Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Adama Diouf, président de l’UAEL et de l’ADS:‘’Nous souhaitons un jugement équitable pour Khalifa’’
Publié le lundi 11 decembre 2017  |  Enquête Plus
Le
© aDakar.com par DF
Le maire de Dakar Khalifa Sall accueilli par ses partisans après son audition par la DIC
Dakar, le 22 février 2017 - Le maire de Dakar Khalifa Sall a été accueilli par des dizaines de personnes à la fin de sa première audition par la Division des investigations criminelles. L`audition a duré plus de 10 heures de temps.




Président de l’Union des associations des élus locaux (Uael) Adama Diouf, par ailleurs président du Conseil départemental de Kaffrine, souhaite un procès à la fois transparent et équitable pour le maire de Dakar Khalifa Sall. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, le président de l’Association des départements du Sénégal (Ads) s’épanche sur d’autres sujets brûlants de l’heure.



Après avoir rejeté sa demande de consigner, le Doyen des juges a fixé le procès de Khalifa Sall à jeudi prochain. Comment appréciez-vous l’évolution de ce dossier ?

Khalifa Sall est un élu. C’est le maire de la ville de Dakar. Dans la situation où il est actuellement, personne ne le lui souhaite. Mais c’est ça un Etat de droit qui a ses principes directeurs. Sous ce rapport, je n’ai pas de problème. Je ne suis pas un juriste. Je ne sais de ce dossier que ce qu’on en a dit à travers la presse. Je souhaite seulement un jugement équitable en tant que président des élus locaux du Sénégal. Je souhaite vraiment que son jugement soit un jugement équitable comme tout citoyen qui est devant la justice. Je n’ai pas d’appréhension par rapport à la justice sénégalaise, parce que nous avons un Etat de droit, de fortes institutions.

Maintenant, ce qu’il adviendra de ce jugement, nous sommes là pour observer tous ensemble.

On n’a pas trop senti le soutien des élus locaux envers Khalifa Sall, depuis son incarcération. Pourquoi ?

Chacun à son territoire. La ville de Dakar est un patrimoine du Conseil de la ville de Dakar. Vous les entendez au quotidien soutenir leur maire. Nous, de notre côté, nous avons, en son temps, exprimé notre solidarité et notre souhait pour que le jugement soit fait dans la transparence et dans l’équité. Ça, tous les élus locaux l’ont exprimé.

Le président de la République a procédé, jeudi dernier, à l’inauguration de l’Aéroport international Blaise Diagne. Selon vous, quelle peut être la portée de cette infrastructure aéroportuaire ?

Le chef de l’Etat a une vision : c’est la valorisation de nos territoires. Lorsqu’il faisait la réforme de l’acte 3 de la décentralisation et lorsqu’il a également conçu le Plan Sénégal émergent, il a mis en avant la valorisation de nos ressources locales. Le Pse ne peut avoir de sens que s’il est décliné à travers des projets et des programmes territoriaux pour donner une plus-value à nos localités. L’Aibd va participer, de façon décisive, à valoriser la zone de Diass, de Yène, etc. Bref, tout le territoire de la région de Thiès. Nous avons deux secteurs d’appui à la production, si on veut créer de la croissance et lutter contre la pauvreté : ce sont les infrastructures et l’énergie. L’Aibd est une infrastructure portuaire. Les infrastructures au sens large, c’est tout ce qui est route, les voies de communication, les secteurs d’appui à la production, etc. Parce que si vous produisez tout ce qui est ressource naturelle, il faut l’écouler. L’Aibd va donc participer à ouvrir le Sénégal mieux que par le passé, vers l’extérieur. Ça va promouvoir le tourisme, beaucoup d’activités commerciales et économiques. Cet aéroport, d’ici 5 ans, va participer à donner de la valeur à l’axe triangulaire Dakar – Thiès - Mbour. Et, au-delà, à promouvoir un Sénégal émergent.

Le coût de réalisation de cette infrastructure fait objet de polémique. Tandis que certains parlent de 424 milliards, d’autres avancent 775 milliards. A quels chiffres se fier ?

Je me fie aux chiffres qui sont donnés par le gouvernement. Le ministre en charge des Infrastructures, dans un document rendu par la presse, donne un chiffre exact de 424 milliards. Maintenant, je ne suis pas un technicien, je ne maitrise pas très bien le marché. Donc, je ne peux que me fier aux chiffres donnés par le gouvernement.

Avec le Ter, l’Etat nous parle de 560 milliards là où Ousmane Sonko avance 1 200 milliards. Cela ne pose-t-il pas un problème de transparence ?

