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Seydou Guèye, ministre secrétaire général, porte-parole du gouvernement: ‘’La perspective du dialogue ne saurait se confondre à des retrouvailles libérales’’
Publié le mardi 14 novembre 2017  |  Enquête Plus
Passation
© aDakar.com par SB
Passation de services au Secrétariat général du gouvernement
Dakar, le 15 septembre 2017 - Abdoul Latif Coulibaly a passé le témoin à Seydou Guèye au poste de secrétaire général du gouvernement du Sénégal. Abdou Latif Coulibaly a été nommé ministre de la Culture.




Au lendemain de l’appel au dialogue lancé par le Khalife général des Mourides, l’on écarte, dans le camp du pouvoir, toutes retrouvailles libérales à travers les concertations. D’ailleurs, selon le ministre porte-parole du gouvernement, la perspective du dialogue enjambe les frontières de l’espace politique et ne saurait se confondre avec des retrouvailles libérales. Dans cet entretien réalisé avec EnQuête en marge du grand Magal de Touba, Seydou Guèye démonte, preuve à l’appui, les arguments d’Abdoulaye Wade qui prédit une crise économique difficile à juguler dans ce pays.

Lors du dernier Magal de Touba, le Khalife général des Mourides a exhorté les hommes politiques à nouer le dialogue. Pensez-vous que, dans ce cadre, des retrouvailles soient possibles entre Macky Sall et Abdoulaye Wade ?

Pour ce que je sais du Président Sall, le dialogue reste la modalité absolue d’être en politique. Pour lui, faire la politique, ce n’est pas le conflit. Mais c’est par le dialogue et le consensus que l’on parvient à transformer la réalité. Son appel au dialogue est sincère et justifié par les intérêts supérieurs du pays. Ainsi, il a réitéré, à plusieurs occasions, son appel au dialogue national, consacré le 28 mai journée du dialogue national, fait tenir les Assises de l’éducation et de la formation, les concertations sur l’avenir de l’enseignement supérieur et signer, avec les forces sociales, le pacte de stabilité pour la croissance et l’émergence. L’appel du Khalife général des mourides, par la voix de son porte-parole, nous invite à une éthique de la discussion, de la conviction et de la responsabilité. Son message est important et nous exhorte à ne voir que le drapeau national et non nos égoïsmes ou nos petits calculs qui ne tombent par ailleurs jamais justes. C’est un message essentiel et utile au projet démocratique. En un mot, comme en mille, la perspective du dialogue enjambe les frontières de l’espace politique et ne saurait se confondre avec des retrouvailles libérales, fussent-elles séduisantes ou rentables pour certains. Le dialogue devra principalement porter sur les sujets essentiels pour le développement du Sénégal et non sur de petits arrangements avec une opposition qui peine à trouver les marques de son altérité et qui est incapable de proposer aux Sénégalais un projet alternatif qui pourrait faire face au PSE (Plan Sénégal émergent).

Pensez-vous que l’ex-président de la République soit dans les dispositions de dialoguer avec Macky Sall qui, selon lui, lui a fait un enfant dans le dos, alors qu’il a toujours voulu l’accompagner ?

Je retiens avec les Sénégalais que, sur ses sorties, Me Wade ne rate jamais une occasion pour s’attaquer au Président Macky Sall qui, jusqu’à présent, a eu l’élégance de ne pas répondre aux coups bas qu’il lui donne. Alors quand il dit qu’il veut l’aider et l’accompagner, je considère tout simplement qu’en faisant manifestement le contraire, cela me dépasse et relève de mon point de vue du domaine de la psychanalyse ou de la situation dramatique d’une éminente personnalité de notre vie nationale, qui a fait son temps et qui n’a pas encore digéré sa défaite, plus de cinq ans après.

Qu’est-ce qui, selon vous, oppose Abdoulaye Wade à Macky Sall ?

Me Wade est un homme rusé qui marche à visage caché, alors que le Président Macky Sall est un homme sincère, entier et sans rancœur. Me Wade, comme le disait un de vos confrères, parle plus qu’il n’agit. Or, le Président Macky Sall lui est dans le temps de l’action et travaille sans relâche pour son pays. Me Wade est aveuglé par sa seule et unique obsession qui est de placer son fils Karim à la tête du Sénégal, quel que soit le moyen ou l’artifice par lequel passer pour arriver à ce dessein. Finalement, le Président Sall restera pour l’éternité celui qui aura battu le Président Wade de fort belle manière.

