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Dengue au Sénégal: Une soixantaine de cas découverts à Dakar
Publié le mardi 31 octobre 2017  |  Enquête Plus




La dengue de type 3 est en train de se propager au Sénégal. Celle-ci, qui apparaît pour la première fois dans le pays, compte une soixantaine de cas à Dakar. Les spécialistes demandent aux populations de dormir sous moustiquaires imprégnées et de se vêtir de chemises à manches longues et surtout de se débarrasser de tous les points d’eau.

Après les 22 cas confirmés à Louga vendredi dernier, la dengue fait son bonhomme de chemin. C’est au tour de la capitale Dakar de dénombrer une soixantaine de cas. Du moins, selon le Professeur Bernard Marcel Diop, spécialiste des maladies infectieuses, dans un entretien posté par le gynécologue obstétricien, docteur Abdoulaye Diop, sur sa page Facebook. Sur ce, l’infectiologue conseille aux populations de se débarrasser de tous les points d’eau susceptibles de favoriser l’éclosion des gîtes larvaires, de dormir sous une moustiquaire, de se promener dans les rues de Dakar avec des chemises à manches longues ; à défaut, d’induire leurs bras de produits répulsifs. Il déconseille en même temps la prise d’aspirine et d’anti-inflammatoires qui exposerait le malade à des accidents hémorragiques.

Selon Professeur Diop, la dengue est une maladie infectieuse virale fébrile qui est transmise par des moustiques. ‘‘Auparavant on l’appelait la fièvre rouge à cause des signes hémorragiques. Le mot dengue vient de l’espagnol ‘‘dengueiro’’ qui signifie guindé, parce que lorsque les personnes contractent cette fièvre, elles ont très mal aux articulations. Les malades donnent l’impression d’être guindés lorsqu’ils marchent’’, a-t-il expliqué. Il existe 4 stéréotypes (caractéristiques antigéniques) du virus de la dengue (Den-1, Den-2, Den-3, Den-4).

‘‘Le virus est transmis à l’homme par la femelle de ce moustique appelée Aedes aegyptia. C’est le même moustique qui transmet le Chikungunya et la fièvre jaune. Il ne se développe que dans de l’eau propre, dans les gîtes artificiels créés par l’homme (eau des canaris, dans les soucoupes mis sous les pots de fleurs, dans les récipients mis pour recueillir l’eau des climatiseurs, vieux pneus...) et dans des gîtes larvaires naturels (creux des troncs d’arbres, creux de certaines feuilles de végétaux...). Ce moustique vit en général en zone urbaine ou périurbaine’’, a-t-il fait savoir.

‘’Lors de la remontée, il peut y avoir des accidents hémorragiques avec ou non un choc cardio-vasculaire’’

A l’en croire, une fois le virus transmis à l’homme, les signes apparaissent au bout de 3 à 7 jours. Le début de la maladie, a souligné l’infectiologue, est brutal, contrairement au paludisme dont le début est souvent progressif. ‘‘La fièvre atteint d’emblée les 39-40° Celsius associée à des frissons pouvant faire penser à un paludisme. La personne souffre de céphalées ou maux de tête, de douleurs rétro-orbitaires, c’est-à-dire derrière les yeux. Ce qui est typique, cette fièvre de la dengue ne cède pas à la prise de paracétamol. La fièvre persistera tout le cycle de l’infection virale accompagnée de douleurs articulaires atroces’’, a soutenu Prof Diop. S’il n’y a pas d’amélioration après la prise du paracétamol, le malade ne doit prendre ni aspirine, ni d’autres médicaments qui calment fièvre et douleur. Car, dit-il, il y a risque d’accidents hémorragiques. Dans ces cas, il est conseillé de prendre un bain d’eau tiède ou de s’envelopper avec un drap humide pendant une quinzaine de minutes.

