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Adhesion du Maroc à la CEDEAO Les craintes de la CNES
Publié le mercredi 20 septembre 2017  |  enqueteplus.com
Mohammed
© Autre presse par DR
Mohammed VI, Roi du Maroc




La Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) est loin d’être emballée par l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) approuvée par les 15 pays membres. Critique, elle estime que le royaume du Maroc, qui ne remplit pas toutes les conditions, va peser, aux plans diplomatique et politique, sur l’orientation de cette région. Dans le secteur de la pêche, dit-elle, cette entrée peut être une menace pour le Sénégal.



Panoplie de craintes diplomatiques ! La Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) ne danse pas le même tempo que les 15 pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui ont béni l’adhésion du Maroc à cette organisation. Dans le secteur de la pêche, avance-t-elle, ce nouveau membre peut être une menace pour le Sénégal parce qu’il dispose d’une ‘’très large’’ frange côtière et d’une ‘’flotte conséquente’’.

‘’Notre pays est déjà très concurrencé par le Maroc dans le secteur bancaire du fait que les capitaux des banques au Sénégal n’appartiennent pas aux Sénégalais. C’est aussi valable dans le domaine de l’immobilier, avec la construction de la Cité de l’Emergence confiée à un groupe de Btp marocain’’, détaille un document de la CNES dont EnQuête détient copie. Selon cette même source, l’intégration peut se faire à condition que les deux parties y trouvent leurs intérêts réciproques.

La CNES, qui redoute également une réorientation de la diplomatie dans cette région, soutient que cette adhésion permettrait au Maroc de peser, aux plans diplomatique et politique, sur l’orientation de cette zone. Il sera donc incontournable en Afrique occidentale. ‘’En l’y admettant, on intègre un État fort dans une communauté où la plupart des États sont encore fragiles sur le plan économique. Il deviendrait ainsi, avec le Nigeria, la plus importante puissance de la CEDEAO, dépassant la Côte d’Ivoire et le Ghana. Ce qui lui donnera une capacité d’agir de l’intérieur, pour orienter sa stratégie en fonction des opportunités offertes par la communauté, mais aussi en fonction de ses propres intérêts’’, soutient la Confédération nationale des employeurs du Sénégal. Avant de souligner que la présence d’un État au dynamisme économique avéré, à côté de la deuxième puissance économique du continent (le Nigeria) et de la locomotive de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) (la Côte d’Ivoire), pourrait contribuer au rayonnement économique de la CEDEAO.

Contraintes de l’adhésion du Maroc à la Cedeao

En dépit de la procédure accélérée d’adoption de cette décision, certaines contraintes pourraient remettre en cause cette adhésion ou rendre sa mise en œuvre très difficile aussi bien pour la CEDEAO que pour le Maroc. La CNES de faire état de la ‘’contrainte juridique’’ : l'article 1er, paragraphe 2 du Traité fondateur de 1975, réaffirmé dans le traité révisé de la CEDEAO de 1993, dispose que ‘’sont membres de la Communauté, les Etats qui ratifient ce traité et tout autre Etat de l'Afrique de l'Ouest qui y adhère.’’ Et deux conditions cumulatives sont nécessaires pour être membre. Il s’agit d’être géographiquement situé en Afrique de l’Ouest et avoir signé le traité portant création de la CEDEAO. Le Maroc, remarque la CNES, ne remplit pas ces deux conditions.

Hormis ce constat, elle indique que cette adhésion marocaine peut également déstabiliser la composition des Communautés économiques régionales (CER) de l’Union africaine (UA). Il s’y ajoute que l'autre opposition éventuelle pourrait venir de l'UA qui n'est pas favorable au fait que des Etats puissent appartenir à plusieurs organisations régionales. Cela fausse le jeu normal des alliances sous régionales, piliers de la Communauté économique africaine, créée en 1991 par le Traité d'Abuja, dans le but de fournir au continent un cadre général pour son intégration économique, rapporte le document de la CNES.

