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Nouveau Dg de la CDC: L’embarras Aliou Sall
Publié le jeudi 14 septembre 2017  |  Enquête Plus
Macky
© Présidence par DR
Macky Sall donne le coup d`envoi du dialogue national
Dakar, le 28 mai 2016 - Le président de la République Macky Sall a donné le coup d`envoi du dialogue national. Il a lieu au palais de la République. Photo: Aliou Sall, maire de Guédiawaye




Maire, président, directeur général et frère de... Le cumul des postes d’Aliou Sall indispose politiquement son grand-frère de président et devient le pain béni de l’opposition.

Il y a moins d’une décennie, le scénario d’une dévolution monarchique du pouvoir entre Wade père et fils avait secoué le pays. Le trauma ne s’est pas encore estompé qu’un nouveau feuilleton dévoile de plus en plus une intrigue que beaucoup avaient craint, insinué ou carrément dénoncé : du ‘‘wadisme’’ sans Wade. Aliou Sall, frère DE Macky Sall, est nommé directeur général de la Caisse des dépôts et consignations.

Pourquoi le président de l’Alliance pour la République (APR), par ailleurs chef de l’Etat, qui a compris la nature ‘‘népotiste’’ du risque politique, au point de surseoir à l’investiture de son frère pour les législatives, a finalement cédé ? Laisser Aliou Sall exiger les suffrages de Guédiawaye aurait présenté moins d’embarras politique, puisque la députation est un poste électif et aurait, quoi que l’on puisse dire, était crédité du mérite personnel de son frère. Le poste nominatif à ce stratégique démembrement du ministère des Finances, bras financier de l’Etat, donne du grain à moudre à ceux qui dénoncent la présence envahissante de la famille Sall et Faye dans les affaires de l’Etat.

Macky ne peut ignorer les risques politiques qu’il encourt en mettant en avant ses proches, surtout son frère très controversé. Déjà très ‘‘gros’’ du président du Conseil d’administration de l’Agence de développement municipal (ADM) et de la présidence de l’Association des maires du Sénégal (AMS), Aliou Sall vient d’être engraissé d’un poste stratégique, alors qu’en pleine campagne électorale, et aux premiers temps de sa présidence, son grand frère s’était engagé à ne lui faire bénéficier d’aucun décret de nomination. ‘‘C’est le président qui s’était engagé. Aujourd’hui, il l’a nommé. Je fais partie de ceux qui disent : faisons de sorte que nos familles s’éloignent de la gestion du pouvoir. Cela fait partie des valeurs que les Sénégalais ont défendues depuis 2012. Nous devons les respecter et moi je compte les défendre à l’Assemblée’’, a déclaré hier le futur président du groupe parlementaire de la Coalition gagnante Wattu Senegaal, Me Madické Niang.

Malick Gakou : ‘‘C’est un vulgaire attentat’’

Pour les nominations de Dionne II, il y a eu beaucoup de choix discutables, comme les absences de Mankeur Ndiaye et d’Awa Marie Coll Seck. Mais la nomination du frère du président de la République éclipse toutes les autres contestations. Il est difficile de déceler les dividendes politiques attendus de cette manœuvre du président Sall. D’autant plus que pour les législatives du juillet dernier, il avait bien cerné le potentiel politique toxique en évitant l’investiture de son frère à Guédiawaye. Ce dernier, très récalcitrant à cette idée, a néanmoins dû se conformer à la décision.

La CDC est-elle une contrepartie pour son sacrifice électoral ? Aliou Sall est, tout compte fait, sorti par la porte pour rentrer par la fenêtre. L’occasion est trop belle pour sa principale victime politique, Malick Gakou, de lui rentrer dedans. ‘‘La nomination du frère du président de la République au poste de directeur général de la Caisse des dépôts et consignations est une déclaration de guerre contre les intérêts vitaux du Sénégal. Avec cette nomination, le Sénégal a touché le fond. Cette énième forfaiture du président Macky Sall est une preuve suffisamment éloquente pour déterminer ô combien notre République est en jachère sous son magistère. Cette nomination est un vulgaire attentat contre les intérêts supérieurs de la nation et une collusion d'intérêts en porte-à-faux avec le Sénégal des valeurs tant prôné’’, a déclaré hier le président du Grand Parti dans un communiqué pour fustiger cette nomination.

En principe, le suffrage universel confère une légitimité qui ne dépend ni des compétences ni de l’expérience. S’il s’est plus ou moins accompli professionnellement, Aliou Sall a réussi la prouesse de passer du néant politique à un super-lourd à Guédiawaye, dont il est le premier magistrat depuis 2014. La victoire de l’APR dans ce département, lors des dernières législatives, porte sa signature, malgré sa non-investiture. Une construction politique qui s’est faite malgré les appréhensions de son frère de président. Une manœuvre d’autant plus incompréhensible que, mis sur la balance, le risque de se passer d’Aliou à Guédiawaye au profit d’autres responsables politiques comme Racine Talla, par exemple, prête moins à conséquence que cette nomination qui vient engraisser les responsabilités de l’édile.

Les mêmes et on recommence

Légal ? Certainement. Légitime ? Un peu moins. Pertinent ? Certainement pas. Au-delà de la dimension individuelle ou individualiste, c’est la perception, par les Sénégalais, de la personnalisation du processus démocratique et de l’appareil d’Etat par la famille biologique et par alliance du président qui est préoccupante. ‘‘Je suis animé et outré par une énorme déception face à cette volonté inique d'accaparement des richesses nationales : le pétrole, le gaz, la banque... et maintenant les bijoux de la famille sénégalaise. C'est tout simplement scandaleux, triste et hallucinant. Face à cette incurie, le peuple sénégalais doit maintenant faire face avant qu'il ne soit trop tard. Pour ma part, je serai à la pointe du combat pour libérer notre pays de ce fardeau si encombrant et si arriéré afin de relever de manière durable et définitive les défis de la transparence dans la gestion des affaires publiques’’, poursuit Malick Gakou.

Pour couronner le tout, la guerre feutrée entre faucons de la première dame et ceux du frère Sall, dont les relations tendues sont un secret de polichinelle, poussent Macky Sall à commettre cette erreur politique qui frise la faute, pour laquelle l’opinion, encore mal pansée du traumatisme des Wade, risque certainement de lui tenir rigueur. Le président serait-il entre le marteau du frère et l’enclume de l’épouse ? Simple question à une situation invraisemblable.
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