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Groupe parlementaire: La majorité face à l’équation du président
Publié le mercredi 30 aout 2017  |  Enquête Plus
Cérémonie
© Présidence par DR
Cérémonie de levée des couleurs au palais
Dakar, le 7 février 2017 - Le chef de l`État Macky Sall a présidé la cérémonie de levée des couleurs du mois de février. Elle s`est tenue au palais de la République en présence des membres du gouvernement.




En prélude à l’installation de la 13e législature, les tractations vont bon train pour la désignation des présidents des groupes parlementaires. Du côté de la majorité, rien n’est encore joué. Mais des noms sont de plus en plus avancés.

Une grande équipe, c’est aussi un grand capitaine. Ceci est valable aussi bien en sport qu’en politique. Les bons entraineurs font particulièrement attention au choix de leurs représentants sur le terrain. C’est l’une des premières équations qu’ils doivent résoudre avant chaque compétition. Le président Macky Sall n’y échappe pas. Pour la bataille du parlement, il se doit de choisir le successeur de Moustapha Diakhaté.

Le choix du capitaine peut s’avérer fort aisé. Quand, dans le lot des joueurs, se détache une liste restreinte de leaders. En revanche, il peut être ardu, s’il y a un nivellement des valeurs. Dans Benno Bokk Yaakaar, le départ de Moustapha Diakhaté, selon certains observateurs, a laissé un vide. Qui pour le remplacer à la tête du groupe parlementaire de la majorité ? Qui, dans cette grande coalition, peut contenir les fortes têtes de l’opposition comme Pape Diop (ancien président de l’Assemblée nationale), Madické Niang (grand avocat international), Khalifa Ababacar Sall (homme politique chevronné), Aïda Mbodj, Modou Diagne Fada, Aïssata Tall Sall, Cheikh Tidiane Gadio… Mais aussi de jeunes loups aux dents tranchantes. Parmi eux : Ousmane Sonko (débatteur hors-pair), Déthié Fall (fin technicien).

Mais ce conglomérat de gros noms n’ébranle nullement les partisans de Macky Sall. Moustapha Diakhaté, Président sortant du groupe Benno Bokk Yaakaar, balaie d’un revers de la main les supposées têtes de gondole de l’opposition. D’un air sûr, il dit : ‘’Il n’y a pas photo entre l’opposition et nous. Notre problème, c’est le groupe. Si nous arrivons à avoir des positions communes, il n’y a aucune crainte à se faire. Nous avons une majorité confortable pour aider le gouvernement à mener sa politique.’’

Du point de vue arithmétique, en effet, Benno Bokk Yaakaar est largement en position de force. Ils seront 125 députés au moins à se battre pour une seule et même cause. Mais encore faudrait-il que tous acceptent de jouer le jeu voulu par le chef de l’Etat et son gouvernement. D’où l’importance, selon Moustapha Diakhaté, d’avoir à la tête du groupe un homme ‘’compétent, diplomate, bon négociateur’’. Sur les critères pour être promu à ce poste stratégique, M. Diakhaté explique : ‘’Il existe deux critères fondamentaux : avoir la confiance du chef de l’Etat et des autres responsables de la coalition. Ensuite, il faudra tenir compte de la différence entre les différentes parties prenantes de cette coalition.’’

Quid de l’expérience parlementaire ? Diakhaté réplique : ‘’C’est important, mais ce n’est pas le plus important. J’en suis la preuve. Quand on me choisissait, je n’avais aucune expérience.’’ Mais ne demandez surtout pas à l’ancien député qui peut être cette perle qui puisse driver le groupe avec autant d’intelligence. Il élève la voix : ‘’Même si je pensais à quelqu’un, je ne vous le dirais pas. Ça, c’est une prérogative qui incombe exclusivement au président de la République. Lui seul connait qui doit être le prochain président de l’Assemblée nationale. Ce que je peux vous dire est que notre coalition regorge d’hommes et de femmes de qualité.’’

Avec le même franc-parler qui le caractérise, Moustapha Diakhaté avoue que la voix du chef de l’Etat est prépondérante dans le choix du président de groupe parlementaire. C’est aussi valable pour la majorité que pour l’opposition. Cependant, s’il refuse d’avancer des noms de présidentiables, certains députés membres de la même coalition ont accepté de donner une short-list. Les combinaisons sont nombreuses. Mais, dans tous les cas, il est un nom qui revient. Il s’agit de Pape Birame Touré, décrit comme un ‘’homme compétent, conciliant et jouissant de la confiance du président’’, comme le requiert celui qui occupait cette place.

Dans la précédente législature, Pape Birame était, dans l’ordre de préséance, le second de Moustapha Niasse. C'est-à-dire le premier vice-président de l’Assemblée nationale. Ses camarades ne tarissent pas d’éloges à son égard. Joint par téléphone, le député de Fatick s’est refusé à tout commentaire. ‘’Je n’ai rien à dire à ce sujet’’, ne cesse-t-il de répéter. Fatigué d’être cuisiné, il donne rendez-vous dans 15 minutes. C’est la dernière fois qu’il décroche son téléphone. Outre M. Touré, il est aussi avancé des noms comme Abdou Mbow, Awa Guèye, voire Abdoulaye Diouf Sarr. ‘’Nous avons des gens capables, qui peuvent valablement diriger le groupe. Moi, je souhaite juste qu’il y ait un rassembleur, un homme accessible, un bon manager. Il doit aussi être très politique’’, informe cette députée sous le couvert de l’anonymat. Mais elle s’empresse d’ajouter que le débat ne s’est pas encore posé dans les instances de leur coalition.

Moustapha Diakhaté : ‘’Le président doit être à la fois ferme et diplomate’’

Qui qu’il puisse être, le futur président doit être conscient que diriger cette vaste coalition n’est pas une partie de plaisir. Parole de son prédécesseur. ‘’C’est une tâche infernale. Cent vingt députés, c’est presque une Assemblé. Ce n’est pas facile de les gérer. D’autant plus que ce sont des parcours différents, des tempéraments différents…’’, renchérit Moustapha Diakhaté. Généreux, il confie sa méthode : ‘’Le président doit être à la fois ferme et diplomate. Moi, j’avais mis en place le collège des plénipotentiaires. Cela m’avait beaucoup facilité le travail.’’

M. Diakhaté, par ailleurs, met en garde contre toute tentative de musellement de l’opposition. ‘’Si j’ai un conseil à donner au prochain président, c’est de tout faire pour que l’opposition puisse trouver les moyens de s’exprimer. La majorité parlementaire ne doit pas être dans une logique de confrontation avec l’opposition. Elle doit être plutôt une passerelle entre elle et le gouvernement’’. Son conseil sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr.
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