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Aminata Touré (Ancien Pm): ‘’Une procédure est en cours, en France, pour la récupération des 2 appartements de Karim…’’
Publié le mercredi 27 decembre 2017  |  Enquête Plus
Macky
© Présidence par DR
Macky Sall donne le coup d`envoi du dialogue national
Dakar, le 28 mai 2016 - Le président de la République Macky Sall a donné le coup d`envoi du dialogue national. Il a lieu au palais de la République. Photo: Aminata Touré, ancien Premier ministre




Depuis quelques jours, son nom est à nouveau sur toutes les lèvres, du fait de sa dernière déclaration sur le montant de l’argent qu’aurait recouvré l’Etat, dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis. Et malgré les démentis et autres réprobations, l’ancien Premier ministre Aminata Touré reste droit dans ses bottes. Mieux, elle, persiste et signe dans ses révélations. Du Liberia où elle se trouve en ce moment pour diriger la mission d’observation du Centre Carter pour le deuxième tour de l’élection présidentielle prévu ce mardi, l’ancienne ministre de la Justice, garde des sceaux, s’est confiée hier à ‘’EnQuête’’. Entretien !

Depuis votre sortie sur l’argent recouvré dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis, la polémique ne cesse d’enfler. Certains vous accusent même d’avoir manqué à votre droit de réserve. Que répondez-vous ?

Lorsque l’opposition dit que la reddition des comptes n’a servi à rien et veut faire croire que c’est une pure opération d’élimination d’adversaires politiques, devrions-nous nous taire ? Non, bien sûr, nous devons éclairer l’opinion. C’est ce que nous avons fait, car la réalité est loin de ces allégations. Il n’y a rien de secret dans la reddition des comptes publics, bien au contraire. Les citoyens ont droit à l’information juste afin qu’ils puissent se faire leur propre opinion, de manière libre. Ce sont des clients de la Crei (Ndlr : Cour de répression de l’enrichissement illicite) et une partie de l’opposition à la recherche d’os à ronger qui pensent pouvoir noyer le poisson.

Mais la réalité et les faits sont têtus. Certains acteurs de l’ancien régime ont manipulé frauduleusement les derniers publics ou se sont enrichis de manière illicite et ont dû répondre de leurs actes devant la justice. Voilà la simple réalité. Il est temps que les politiciens comprennent qu’ils ne sont pas des citoyens au-dessus de la loi et qu’ils doivent répondre de l’argent public qu’ils sont supposés gérer de manière transparente. Il n’existe pas de politicien qui n’ait pas d’ambition. Donc, qu’on arrête de bassiner le public avec l’argument de l’élimination d’adversaires politiques, car il est impossible de créer des charges fictives en matière d’audits.

Malgré les démentis des proches de Karim Wade et ceux d’Aïda Diongue, vous avez sorti un communiqué pour persister dans vos déclarations. Pourquoi une telle attitude ?

D’abord, laissez-moi vous dire que les gesticulations de poursuivis en justice et leur porte-parole ne m’impressionnent guère. Dans notre pays, malheureusement, ce sont ceux qui devraient parler le moins qui le font le plus. Quand on a eu maille à partir avec la justice pour des questions aussi graves que le détournement de deniers publics, traditionnellement, on se faisait oublier pour atténuer le déshonneur public. Mais, de nos jours, avec la floraison des plateformes médiatiques, certains pensent qu’en parlant beaucoup ils peuvent installer la confusion dans l’esprit des citoyens. Mais les Sénégalais ne sont pas aussi manipulables qu’on le croit, ils savent séparer la bonne graine de l’ivraie.

Pourquoi il n’y a aucune trace de ces 200 milliards de francs Cfa dont vous parlez dans la Loi de finances rectificative ?

D’abord, il faut savoir que l’expression ‘’traque des biens mal acquis’’ est une formulation journalistique. Parlons plutôt de la reddition des comptes publics qui fait référence à la bonne utilisation de l’argent public en vue d’atteindre les résultats de développement que se fixe l’Etat. Lorsqu’en 2012, avec l’arrivée du nouveau régime, l’Etat dénonce le contrat léonin de l’aéroport Blaise Diagne et refuse d’entériner un montage financier qui lésait considérablement les intérêts du Sénégal et qu’au bout des nouvelles négociations, l’Etat économise 100 milliards sur la facture antérieure, qu’est-ce que cela a à voir avec la loi de Finances rectificative ? Ou lorsque des biens sont confisqués suite à une décision de justice comme les appartements d’Eden Rock qui ne sont pas encore vendus, bien que l’annonce de vente à 650 millions chaque unité soit publiée, comment cela peut être inscrit dans une loi de finances rectificative ? Ou encore la saisie de la société Ahs qui fait un chiffre d’affaires de 6 milliards par an et qui se retrouve dans le patrimoine de l’Etat, qu’est-ce que cela a, encore une fois, à voir avec la Loi de finances rectificative ?

Pensez-vous qu’on peut lier l’argent saisi chez Aïda Diongue à la traque des biens dits mal acquis, surtout que l’affaire est toujours pendante devant la justice ?