‘’Il n’y a pas d’intérêt à accepter le Maroc dans la CEDEAO si à terme, ce nouvel Etat membre aura la possibilité de refuser la future monnaie unique. En dehors d’une perspective de monnaie unique pour tous, il n’y a aucun sens d’intégrer le Maroc. Parce qu’une zone d’intégration économique, c’est avant tout lever les entraves monétaires qui constituent un frein au développement des échanges commerciaux’’, éclaire la Confédération nationale des employeurs du Sénégal. Qui considère que l’entrée d’un nouveau pays change ‘’beaucoup de choses’’ sur le plan institutionnel et bouleverse l’ordre établi. C’est la raison pour laquelle la Cnes souligne qu’il y avait une procédure ‘’plus judicieuse’’ de donner au Maroc, dans un premier temps, un statut de partenaire stratégique ou privilégié. ‘’Dans une seconde phase, à partir des enseignements tirés de cette expérience, la CEDEAO pourrait décider de l’opportunité et le cas échéant, des modalités de l’adhésion sur une période à définir et en tenant compte des intérêts mutuels des deux parties’’, suggère-t-elle.

Augmentation du poids économique de la CEDEAO

Avec son PIB global de 700 milliards de dollars et ses 300 millions d’habitants, la CEDEAO, qui a une superficie de 6 millions de km², représente la 20e économie mondiale. En intégrant, le Maroc et ses 100 milliards de dollars de PIB, elle va dépasser la Turquie (730 milliards de dollars de PIB), renseigne la CNES. En formulant la demande d'adhésion à cette organisation, le royaume du Maroc confirme son intention de renforcer un pôle nord-ouest africain.

Vendredi 24 février dernier, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères envoyé à Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de l’organisation, le Maroc a demandé d’adhérer à la CEDEAO, où il jouit déjà d’un statut d’observateur. Concrètement, son adhésion à ce groupement régional devrait concerner la libre circulation des biens, des services, des capitaux mais aussi des personnes. Le chantier est donc colossal car, derrière un simple traité d’adhésion, se cache un travail considérable d’harmonisation tarifaire, monétaire, sans oublier la gestion des flux humains.

Il faut dire que la Mauritanie a été le premier pays du Maghreb à avoir intégré ce groupement, mais elle s’en est retirée en 2000. Après le Maroc, la Tunisie a aussi exprimé sa volonté d’y adhérer et ambitionne de l’intégrer en décembre prochain aussi. A l’occasion du sommet de l’UA tenu le 30 janvier passé à Addis-Abeba, le roi du Maroc avait enterré l’Union du Maghreb arabe (UMA), estimant que ‘’sa flamme s’est éteinte parce que la foi dans un intérêt commun a disparu’’. Désormais, le Maroc considère que ‘’la famille africaine est sa famille de référence’’. Un autre sujet de divergence avec ses voisins algérien et mauritanien qui, eux, croient encore au vieux rêve maghrébin et souhaiteraient le réanimer.

Depuis la conclusion du projet d’extension du pipeline ouest-africain entre le Maroc et le Nigeria en décembre dernier, les responsables politiques du royaume parlent de plus en plus ouvertement de leur intention de créer un pôle nord-ouest-africain. L’activisme de la monarchie marocaine dans cette partie de l’Afrique, sa diplomatie offensive, sont manifestes depuis plusieurs années. Mohammed VI a effectué 23 visites dans 11 pays de la région, dont le Sénégal, signant plusieurs centaines d’accords. Le 4 juin dernier, à Monrovia, la Conférence de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a donné son accord de principe à la demande d’adhésion du Maroc à ce groupement régional. Ledit sommet a instruit la Commission de la CEDEAO d’examiner les implications d’une telle adhésion, conformément aux dispositions du traité révisé de cette organisation et de soumettre les résultats à sa prochaine session.
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