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Corruption au Sénégal: Alioune Tine pour le renforcement des instances de régulation
Publié le mercredi 27 decembre 2017  |  Enquête Plus
Alioune
© Autre presse par DR
Alioune Tine, responsable d`Amnesty International pour l`Afrique de l`Ouest et du centre




Le renforcement de toutes les instances de régulation de la lutte contre la corruption pourrait être une source de baisse de ce phénomène qui gangrène la société. L’avis est d’Alioune Tine, Directeur d’Amnesty International de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

L’étude publiée la semaine dernière sur la perception de la corruption au Sénégal par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a suscité un vif débat. Venu parrainer les festivités du 7e anniversaire de l’organisation Article 19 à Guédiawaye, le directeur d’Amnesty International de l’Afrique de l’Ouest et du Centre est d’avis que le débat actuel sur des questions de corruption et des instances de régulation est un indicateur de la faiblesse globale des institutions de régulation dans ce pays.

Pour Alioune Tine, ce sont ces formes d’impasse ou de discrédit qui sont souvent sujets de violences, de controverses. ‘‘Le moment est venu de voir comment renforcer toutes les instances de régulation. Que ce soit le Comité sénégalais des Droits de l’homme qui est moribond, l’Ofnac, les gens se posent des questions. La Médiature, est-ce qu’elle n’est pas disparue de l’esprit des gens ? Donc, il faut qu’à chaque fois que nous voyons ces signes d’affaissement institutionnel, que nous réagissons. Tous les organes qui sont hors institution méritent d’être consolidés pour le renforcement de la démocratie au Sénégal’’, a souhaité M. Tine.

Selon lui, le contexte actuel est à l’origine de beaucoup de préoccupations. ‘‘Nous avons un affaiblissement global de la société civile et des partis dits dissidents et un renforcement jamais connu dans ce pays de partis alliés au pouvoir. Je pense que cela peut être une menace pour la démocratie. Il faut beaucoup d’équilibre des forces pour permettre aux Sénégalais d’être à l’aise dans le système dans lequel on est. Pour que les gens croient de plus en plus en la justice, aux institutions’’, poursuit-il.

Aux dires d’Alioune Tine, la corruption est une espèce de cancer qui gangrène la société et les institutions et l’Etat. ‘‘Il est important, pour nous au Sénégal, de maintenir et de renforcer la lutte contre la corruption, car nous sommes parmi les rares pays stables. Pas seulement du côté de la police avec la petite corruption, mais avec l’avènement du pétrole qui va sans doute créer des désagréments. Je pense qu’enquêter de ce côté-là, c’est le devoir des journalistes. Il faut que des investigations soient faites dans ce sens. Il faut que la vérité jaillisse’’, a proposé M. Tine.

Il s’est aussi posé la question de savoir si aujourd’hui, au Sénégal, il y a une volonté politique de la justice de combattre avec rigueur la corruption et à tous les niveaux. ‘’Quand on regarde l’argent de la corruption, on devrait réfléchir pour savoir si on ne devrait pas augmenter les petits salaires qui ne permettent pas à ces gens de vivre aisément et d’être beaucoup plus sévère en ce qui concerne les actes de corruption. Je pense qu’il faut réfléchir sur ça. Les petits salaires mettent les gens dans une situation de vulnérabilité réelle. C’est la corruption qui se trouve en bas qui a été chahutée et dénoncée par l’Ofnac et c’est cela qui crée aujourd’hui l’interrogation des gens’’, a commenté l’ex-directeur de la Raddho.

‘‘Il ne faut pas dire que je mets mon militant à la Rts ou au ‘’Soleil’’

En outre, il a soutenu qu’il y a l’effondrement du système méritocratique qui était mis en place juste après les indépendances, avec des corps pour y accéder. Il faut des concours, de la compétition. Maintenant, ajoute-t-il, avec le phénomène partisan depuis l’alternance, les politiciens sont en train de prendre la place des gens compétents.

‘’Dans le secteur de la démocratie, d’habitude, c’était du 30 % pour les partisans et 70 % pour les personnes qui sont formées avec un diplôme. Aller faire une enquête sur les gens qui sont nommés dans les ambassades. Il faudra appuyer également sur la sonnette d’alarme, car cela peut provoquer un effondrement du système diplomatique sénégalais de façon globale. C’est important sur ces choses d’attirer l’attention des autorités’’, s’est désolé M. Tine. Qui s’étonne du fait que la presse et les syndicats de la presse ne posent pas la question sur les nominations à la tête des entreprises publiques de presse. ‘‘Il faudrait que cela se passe par appels d’offres. Il ne faut pas dire que je mets à la Rts ou au ‘’Soleil’’ mon militant.

C’est un scandale au XXIe siècle. On doit dépasser ce phénomène. On doit le dénoncer. Il y a le fait qu’aujourd’hui, on gobe tout ce qui arrive. Je me demande même où sont les Sénégalais, la presse. Cette dernière a représenté une opinion, dans les années 1990, elle a fait avancer la démocratie. Mais, actuellement, où est la presse, qu’est-ce qui s’est transformé pour que la presse soit aussi léthargique ? C’est des interrogations que nous devrons nous poser tous, en tant que société et citoyen sénégalais. Si on continue, cela va menacer l’Etat’’, a conclu, amer, le directeur d’Amnesty International de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
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