N’est-il pas aujourd’hui temps que les deux hommes se retrouvent ?

Vous conviendrez avec moi que, pour qu’il y ait retrouvailles, il faut de la sincérité de part et d’autre et cela doit se faire dans l’intérêt unique du Sénégal. Il y faut surtout un élan du cœur qui conduit l’être humain à se surpasser et à aller vers son prochain pour le bien de la communauté et l’avenir du pays. Et cette intelligence du cœur n’est pas à la portée de tout le monde, hélas !

N’est-il pas, selon vous, dans l’intérêt du Président Macky Sall de sceller ses retrouvailles avec son ancien mentor ?

Le Président Macky Sall n’a jamais posé d’obstacles entre lui et Me Wade ou un autre Sénégalais. En tout état de cause, quelles que soient les relations avec Me Wade, le Président Macky Sall reste constant dans ses convictions et continue à travailler pour conduire le pays vers l’émergence.

Après tout, Macky Sall est un libéral qui partage plus de valeurs avec Abdoulaye Wade qu’avec ses alliés de Benno bokk yaakaar !

Pour le Président Macky Sall, à sa place et dans son rôle, il n’y a pas de valeurs plus essentielles que celles d’être mobilisé pour travailler dans l’intérêt majeur des Sénégalais, quelle que soit du reste l’appartenance à un courant politique. Ces valeurs qui gouvernement l’action du Président Macky Sall, nous les partageons avec les partis membres de BBY. Rappelons encore une fois que, dès sa création, l’Alliance pour la République s’est présentée comme un cadre pour accueillir tous les dignes fils du pays qui, en toute éthique, sont disponibles pour construire le projet de modernité du Sénégal. De plus, l’une des lignes majeures de notre doctrine, c’est l’impératif de la mise en place d’un creuset inter-partis pour une gouvernance démocratique renouvelée qui pourrait nous valoir la mobilisation de toutes nos énergies et de toutes les intelligences, la stabilité et la cohérence nécessaires à toute dynamique d’émergence. On peut aisément en faire le constat, dans son action de tous les jours, le Président Sall reste aligné sur ses marqueurs identitaires politiques et Benno confirme, jour après jour, sa qualité de coalition utile, pertinente et en phase avec les défis de la politique moderne, qui ne se conçoit, à mon sens, qu’en commun et ensemble.

Comment appréciez-vous les déclarations d’Abdoulaye Wade qui, lors de sa visite à Touba, soutient que le niveau d’endettement du pays est trop élevé et a atteint 65% ?

Beaucoup de nos compatriotes ont regretté cette sortie du Président Wade qui a, cette fois-ci, mal choisi sa tribune pour faire de la politique politicienne, son art préféré. Pendant que les véridiques et fervents mourides convergent à Touba pour rendre grâce à Dieu, à Cheikh Ahmadou Bamba et formuler des prières, Me Wade, lui, s’y est rendu, avec rancœur, les yeux bandés, le visage renfrogné, pour désespérément livrer une énième bataille et finalement donner des coups à l’emporte-pièce. Non seulement, l’endroit et le moment sont mal choisis, mais tout ce qu’il a dit n’est que pure affabulation, calomnie, et rien que des contrevérités. Je ne reviendrais pas sur les chiffres qui contredisent éloquemment ses propos et que vous pouvez vérifier dans tous les rapports des services du ministère des Finances et des partenaires au développement.

65% de taux d’endettement pour un pays comme le Sénégal, est-ce que ce n’est pas trop élevé ?

Retenez juste que Me Wade n’a pas raison. Le service de la dette rapporté aux recettes budgétaires qui étaient de 46,8%, en 2012, a considérablement baissé et se situe à 33,7% en 2017. A la différence de la situation d’avant 2012, nous avons une dette viable et soutenable par les finances publiques. Nous sommes bien loin de la norme communautaire de 70% de taux d’endettement. Souvenez-vous en, avant 2012, le rythme auquel notre pays s’endettait était tel que les partenaires nous lançaient régulièrement des messages d’alerte pour nous dire de faire attention. Et le pire, c’est qu’avec Wade, on s’endettait pour financer des charges de fonctionnement et des manifestations de réjouissances comme le Fesman (Festival mondial des arts nègres) qui a englouti 105 milliards.

