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El Hadji Yamar Gueye de l’agence al-haramayni cherifayni:‘’Notre tort, c’est d’avoir orienté les pèlerins vers Mberry Travels’’
Publié le mardi 5 septembre 2017  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par M.B/DF
La 122e édition de Magal de Touba célébrée
Dakar, le 20 novembre 2016 - La Magal de Touba a été célébré dans la ville sainte. Plusieurs milliers de pèlerins se sont rendus à Touba pour commémorer le départ d`exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Cette année marque la 122e édition de l`évènement.




Incriminé dans l’affaire des 147 pèlerins laissés en rade à Dakar, dont ses 30 candidats à la Mecque, le directeur général de l’agence Al-Haramayni Chérifayni se lâche dans cet entretien pour dissiper la polémique autour de cette situation qu’il regrette. 84 ans, El Hadji Yamar Guèye, 48 pèlerinages effectués, annonce avoir payé 128 200 000 F à l’agence Mberry qui, déplore-t-il, n’a pas respecté ses engagements, au grand dam des pèlerins.



Votre agence de voyage Al-Haramayni Cherifayni est impliquée dans l’histoire des 147 pèlerins laissés en rade à Dakar. Quelle appréciation faites-vous de cette situation ?

Vous savez, nous sommes le premier organisateur privé du pèlerinage à la Mecque. Nous le faisons, depuis 1978. A ce moment, les gens n’avaient pas pensé à investir dans ce secteur. Et je n’ai jamais eu de problème avec les pèlerins, jusqu’à aujourd’hui. C’est un tort qui nous a été causé. J’avais 267 pèlerins à convoyer, c'est-à-dire comme quota. Ils sont tous partis à la Mecque, depuis le 18 août, dans de très bonnes conditions. Quand nous avons été sollicités par les gens qui sont venus, au dernier moment, nous leur avons dit que présentement, notre quota a été atteint. C’est ainsi que certains de mes employés se sont engagés à les mettre en rapport avec l’Agence Mberry Travels. Cette dernière a dit qu’elle a assez de places et que chaque pèlerin va payer 2 800 000 F Cfa.

Ils sont au nombre de combien ?

Parmi eux, je connais au moins 30 personnes qui étaient venues vers nous. J’ai tous les reçus. Ils ont versé leur argent à Mbery qui n’a pas respecté ses engagements. Parce qu’elle avait promis de les convoyer, le 19 août. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Les pèlerins ont fait le déplacement jusqu’à l’aéroport. Mberry est allée pour leur dire qu’il n’y a plus de place dans l’avion. Ainsi, ils sont allés patienter dans un hôtel de la place. Ce qui était un subterfuge. Elle leur a donné des billets d’avion, sans visa. Une situation inacceptable. Alors, après avoir longuement patienté à l’hôtel, les pèlerins se sont frustrés. Environ, on parle de 130 à 150 pèlerins dans cette situation. J’en ai 30 candidats. Notre tort, c’est d’avoir orienté ces pèlerins vers l’agence Mberry. Nous, en ce qui nous concerne, nous avons rempli notre engagement.

Avez-vous, à votre niveau, payé cette agence Mberry ?

Oui, nous avons payé une somme de 128 200 000 F CFA. J’ai tous les reçus. Cette situation me fait mal, parce que c’est une première au niveau de mon agence de voyage. J’ai toujours servi les pèlerins avec élégance. D’ailleurs, les autorités saoudiennes ont fait des témoignages sur moi par rapport au travail que je fais pour les pèlerins. Elles m’ont vivement remercié. Mon rang social, mon âge, mon parcours…, tous ces facteurs ne militent pas pour que je fasse des choses en contradiction avec mon travail. La plupart du temps, je convoie 300 pèlerins. Cette année, puisqu’ils ont diminué les quotas, j’ai eu 267 pèlerins.

Le Délégué général au pèlerinage, Abdou Aziz Kébé, est très remonté contre les auteurs de cette situation. Il a déclaré que les agences de voyage qui n’ont pas respecté leurs engagements vis-à-vis des pèlerins vont perdre leur agrément. Quel commentaire faites-vous de sa déclaration ?

Effectivement, certaines agences ne respectent pas les pèlerins. Si vous voulez organiser un voyage, alors que vous n’avez pas d’agrément, je dis que cela pose problème. Parce que vous n’avez pas les moyens de le faire. Vous savez, pour qu’une agence dispose de visas pour ses pèlerins, elle doit faire beaucoup de démarches auprès des autorités saoudiennes pour avoir un portail. Toutes les agences ne peuvent pas remplir les conditions nécessaires requises pour effectuer le pèlerinage.

Vous avez fait des années dans ce secteur. Quelle analyse faites-vous de l’organisation du pèlerinage de manière générale ?