Non ! Il n’y a aucun problème de transparence dans la conduite des travaux engagés par l’Etat. Quand on fait des ouvrages de cette nature, il y a un budget initial qui est prévu. Mais, au fur et à mesure que les fluctuations du dollar augmentent, les cours internationaux, le baril du pétrole, tout cela influe sur les prix. C’est ce qui explique, quelque part, qu’on fasse des avenants. Même chez vous, quand vous construisez votre maison, vous faites souvent des ajustements quand il y a des choses imprévues à faire. Vous voulez peut-être ajouter un débarras, des toilettes ou une cuisine à votre bâtiment, vous ajouter un avenant qui est juste un réajustement budgétaire au cours d’une opération. C’est cela qui va expliquer les petites différences que vous évoquez. Mais, vraiment, je ne suis pas un technicien en la matière. Ce que je peux faire, c’est de me fier aux chiffres du gouvernement.

Maintenant, dans un pays démocratique comme le Sénégal, il faut saluer cette position de l’opposition. Peut-être qu’ailleurs celle-ci n’a pas toutes les possibilités de s’exprimer. C’est cela le charme de notre démocratie. Ousmane Sonko, s’il donne ces explications, cela ne fait que renforcer les pouvoirs démocratiques au Sénégal. Il faut féliciter, à cet effet, le chef de l’Etat d’avoir cette ouverture. Il ne cesse d’ailleurs d’appeler à un dialogue sur toutes les questions importantes.

L’Aibd à 424 milliards, le Ter à plus de 500 milliards. Est-ce que les infrastructures réalisées sous Macky Sall ne coûtent pas cher aux Sénégalais ?

Si nous devons créer un Sénégal émergent à l’horizon 2035, je vous dis qu’il y a deux facteurs importants : ce sont les infrastructures et l’énergie. A coté de tout ce que le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) est en train de réaliser sur les territoires en matière de désenclavement de nos populations rurales, les ponts qui sont en train d’être réalisés pour ouvrir nos territoires à l’extérieur, les forages qui sont en cours de réalisation, quand vous créez une infrastructure aussi importante que l’Aibd en plus du Ter, vous ne pouvez que produire de la croissance. Nous sommes dans un pays où il faut prévoir l’inclusion sociale.

Le Pudc est là pour corriger les inégalités de développement de même que le Puma (Programme d’urgence de modernisation de nos axes et territoires frontaliers). Ce n’est pas seulement l’aéroport ou le Ter qu’il faudra voir de façon isolé. Mais c’est l’ensemble des infrastructures qui, de façon cohérente et synergique, vont promouvoir la croissance au Sénégal. Aujourd’hui, vous allez jusqu’à Kédougou, vous roulez sur du goudron de très haute qualité. Ziguinchor - Kolda, c’est désenclavé ainsi que Ziguinchor - Goudomp. C’est cela la promotion d’une émergence.

L’aéroport est un outil de promotion des infrastructures aéroportuaires, comme il faut également désenclaver le territoire au niveau des axes routiers. C’est tout cela, dans un environnement global qui, à l’horizon 2035, va faire émerger le pays. Au même moment, on promeut des secteurs de production comme l’agriculture, l’élevage, la pêche et le tourisme dans un ensemble cohérent. C’est cela qui fait la pertinence du Pse. On ne peut pas faire une activité aéroportuaire et laisser les autres secteurs. C’est un programme cohérent qui va ensemble avec une articulation à la planification locale. Tous les projets qui sont en train d’être réalisés, dans le cadre du Pse, ont trouvé des répondants au niveau local.

Vous avez tantôt parlé de croissance. Mais pour l’opposition, celle-ci est aujourd’hui soutenue par les entreprises étrangères.

La croissance se vit au quotidien par les populations. On veut se déplacer, on a une route pour aller là où on veut. On veut faire de la production agricole - on a battu le record cette année - il faut aller les écouler par une route qui n’existait pas il y a peut-être deux ou trois ans. Le désenclavement est un indicateur de croissance. Donc, la croissance n’est pas un vœu pieu. Ce sont des indicateurs arrimés aux infrastructures, aux secteurs de production comme l’agriculture, l’élevage et la pêche, et aux autres secteurs sociaux comme le capital humain.

Aujourd’hui, nous avons une école qui marche très bien, en dépit de ce que disent les syndicalistes, le secteur de la santé avec la Couverture maladie universelle. D’ailleurs, le ministre de la Santé est en train de faire un très grand programme sur la Couverture sanitaire universelle. C’est un nouveau pas. On veut assurer une santé pour tous.

Comment expliquez-vous le fait qu’au moment où la croissance s’accroit, la pauvreté gagne du terrain ?