Sous l’ère Macky Sall, le Sénégal s’endette pour financer des investissements essentiels et indispensables pour les Sénégalais, à l’image des infrastructures de désenclavement, des forages, des pistes de production et réseaux d’électrification du PUDC (Programme d’urgence de développement communautaire). C’est notamment le cas avec le désenclavement de l’Ile à Morphil, avec 145 km de route financés avec 90 milliards.

Selon l’ancien président, le ministère de l’Economie et des Finances a des problèmes pour payer les salaires. Est-ce exact ?

C’est faux ! C’est juste le souhait qu’il nourrit, depuis qu’il a quitté le pouvoir en 2012, de voir les fonctionnaires privés de salaire à la fin du mois, pour que l’on regrette son départ. Rappelez-vous que c’est Me Wade lui-même qui disait que s’il n’était pas réélu en 2012, le pays serait en banqueroute au point que les salaires ne seraient pas payés. Alors, depuis qu’il a quitté le pouvoir, avez-vous une seule fois entendu parler d’un retard de paiement de salaires dans ce pays ? Non seulement les fonctionnaires sont régulièrement payés, mais mieux, les salaires qui ont été augmenté entre 15 000 et 90 000 francs par mois, à la faveur du nouveau Code général des impôts, sont très souvent virés avant le 30 du mois et parfois bien avant, surtout à l’occasion des fêtes nationales.

Pour autant, Wade prédit une crise économique profonde et difficile à juguler que le Sénégal est en train de traverser. Que répondez-vous à cela,

Avez-vous l’impression de vivre dans un pays qui traverse une crise économique ? Encore une fois, Me Wade ne fait qu’exprimer ses ressentiments envers les Sénégalais qui l’ont chassé du pouvoir en 2012. La seule crise sur laquelle beaucoup de nos compatriotes sont d’accord, c’est la crise du Parti démocratique sénégalais (PDS).

Le Sénégal est-il à l’abri d’une crise économique ?

Pour parler plus sérieusement, notre économie ne s’est jamais autant bien portée, sur les quinze dernières années. Depuis 2012, il y a une reprise de l’activité économique, avec un taux de croissance qui a dépassé pendant trois années consécutives la barre des 6%. 6,5% en 2015 ; 6,7% en 2016 et 6,8% prévu en 2017. Les moteurs de la croissance identifiés dans le PSE (Plan Sénégal émergent) sont bien en marche et l’agriculture qui est un secteur emblématique se porte de mieux en mieux, avec des productions records, dépassant le million de tonnes pour l’arachide, affleurant le million pour le riz, et des revenus conséquents créés, qui sont bien distribués entre les différents acteurs du monde rural.

Dans tous les secteurs de la vie socio-économique, on enregistre des avancées considérables et les perspectives sont plus que prometteuses, avec les chantiers qui sont ouverts un peu partout. Diamniadio en constitue l’exemple le plus éloquent. La situation que Wade décrit n’est rien d’autre que la photo de la ruine économique et du chaos social dans lesquels il avait fait sombrer le pays, avant son départ du pouvoir en 2012. Mais hélas pour lui ! Le pays à genou qu’il nous a légué est en train de se relever grâce à la vision et aux bonnes politiques définies par le Président Macky Sall et bien mises en œuvre par le gouvernement.

Malgré tout ce que vous dites, on a comme l’impression que les choses ne bougent pas beaucoup ?

Donnez-moi juste un exemple et je vous démontrerai le contraire. Dans tous les secteurs de la vie socio-économique, je peux vous dire ce qui a été fait depuis 2012 en termes de réalisations, les projets en cours et les perspectives qui se dessinent. Je crois que globalement, le sentiment des Sénégalais est que les choses bougent et ils l’ont parfaitement manifesté lors des élections législatives du 30 juillet 2017, en donnant une majorité parlementaire confortable au Président Macky Sall, en guise d’encouragement, de reconnaissance et de satisfaction par rapport à sa gouvernance.

N’y a-t-il pas des améliorations à apporter pour soulager davantage les Sénégalais ?

Naturellement ! Toute œuvre humaine étant perfectible, certainement, il y a des améliorations à apporter çà et là pour répondre davantage aux préoccupations des Sénégalais. C’est dans cette perspective qu’il faut, du reste, inscrire la décision du Président Macky Sall de faire de l’année 2018 une année sociale, en orientant d’importantes ressources budgétaires vers des dépenses à forte connotation sociale, qui ont un impact réel et direct sur le vécu des populations, en particulier des jeunes, des femmes et des groupes vulnérables. Pour avoir une idée du chantier social du Président Macky Sall dans le budget 2018, retenez qu’il a prévu 30 milliards pour booster l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, qui vont s’ajouter aux 14,5 milliards dédiés aux domaines agricoles communautaires, et 38 milliards à la formation professionnelle et l’apprentissage.