Il conseille également de boire de l’eau selon sa soif car la dengue déshydrate le corps. L’eau qui est dans le sang fuit pour aller dans les tissus. ‘’Dans la majorité des cas, le malade guérit sans séquelles après plusieurs semaines. Dans environ 1% des cas, la maladie va s’aggraver et on peut avoir des signes hémorragiques. La fièvre baisse et remonte à un moindre degré pendant 2 jours. C’est lors de la remontée qu’il peut y avoir des accidents hémorragiques avec ou non un choc cardio-vasculaire. Il faut dès lors orienter le malade vers les structures de prise en charge adéquate (hôpital).

En général, le malade est guéri au 6e jour et sans séquelle’’, a-t-il expliqué. Toutefois, il a précisé que la convalescence peut durer 6 à 8 semaines. Durant la convalescence, le malade va ressentir une fatigue intense avec parfois la persistance de douleurs articulaires comme dans le cas d’une fièvre de Chikungunya. ‘’La dengue, dans 70% des cas d’infection, est asymptomatique. On n’observe les symptômes que dans 30% des cas. Lorsqu’un agent de santé suspecte un cas, il doit effectuer un prélèvement de sang pour une confirmation de la maladie par l’Institut Pasteur de Dakar. La confirmation se fait en général dans les 72 heures’’.

‘’Il n’y a pas de médicaments contre le virus, ni de vaccin pour le moment’’

Par ailleurs, le spécialiste a soutenu que ce n’est pas la première fois qu’on parle de la dengue au Sénégal et dans le monde. Déjà en 1974, il y avait la dengue-2. Entre 1980 et 1990 il y a eu la dengue-4. A cela, s’ajoute une nouvelle épidémie de dengue-2 entre 1999 et 2000. Ces épidémies sont passées presque inaperçues. Mais, c’est la première fois que la dengue-3 arrive au Sénégal. Elle sévit en Amérique Latine, en Inde, en Asie du Sud-Est, en Indonésie... Le Cap-Vert a compté des milliers de cas et 6 décès depuis le 1er octobre 2009. ‘’Le Sénégal a enregistré son premier cas à partir du 13 octobre 2017. C’est un Sénégalais qui vit à Naples en Italie qui est venu passer des vacances dans son village, dans la zone de Louga. Lorsqu’il est rentré en Italie, il a présenté une fièvre rebelle et les médecins italiens ont diagnostiqué une dengue. C’est à partir de là que l’ambassadeur a envoyé un message aux autorités sénégalaises’’, a expliqué le professeur Diop.

Depuis lors, ils travaillent à limiter la propagation. Selon lui, des investigations ont été faites pour trouver les gîtes de larves et les moustiques adultes chez lesquels le virus de la dengue a été retrouvé. ‘‘La lutte contre les vecteurs est essentielle. Il n’y a pas de médicaments contre le virus, ni de vaccin pour le moment. Il ne faut pas laisser stagner l’eau. Le moustique pond dans l’eau propre, les larves se développent et au bout d’une semaine à 15 jours, on a une autre famille de moustiques adultes. Le moustique peut pondre même sur le creux des feuilles d’un végétal (bananier), dans les coques de noix de coco, dans les boites de conserves. Ce n’est pas un moustique qui aime le soleil. Il aime l’ombre et la fraîcheur’’, a conseillé M. Diop.

Selon lui, le moustique pique le jour et la nuit. La femelle a besoin de piquer les hommes pour prendre du sang pour la maturité de ses œufs. ‘’Ce qui est dramatique, la femelle est infectée toute sa vie (15-21 jours) et va transmettre le virus à sa descendance avant de mourir. Les larves qui sont dans l’eau sont déjà infectées’’, a-t-il informé. Durant le week-end dernier, a soutenu l’infectiologue, le service d’Hygiène a commencé à faire des pulvérisations. Le ministère de la Santé, avec l’appui d’autres ministères, des collectivités locales et du secteur privé, cherche d’autres moyens pour continuer la désinsectisation et la lutte contre les larves. Parallèlement, le volet information des populations est en train d’être développé par le service d’Education pour la santé.
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