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Réplique de Kémi Seba après avoir brûlé un billet de 5.000 FCFA: ‘’La BCEAO cherche à incarcérer quelqu’un qui combat cette monnaie de gorille’’
Publié le lundi 28 aout 2017  |  Enquête Plus
L’activiste
© AFP par FRANCK FIFE
L’activiste Kémi Séba




Après avoir brûlé un billet de 5 000 F CFA en public, le samedi dernier, l’activiste Kemi Seba a été cueilli, hier, chez lui, à Dakar, par la Division des investigations criminelles (DIC). Cela suite à une plainte de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Avant son arrestation à 7 h du matin, il a ‘’vigoureusement’’ dénoncé l’attitude de ladite banque qui, dit-il, ‘’veut incarcérer quelqu’un qui combat cette monnaie de gorille’’.

Le président de l'ONG Urgences panafricanistes est toujours d’attaque contre le Franc CFA. Il est engagé dans cette lutte qui lui tient à cœur. D’ailleurs, dans le cadre de son front contre cette ‘’monnaie coloniale’’, l’activiste Kemi Seba paie les frais de sa passion. Hier, à 7 h du matin, il a été cueilli chez lui, à Dakar, par la Brigade de recherches et d'interpellation de la Division des investigations criminelles (DIC). Cette interpellation, qui fait suite à une plainte de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est la conséquence directe de son comportement, lors de son dernier rassemblement tenu samedi passé à Dakar. En public, il s’est illustré en brûlant un billet de 5 000 F CFA.

Avant d’être placé en garde à vue, il a eu le temps de faire un post sur sa page Facebook. Le texte est intitulé : ‘’Franc CFA : "La BCEAO porte plainte pour le billet colonial que j’ai brûlé.’’ Kemi Seba d’assumer son geste à travers cette note : ‘’Je savais qu'en effectuant cet acte purement symbolique, la BCEAO, sans doute sur commande de la Banque de France, engagerait une procédure visant à me mettre en prison. Je le savais et je suis prêt à en payer le prix du plus profond de mon âme.’’

Selon l’activiste, la BCEAO, plutôt que de vouloir le ‘’crucifier’’, ‘’aurait dû être la première à écouter les aspirations du peuple et à chercher à bannir le franc CFA. ‘’Au lieu de cela, elle cherche à faire incarcérer quelqu'un qui combat cette monnaie de gorille’’, a-t-il mentionné. Kemi Seba ne se considère pas comme un homme à l’abri du besoin. Selon lui, ‘’bien que chroniqueur géopolitique TV sur VoxAfrica’’, il est ‘’loin d'être riche’’. Suffisant, pour lui, de faire état de ses ressentis au moment où il passait à l’action. Et il ne veut pas entendre parler de complice. ‘’En brûlant ce billet, je savais aussi que je privais mes proches ainsi que moi-même de ce que j'aurais pu acheter avec ce dernier. Je tiens à préciser que j'ai agi seul, et que le frère qui m'a passé le briquet n'était pas au courant de mon projet de brûler le billet. Donc, il ne pourra être accusé de complicité. Personne, sauf moi, ne savait que j'allais commettre cet acte’’, a-t-il insisté.

Kemi Seba : ‘’J’assume pleinement mon acte’’

Aux dires de M. Seba, le franc CFA est un ‘’scandale économico-politique d'ordre colonial, qui tue notre peuple’’. ‘’Au nom de nos ancêtres, je ne peux pas me taire quand je vois les nôtres se faire dépouiller (aussi bien par l'oligarchie française que par nos élites africaines qui trahissent leur mission). Si, pour placer ce combat contre le franc CFA au centre des débats (comme nous avons su le faire de manière historique cette année) je dois être privé de ma famille que j'aime éperdument, de mes frères et sœurs d'Urgences panafricanistes, ou encore des nombreux frères et sœurs qui nous aiment, je le ferai sans hésiter’’, s’est-il engagé.

Avant de faire savoir que la souveraineté est le ‘’combat’’ de leur génération. Et elle mérite qu’ils puissent se sacrifier pour elle. Il ne semble pas baisser le cap dans sa croisade contre cette monnaie. Il veut la balayer du continent africain. ‘’Notre combat pour l'Afrique est un sacrifice qui n'a pas de limites, et ce ne sont pas les soumis au néocolonialisme français qui nous arrêteront. Nous n'avons quasiment rien, mais nous sommes prêts à perdre le peu que nous avons pour obtenir une définitive libération’’, a-t-il noté dans un post intitulé : ‘’Kemi Seba sur le franc CFA : ‘’Chaque peuple a le droit de posséder sa propre monnaie.’’

Il faut dire que son geste risque de lui causer des ennuis, si l’on en croit Me Bamba Cissé. Interrogé sur la question par la radio Rewmi FM, l’avocat a indiqué ceci : ‘’Brûler un billet d’argent, un timbre ou toute pièce dite de l’Etat, est une infraction prévue par l’article 411 du Code de procédure pénal. L’auteur d’un tel délit risque une peine d’amende ou d’emprisonnement allant jusqu’à 2 ans.’’

Le prévenu semble conscient des risques qu’il encourt. A l’annonce de la plainte, il disait : ‘’Je risque 5 ans, mais j’assume pleinement cet acte que je considère comme un sacrifice, si celui-ci permet de faire avancer le débat sur le franc CFA.’’

Ce que risque l’activiste s’il est reconnu coupable

"Quiconque aura volontairement brûlé ou détruit, d'une manière quelconque, des registres, minutes ou actes originaux de l'autorité publique, des titres, billets, lettres de changes, effets de commerce ou de banque, contenant ou opérant obligation, disposition ou décharge ; Quiconque aura sciemment détruit, soustrait, recelé, dissimulé ou altéré un document public ou privé de nature à faciliter la recherche des crimes et délits, la découverte des preuves ou le châtiment de leur auteur sera, sans préjudice des peines plus graves prévues par la loi, puni ainsi qu'il suit:

Si les pièces détruites sont des actes de l'autorité publique ou des effets de commerce ou de banque, la peine sera d'un emprisonnement de cinq ans à dix ans ; S'il s'agit de toute autre pièce, le coupable sera puni d'un emprisonnement de deux ans et d'une amende de 50.000 à 100.000 francs", selon l’article 119 du code pénal sénégalais
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