Ce chantier social, c’est également 40 milliards pour les bourses de sécurité familiale qui permettront d’enrôler au total 400 000 familles ; 27 milliards pour les subventions aux intrants agricoles, 15 milliards pour le PUDC, en plus des investissements importants prévus pour les secteurs de l’éducation et de la santé, notamment pour la couverture maladie universelle. Cela prouve que le Président Macky Sall est à l’écoute de son peuple et œuvre au quotidien dans le sens d’améliorer les conditions de vie de ses concitoyens.

L’affaire Khalifa Sall est toujours au-devant de la scène médiatique. Quelle appréciation faites-vous du développement de ce dossier ?

C’est une affaire pendante devant la justice, donc je me garderais de faire le moindre commentaire. Je fais confiance à la justice de mon pays qui lui garantira certainement un procès juste et équitable. Mais j’ai l’impression que son camp n’est pas pressé d’aller au procès en multipliant les effets de procédures.

Comment appréciez-vous la démarche du parquet que beaucoup trouvent incohérente dans la gestion de ce dossier ?

Je pense que l’on parle abusivement d’immunité parlementaire là où il est question d’autorisation pour poursuivre et juger un député. Je ne partage pas cette appréciation et je voudrais rappeler que ce problème n’est pas nouveau, dans notre pays. Si je ne me trompe, après les élections législatives de 1993, dans le cadre de l’affaire Me Sèye, Mody Sy, élu député le 14 mai de la même année, a été arrêté le 20 mai. L’Assemblée a été installée le 10 juin et ce jour, le gouvernement était représenté par un certain Khalifa Sall, ministre chargé des relations avec l’Assemblée, donc membre d’un pouvoir qui soutenait que Mody Sy a été arrêté avant d’être élu. A mon sens, la polémique ne nous est d’aucune utilité, ce qui importe, c’est de s’assurer que tous les mécanismes prévus par la loi, pour le respect des droits de la défense, sont mis en œuvre, en vue d’un procès juste et équitable.

Egalement, il y a la situation qui prévaut au port autonome de Dakar où le nouveau directeur a mis fin à des contrats signés par son prédécesseur, avant son départ. Comment appréciez-vous cette situation ?

Vous savez, la décision du nouveau Directeur général du Port autonome de Dakar de suspendre des décisions prises par son prédécesseur, dans les circonstances que nous connaissons, n’a rien d’extraordinaire. Cela arrive souvent. A mon avis, tout devra se faire en conformité avec les dispositions législatives et réglementaires en vigueur, notamment du Code du travail, en cohérence aussi avec les responsabilités du management de l’entreprise.

Pour certains cadres du port, Cheikh Kanté a mis l’entreprise dans une situation difficile. Qu’en pensez-vous ?

Je ne peux pas porter un jugement sur la situation du port. Ce qui me semble devoir être de rigueur, c’est de considérer qu’une gestion passée est l’affaire des corps de contrôle de l’Etat et la mission du nouveau management est de rester tourné vers l’avenir.

Dans le dernier rapport du Doing business, le Sénégal a gagné 7 places. Mais toujours est-il qu’il est classé à la 140ème position. Sur toutes les réformes qui ont été engagées, seules six ont abouti. Est-ce que cela ne traduit pas un échec du régime à ce niveau ?

Pas du tout et bien au contraire, il faut se féliciter du score obtenu par notre pays qui fait partie des cinq pays les plus réformateurs en Afrique subsaharienne. N’oublions pas d’où nous sommes partis en 2012, 178ème. Des réformes importantes ont été entreprises, depuis 2012, et qui ont considérablement amélioré l’environnement des affaires et l’attractivité du pays, notamment sur la fiscalité, le tourisme, la création des zones économiques spéciales, etc. Cependant, pour renforcer nos performances et améliorer notre classement dans le Doing business, de même que dans les autres instruments internationaux qui mesurent les progrès réalisés par les Etats, le président de la République a engagé le gouvernement à accélérer les réformes. Et certainement, lors du Conseil présidentiel du 20 novembre prochain, le point sera fait et les mesures d’amélioration seront prises dans ce sens.
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