Comme je vous l’ai dit plus haut, cette affaire se situe dans le cadre de la bonne utilisation de l’argent public. Si rien n’avait été fait, c’est-à-dire s’il n’y avait pas eu de poursuites judiciaires, ces milliards ne seraient plus là sous séquestre, en attendant la fin de la procédure judiciaire. Ils se seraient envolés depuis longtemps vers d’autres cieux. Le fond de la question, c’est qu’il s’agit de la préservation des deniers publics qui doivent servir à développer notre pays.

Vous dites que l’Etat n’a pas recouvré les amendes infligées à Karim Wade, Bibo Bourgi et Mamadou Pouye. Qu’est-ce qui explique ce retard, selon vous ?

Ce sont des sommes dues à l’Etat du Sénégal et les condamnés savent bien qu’ils doivent les payer et l’Etat poursuit ses activités de recouvrement. Par exemple, une procédure est en cours, en France, pour la récupération de deux appartements parisiens de Karim Wade et d’une assurance importante au Luxembourg. C’est un travail continu et pas facile, parce que les stratégies de dissimulation sont complexes et cela demande beaucoup de travail et de patience. Au Nigeria, par exemple, les opérations de recouvrement qui ont été fructueuses ont pris plusieurs années.

Au moment que vous insistiez pour que la traque se poursuive, on a comme l’impression que l’Etat ne veut plus parler de cette affaire. Avez-vous ce même sentiment ?

La reddition des comptes est un fait de la vie, désormais. Elle s’inscrit dans la marche normale de la gouvernance moderne. Je viens de vous parler d’actions en cours. Ce n’est pas non plus une activité-spectacle. Les organes de contrôle de l’Etat continuent à faire leur travail sans coup férir. Le tout est de garder le cap afin que cela devienne une véritable culture dans notre pays.

Mais ils sont nombreux, les Sénégalais, à penser qu’aujourd’hui, la traque est au point mort.

La reddition des comptes publics doit être une activité routinière et dépassionnée. J’encourage les organes de contrôle et la justice à continuer à faire son travail sereinement. Je pense que nous avons des magistrats qualifiés qui savent faire leur travail.

Sur une liste de 25 personnes au départ, seuls Tahibou Ndiaye, Karim Wade et Cie ont été condamnés. Qu’en est-il des autres cas ?

Il faut déjà saluer le travail important qui a été fait. Karim Wade dont vous parlez, vous les journalistes, l’aviez surnommé le ‘’ministre de la terre et du ciel’’, eu égard à la taille gigantesque de son portefeuille à l’époque. Il a été condamné par la justice sénégalaise, il a purgé la moitié de sa peine et il doit payer son amende de 138 milliards de francs Cfa. Il faut se rappeler qu’il y a eu 6 autres personnes condamnées, ce qu’on oublie souvent de dire. Pour le reste, j’encourage la Crei à persévérer afin de vider tous les dossiers, à charge ou à décharge.

En agitant à nouveau le dossier de la traque des biens mal acquis, est-ce que vous n’êtes pas en train de gêner le régime ?

Au contraire, je défends une avancée significative de mon camp, la majorité présidentielle. Le régime du président Macky Sall a marqué des points importants dans la lutte contre la corruption. Cela est reconnu au niveau international. Je vous renvoie à l’index Mo Ibrahim sur la bonne gouvernance qui note les progrès importants de notre pays dans le domaine de la bonne gouvernance. Le dispositif institutionnel mis en place permettra, dans l’avenir, de pérenniser ces acquis. Il faut continuer à travailler dans ce sens, car rien n’est jamais définitivement acquis. Dans le bilan du septennat du président Macky Sall, l’amélioration du dispositif de bonne gouvernance est un acquis indéniable, à défendre et à renforcer.

La presse a annoncé pour ce mardi la mise sur pied d’une nouvelle structure pour prendre en charge la communication du gouvernement. Est-ce à dire qu’il y a toujours des failles dans la communication du régime ?

Il faut toujours chercher à améliorer notre communication pour que les citoyens aient la bonne information. Et aussi pour combattre les ‘’fake news’’, les fausses nouvelles. Le bilan du septennat du président Macky Sall est très bon, il faut donc le porter à la connaissance des citoyens, sans arrogance aucune, bien entendu, et en acceptant qu’on peut toujours améliorer les choses.

Quelle analyse faites-vous sur la situation de votre parti, l’Alliance pour la République, à 14 mois de la présidentielle de 2019 ?

Je suis confiante. Comme je l’ai dit, le bilan est très bon et c’est pourquoi d’ailleurs l’opposition, qui voit bien qu’elle aura du mal à convaincre, pense pouvoir compenser son manque d’alternative par une agitation médiatique. Néanmoins, nous ne vendrons pas la peau du lion avant de l’avoir tué. Nous allons nous mobiliser pour défendre le bilan et convaincre nos concitoyens afin qu’ils accordent un second mandat au président Macky Sall.

Le procès de Imam Ndao s’ouvre ce mercredi, alors que le maire de Dakar, Khalifa Sall, est attendu devant la barre le 3 janvier prochain. Quel commentaire vous inspire ces deux affaires ?

Laissons la justice faire son travail. Les prévenus ont des avocats qui connaissent leur métier. Le procureur connait son métier et les juges connaissent leur métier. Je pense que les conditions de procès justes et équitables sont réunies.
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