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Serie d’accidents meurtriers au Magal:Les routes de la compromission
Publié le vendredi 10 novembre 2017  |  Enquête Plus
Huit
© Autre presse par DR
Huit personnes ont été tuées dans un accident de route




Le décompte macabre des nombreux accidents sur les axes menant à Touba est symptomatique d’un mal encore plus complexe, plus général, qui gangrène le secteur du transport routier.

C’est allé crescendo. 12 morts en 2014, puis 13 l’année suivante, et pour l’édition d’après, 16 sur les routes pour le Magal, selon les décomptes officiels définitifs du Groupement national des sapeurs-pompiers (Gnsp). Pour la présente édition, rien que le bilan d’étape dépasse déjà les trois derniers réunis : 44 morts provisoirement dénombrés sur les routes dont un lourd bilan de 25 victimes le lundi dernier à Ndieng Diaw, près de Sagatta (Kébémer). Des chiffres qui inscrivent l’édition 2017 du Magal de Touba dans un palmarès peu glorieux d’un des plus meurtriers en termes d’accidents. Ce bilan n’est toutefois pas spécifique à cette commémoration grandeur nature, et s’inscrit dans le prolongement d’une série d’accidents meurtriers dont le trident est composé de Dakar et des deux autres régions qui abritent les deux plus grandes capitales confrériques du pays (Thiès et Diourbel).

En 2014, les sapeurs-pompiers ont enregistré 12 547 accidents de la circulation, dont 16 ferroviaires, pour 22 441 victimes constatées, dont 433 décès. La capitale est en tête avec 5 653 accidents pour 8 225 victimes, dont 126 morts. Thiès et Diourbel, qui polarisent Tivaouane et Touba, suivent avec 3 644 accidents ayant causé 115 décès. Viennent ensuite Kaolack, Fatick et Kaffrine, pour 1 119 accidents occasionnant 61 décès. Au bas du tableau, on retrouve Tamba et Kédougou, avec 450 accidents pour 23 morts. Une moyenne annuelle officielle qui fait mal. ‘‘Chaque année, au Sénégal, nous perdons 500 personnes sur nos routes. Le coût économique des accidents de la route est de plus de 1% du produit intérieur brut (Pib), soit plus de 77 milliards de francs Cfa par an’’, informait le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, en octobre dernier dans nos colonnes, sous la plume de Pape Nouha Souané.

Plus récemment, l’année dernière, les chiffres ont fait état de 600 décès sur la route. Loin des 430 morts par accidents de 2015. La moyenne mensuelle dépasse les 22 à 25 décès, cette année. La recrudescence de ces accidents de la route laisse penser que l’amélioration accélérée des infrastructures routières à partir des années 2010 n’a pas contribué à diminuer ce phénomène qui continue d’emporter des citoyens. ‘‘Les accidents de la route font maintenant partie du quotidien des Sénégalais’’, de sorte qu’ils sont ‘‘devenus une banalité’’, lançait en octobre dernier le directeur du fonds de garantie automobile, Bocar Sall, à l’ouverture de Preventica International, un forum sur la sécurité routière.

Les avancées de 2017 s’envolent

Pourtant, en matière de sensibilisation, les formules ne manquent pas pour appeler les chauffeurs à la vigilance en période de pèlerinage dans la Ville sainte. L’association nationale des personnes accidentées vivant avec un handicap, (Anpavh) en partenariat avec le ministère des Transports, la direction des transports routiers, la police, la gendarmerie et les sapeurs-pompiers, a lancé une campagne de sensibilisation pour la réduction des accidents de la route où elle a même ‘‘imploré’’ la vigilance des forces de l’ordre et des chauffeurs. Une supplique qui a vite tourné à l’emportement, à l’annonce de l’accident du lundi ayant fait 25 morts. ‘‘Ce sont les conséquences de la corruption et du laxisme des conducteurs et des forces de l’ordre qui veillent sur nos routes’’, a déclaré le président Ousmane Ndoye. Le regroupement des mécaniciens, avec 25 sites de révision et de dépannage gratuit de Dakar à Touba pour 2016, ne semble pas être la panacée à ces accidents non plus.

Ces initiatives privées de bonne volonté sont aussi vaines que les mesures des autorités. Excédé par cette situation, le directeur des Transports routiers, Cheikhou Oumar Gaye, plaidait dans nos colonnes pour la reprise des opérations ‘‘coup de poing’’ qui ont prouvé leur efficacité. Ceci après un conseil interministériel convoqué dare-dare en février après une série d’accidents routiers très meurtriers. ‘‘Nous avons senti une amélioration. Parce que le premier trimestre de 2017, nous avons enregistré 186 décès en janvier, février et mars. Après le Conseil ministériel de février, avec la prise des 10 mesures au mois de mars, nous avons senti une nette amélioration au second trimestre, c’est-à-dire entre avril, mai et juin où nous avons noté 86 décès. Donc, nous avons réduit presque plus de la moitié du nombre de décès connus au premier trimestre’’, déclarait-il en août dernier dans le journal Sud Quotidien.

Des progrès salutaires que le bilan provisoire des accidents du Magal vient remettre en cause.
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