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Au Sénégal, les cas d’infanticides posent la question de la légalisation de l’avortement
Publié le mardi 19 septembre 2017  |  Le Monde
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© Autre presse par Dr
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Les nourrissons retrouvés morts, souvent à la décharge publique, sont la plupart du temps le fruit d’un viol, d’un inceste ou d’un adultère.
En février, un corps de bébé a été retrouvé sous un camion dans le parking du stade Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar. Le commissaire Mandjibou Lèye, alors en poste au quartier des Parcelles-Assainies, se souvient : « Le corps avait été placé dans un sachet en plastique puis déposé sous un camion. Des mécaniciens m’ont prévenu, et nous avons envoyé le corps à l’hôpital de Grand-Yoff pour une autopsie. Agé de trois jours, le nouveau-né était mort par suffocation. »

Le même mois, une découverte tout aussi macabre a été faite à la gare des maraîchers de Pikine, en banlieue de la capitale sénégalaise. Et depuis deux ans, quatorze cas similaires ont été recensés dans les décharges d’ordures de Mbeubeuss, selon Al-Hadji Malick Diallo, le président de l’association des récupérateurs, pour qui ces chiffres sont l’arbre qui cache la forêt, car certains corps sont rapidement dévorés par les chiens.

« Il arrivait que nous retrouvions une partie du corps du bébé, raconte M. Diallo. Parfois c’était une main, parfois un pied… Les récupérateurs les laissaient aux chiens ou les enterraient. A mon arrivée en 2012 à la tête de l’association, je leur ai demandé de m’informer de tous les cas de bébés ou de restes retrouvés. Désormais, j’alerte la police et les sapeurs pompiers à chaque nouveau cas. »

Sur la table de son bureau exigu, au milieu de documents poussiéreux et froissés, M. Diallo pose une feuille jaune intitulée « Réception de fœtus » et sur laquelle il tient le morbide décompte du cimetière de bébés qu’est devenue la décharge de Mbeubeuss. Date, sexe, lieu et observations : tout y est consigné. « Je disposais aussi des photos, mais je ne les ai plus », s’excuse-t-il.
Ignorance des méthodes contraceptives

Ces cas à répétition mettent au jour un phénomène préoccupant au Sénégal : l’infanticide. Selon la dernière enquête sur la situation économique et sociale du pays effectuée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) en 2012, les cas d’infanticides représentaient 25 % des affaires jugées aux assises (devenues entre-temps chambres criminelles). La même année, la direction de l’administration pénitentiaire avait recensé 29 femmes détenues pour infanticide.

Dans la seule capitale, les répertoires des chambres criminelles du tribunal de grande instance font état de quatorze femmes condamnées ou en détention préventive pour infanticide, sachant que retrouver l’auteur d’un tel acte est souvent compliqué. « On peut recevoir un appel anonyme qui nous informe de l’accouchement d’une femme dont on n’a pas vu le bébé, explique M. Lèye. Ou bien cela peut être le petit ami qui vient porter plainte. »

En mars, une femme a été condamnée à sept ans de prison pour infanticide à Diourbel, à 150 km à l’est de Dakar. Le phénomène touche principalement les quartiers pauvres où les habitants vivent dans une forte promiscuité. « Cela explique grandement certains comportements tels que le viol, la pédophilie, l’inceste et la prostitution parfois déguisée », déduit M. Lèye. Des dérives qui, selon lui, encouragent l’infanticide.
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