Je suis le premier organisateur privé au Sénégal. J’ai fait plus de 48 pèlerinages. Donc, je connais la Mecque. Le problème est que ceux qui peuvent convoyer les pèlerins, on ne leur donne pas un quota conséquent.

Comment expliquez-vous la récurrence des problèmes au niveau des agences privées, dans le cadre du pèlerinage ?

C’est parce qu’il y a des agences qui veulent se faire de l’argent dans l’organisation du pèlerinage. Si vous faites bien les choses, vous allez vous rendre compte qu’il n’y a pas beaucoup de gains à faire dans cette affaire de voyage. Aujourd’hui, il est inadmissible que des agences demandent aux pèlerins de payer 3 000 000 ou 3 500 000 F Cfa pour effectuer le voyage. C’est la raison pour laquelle elles sont toujours confrontées à des problèmes. Quand je mettais en place l’Association pour l’éducation islamique et la défense des intérêts, c’était uniquement pour que les pèlerins puissent faire face aux frais de voyage. En 1978, ils payaient, dans mon agence, 216 500 F Cfa. L’Etat, lui, demandait 350 000 F Cfa. Aujourd’hui, nous sommes dans un milieu saturé. C’est la raison pour laquelle une rencontre a été initiée dans ce sens à la Primature pour essayer de voir comment faire dans le but de l’assainir.

L’association dont vous faites état fonctionne-t-elle toujours ?

Elle ne fonctionne plus, parce que la plupart de ses membres fondateurs ne sont plus de ce monde. Elle a été créée en 1974. Avec l’âge, plus de 84 ans, je n’ai plus la force de faire certaines activités au nom de l’association. Elle était implantée sur tout le territoire national. Elle était composée du père de la ministre Aminata Mbengue Ndiaye, qui était notre représentant régional au niveau de Louga, El Hadji Khaly Mbengue. Il y a aussi El Hadji Pape Diop de Rufisque, Abdoulaye Fall, Bécaye Gaye de Kaolack, etc.

A votre avis, il y a combien d’agences privées au Sénégal ?

Personne ne peut vous donner le nombre exact. Elles font plus de 300. L’année dernière, il y avait une centaine. C’est le commissaire qui a fait que nous en sommes aujourd’hui à plus de 300 organismes. Moi, personnellement, j’ai eu à traiter avec neuf agences que j’ai aidées.

Quelle analyse faites-vous de l’organisation du pèlerinage par l’Etat ?

L’Etat ambitionne de privatiser le pèlerinage. Il y a 9 500 pèlerins convoyés par les agences privées sur un quota total de 10 500 pour le pays. Donc, le gouvernement a convoyé 1000 pèlerins.

Avez-vous, en tant qu’agence privée, le soutien l’Etat ?

Le privé n’est pas subventionné. Par contre, il le fait pour l’organisation officielle. Alors que moi, je mets à la disposition de mes pèlerins tout ce dont ils ont besoin. J’ai pris en charge un médecin qui s’occupe d’eux.

Etes-vous satisfait du travail d’Abdou Aziz Kébé à la tête de la délégation générale ?

Il vient de faire deux ans à la tête de cette commission. Elle est complexe, très difficile à maîtriser. Moi, j’ai travaillé avec plusieurs commissaires. J’ai fait 15 ans avec Moustapha Cissé, en tant que coordonnateur de la mission officielle. Donc, j’ai eu l’expérience. J’ai aussi travaillé avec Rawane Mbaye, et d’autres anciens commissaires.

Comment faire pour éviter ces manquements qui se répètent à chaque pèlerinage ?

Il faut qu’ils donnent le maximum de quotas aux agences qui ont l’expérience d’organiser le pèlerinage. Je vous dis que j’en ai aidé neuf, alors que je n’ai même pas dépassé 267 pèlerins. Et ma structure s’occupe des pèlerins de la Sde, de la ville de Dakar. Pour régler l’affaire des pèlerins, mon avocat est en discussion avec Mberry. C’est pour voir comment faire pour payer l’argent. Nous allons donner quelques jours à la dame pour qu’elle rembourse les pèlerins. D’autres agences ont le même problème avec Mberry. Actuellement, Mberry et un de mes employés sont en prison.

Que comptez-vous faire si Mberry dit qu’elle n’a pas les moyens de rembourser la somme reçue ?

Ma responsabilité est engagée dans cette affaire. Parce que j’ai un employé qui jouait la médiation entre Mberry et les pèlerins. Mberry a les moyens de rembourser, parce qu’elle a un compte bancaire bien fourni. Si elle ne le fait pas, parce que ma responsabilité est engagée, mon agence va payer toute la somme.
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