Ecoutez, à chaque fois qu’on gagne en croissance, corollairement et proportionnellement, on gagne un recul sur le taux de pauvreté. L’Agence nationale de la statistique et de la démographie est en train de travailler sur des outils très importants sur les ménages, ce qui a été fait au niveau des secteurs de production comme l’agriculture, tout ce qui est artisanat, formation professionnelle. Aujourd’hui, nous avons un taux de croissance qui est très encourageant et envié par les pays de la sous-région. C’est un taux de 6,8 %. Les perspectives de 2018-2019 sont très encourageantes et on peut arriver à 7 % à l’horizon 2019.

Récemment, le Premier ministre a fait sa déclaration de politique générale. Comment appréciez-vous sa prestation ?

On a vu un Pm qui maitrise ses dossiers, qui était très à l’aise face aux députés. C’est quelqu’un qui a fait le pays. Il s’est abreuvé des problèmes des Sénégalais et des solutions qui ont été apportées par le chef de l’Etat. Le Pm, ce qu’il sait faire, c’est d’expliquer aux députés les réalisations du gouvernement et les perspectives d’avenir. C’est l’occasion pour le féliciter et aussi féliciter les députés parce qu’ils ont été très proactifs. Ils ont posé des questions très pertinentes et ont joué leur rôle. C’est cela qui est attendu d’un député. Nous avons une Assemblée nationale de rupture, cette année. Ce qu’on a vu, lors du débat d’orientation budgétaire, est de très haute facture de par la pertinence des interrogations et des réponses de qualité qui ont été apportées par le chef du gouvernement.

Où en êtes-vous dans l’élaboration de la deuxième phase de la réforme de l’acte 3 de la décentralisation ?

Les techniciens sont en train d’y travailler. On a déjà fait l’évaluation de la phase 1. Le chef de l’Etat a donné des orientations à son gouvernement et à tous les secteurs impliqués dans cette réforme, du point de vue de la formulation comme du point de vue de sa mise en œuvre. Nous les exécutifs locaux à la base, les maires et présidents de département, les conseils municipaux et départementaux, le ministère en charge de la Décentralisation, l’Administration territoriale, les préfets et sous-préfets, chacun, dans son secteur, a donné son avis.

De mon point de vue, je pense qu’à ce niveau, il n’y a pas de soucis à se faire. Dans la deuxième phase, c’est l’aspect financier qui est mis en exergue, le financement du développement. Nous sommes attendus sur ça en tant qu’élus, mais aussi en tant qu’Etat. Le problème, fondamentalement, c’est la réforme de la fiscalité locale. La Direction générale des impôts et domaines (Dgid) a fait un document de travail avec la bonne coordination du ministre Amadou Ba. Tout cela est sur la table du président de la République et il sera partagé. Si cette question est réglée, il n’y aura pas de problème avec le reste. Il va rester simplement à se pencher sur la question de la cohérence territoriale qui est un deuxième aspect de la réforme. Parce que nous voulons que nos communes soient capables de porter le développement. C’est cela le schéma de la cohérence territoriale.

La deuxième question de la réforme concerne les limites territoriales. Nous avons, à ce niveau, des structures qui sont en train de se concerter. La Commission nationale de dialogue des territoires (Cndt) a fait un très bon document sur l’intercommunalité. Le président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) Ousmane Tanor Dieng est également en train de travailler dans le cadre de l’intercommunalité. Parce que la solution des problèmes des limites entre les territoires est dans la concertation. Mais la porte d’entrée, de mon point de vue, c’est l’intercommunalité. Que les projets soient portés par l’intercommunalité.

Est-ce qu’il n’est pas temps d’aller vers une rationalisation des collectivités locales ?

Nous devons avoir une cohérence globale de nos collectivités. J’ai vu des communes qui ont des difficultés à recouvrer 10 millions par ans. Je me suis attardé à diviser le budget d’une commune par la population qui y vit. Ça c’est rapporté, figurez-vous, à 7 800 à 9 000 F Cfa par an, selon certaines communes. On ne peut pas créer le développement à partir de cela. Les ex-communautés rurales ont des difficultés certaines à avoir même un marché ou une patente. La fiscalité est difficilement recouvrée parce qu’en amont, on n’a pas bien maitrisé l’assiette fiscale.

Ne faudrait-il pas supprimer et regrouper certaines communes dans une seule entité ?

Il y a ce qu’on appelle le principe du droit acquis qui fait qu’il est difficile, aujourd’hui, de supprimer une commune. Même si elle n’est pas viable, on ne va pas supprimer. Ça va poser plus de problème qu’on en règle. Mais imaginons des formules de regroupement à partir de projets structurants adossés aux potentialités de la localité. C’est cela qui est important.

PAR ASSANE MBAYE
Commentaires