou consiste à dire que le texte est muet sur les regroupements. Du coup, lorsque certains syndicats se retrouvent dans une entité comme le Grand cadre, ils réunissent plus de 10 %. Ce qui leur donne la représentativité. Une ligne de défense qui fait rire de l’autre côté.

Par ailleurs, une chose est de siéger à la table de négociations et une autre d’avoir le droit de disposer d’une plateforme revendicative et d’aller en grève. En fait, le ministre de la Fonction publique, Mariama Sarr, a indiqué aux syndicats non représentatifs qu’ils n’ont pas le droit d’aller en grève. ‘’Madame le Ministre de la Fonction publique est nulle, elle est inculte’’, peste M. Zoumarou selon qui, il y a des ministres ‘’insignifiants’’ qui ne seraient pas dans le gouvernement, n’eût été le système de quotas. Il donne l’exemple de Serigne Mbaye Thiam et Khoudia Mbaye. ‘’C’est comme si on dit a un parti politique qui n’a pas remporté les élections qu’il n’a pas le droit de s’exprimer sur la vie publique’’, s’indigne-t-il.

Retourner en classe en attendant les prochaines élections

Du côté des représentatifs, l’appréciation est bien différente. Si Souleymane Diallo s’abstient de tout commentaire sur ce point, Ndongo Sarr et Abdou Faty, par contre, pensent que les autres devraient retourner à la base travailler, en attendant les prochaines élections. ‘’Si le Cusems avait été battu, on allait retourner dans les salles de classe, personne ne nous entendrait’’, affirme M. Sarr.

Ancien secrétaire général du Saemss et ancien coordonnateur du Grand cadre, Mamadou Lamine Dianté regrette que ces élections puissent être un prétexte, pour le gouvernement, pour diviser le monde syndical. Dianté regrette que certains syndicats soient dans une logique d’exclusion. De son point de vue, cette posture, non seulement fragilise les enseignants, mais elle pourrait se retourner un jour contre ceux qui, aujourd’hui, sont représentatifs. ‘’Il y a une lecture biaisée des résultats. On dirait qu’il y a des élus d’un côté et les bannis de l’autre. Or, l’importance des élections, c’était juste pour régler le leadership, savoir qui doit-on responsabiliser en cas d’unité d’action’’, relativise-t-il. Comme son successeur au Grand cadre, lui aussi estime que le texte est muet sur les regroupements.

BABACAR WILLANE
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