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Constitution de groupes parlementaires dans la future Assemblée: Les chances de Khalifa Sall et compagnie "hypothéquées"
Publié le samedi 26 aout 2017  |  Sud Quotidien
Clôture
© aDakar.com par DF
Clôture du séminaire international sur le climat
Dakar, le 12 septembre 2015 - La cérémonie de clôture du séminaire international de deux jours sur le climat s`est tenue aujourd`hui à Dakar. La rencontre était organisée par l’Association des maires du Sénégal (AMS), l’Association internationale des maires francophones (AIMF) et le gouvernement sénégalais. Photo: Khalifa Ababacar Sall, maire de la Ville de Dakar




Après la bataille pour le contrôle de l’Assemblée nationale qui s’est soldée par la large victoire de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby), forte de ses 125 députés sur les 165 que doit compter la 13ième législature, place aux manœuvres et autres compromis pour la constitution des groupes parlementaires. Si du côté de la majorité présidentielle ou de la Coalition Gagnante Wattu Sénégal de Me Wade, avec ses 19 députés, l’équation de la création d’un groupe parlementaire ne se pose pas, il n’en demeure pas moins que pour Khalifa Sall et compagnie de Mankoo Taxawu Senegaal (Mts), la constitution d’un groupe parlementaire relève d’un «casse-tête chinois». Les analystes politiques, en l’occurrence le journaliste-formateur Momar Seyni Ndiaye, tout comme le Docteur en science politique, Maurice Soudieck Dione, semblent unanimes sur les chances «hypothéquées» de Mts. De l’avis de M. Ndiaye, la marge de manœuvre de Mts est «très étroite» et il relèvera d’une «véritable quadrature du cercle, que de réunir ce puzzle de dix coalitions groupusculaires». Il en est de même pour l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Dr Dione, qui estime que «mathématiquement et politiquement, il y a de faibles chances que Mankoo Taxawu Sénégal puisse avoir son groupe». Sans groupe parlementaire à la 13iéme législature, ni avenir politique par rapport à la prochaine présidentielle, l’universitaire reste persuadé que les divers présidentiables de Mankoo, à savoir Idrissa Seck, Khalifa Ababacar Sall, Malick Gackou, etc. vont essayer de se battre «essentiellement en dehors de l’institution parlementaire».

MOMAR SEYNI NDIAYE ANALYSTE POLITIQUE : «Si la constitution d’une coalition autour de Mts ne relève pas de l’impossible, elle s’annonce fort hypothétique»

«Oui, on peut l’envisager comme hypothèse, mais sa matérialisation relèverait de l’exploit, tant les obstacles sont nombreux et variés. Il faut tout de même reconnaître que l’écrasante victoire de la coalition Benno Book Yakaar (125, députés sur les 165 sièges) laisse très peu de place pour la constitution d’alliances parlementaires sous la forme de groupes. De surcroît, la barre de 15 élus fixée pour pouvoir disposer d’un groupe parlementaire représente un écueil supplémentaire, pour les coalitions aux scores confidentiels. Avec 19 députés, Mankoo Wattu Sénégal est de fait à l’abri de la contrainte de cette épreuve difficile qui consiste à glaner çà et là des alliés, avec toute la fragilité et les compromissions en toile de fond. Pour la coalition Taxawu Sénégal, les complexités sont encore plus marquées. Elle ne dispose que de 7 sièges, son chef est en prison et ses ténors (Bamba Fall, Barthélémy Diaz et Idrissa Diallo) sont hors course. Sa marge de manœuvre est très étroite. Normalement, cette coalition aurait pu compter sur le PUR (3 sièges) au regard de la proximité de son leader moral avec Khalifa Sall. Mais le seul fait que cette formation ait décidé d’aller seule aux législatives prouve que ses ambitions s’orientent plutôt vers un leadership spécifique, sans tutelle. Et de toute façon l’addition de leurs sièges ne permettrait pas d’atteindre le seuil de 15. Il faudrait alors chercher cinq autres sièges chez PVD, Yessal, Bunt Bi, CPJE Nay Leer, Osez l’Avenir, Pole Alternatif, UPD, Ndawi Askan Wi, K AW, Saxal, qui ne disposent que d’un seul siège. C’est autant de négociations et tractations, qui, au meilleur des cas, n’aboutira qu’un à échafaudage fragile. C’est une véritable quadrature du cercle, que de réunir ce puzzle de dix coalitions groupusculaires. Il s’y ajoute que le partage des postes au regard des avantages que procure le groupe parlementaire sera un enjeu de taille, source de querelles d’égo et de divisions. Si la constitution d’une coalition autour de Manko Taxawu Sénégal ne relève pas de l’impossible, elle s’annonce fort hypothétique. Comment pourrait-elle résister à l’épreuve du temps ?»

MAURICE SOUDIECK DIONE DOCTEUR EN SCIENCE POLITIQUE : «Je pense que cela est hypothétique pour plusieurs raisons»

Quels sont les enjeux aujourd’hui pour une Assemblée nationale composée de 3 groupes ?

Il faut dire que c’est un enjeu essentiel lié à l’épanouissement de la démocratie, car la vitalité de celle-ci s’apprécie par rapport à la place et au rôle accordés à l’opposition. Par la critique et par divers autres canaux institutionnels et politiques, celle-ci doit faire pression sur la majorité afin de l’amener à se remettre en question; l’opposition doit jouer un rôle de stimulation et d’éclairage, mais aussi de contrepouvoir pour tempérer la force de la majorité qui doit la respecter. C’est cela le jeu démocratique. Ce n’est pas d’écraser fatalement par la force abrupte, brute et brutale tous ceux qui ne sont pas du camp du pouvoir. Donc plus il y a de groupes parlementaires de l’opposition à l’Assemblée nationale face à la majorité, mieux c’est. Cela va donner une meilleure image de l’institution parlementaire, à cause de la diversité des acteurs qui peut être une source de richesses pour les débats, et plus généralement d’efficacité quant aux fonctions dévolues au parlement, celles de représentation, de vote des lois, de contrôle de l’action gouvernementale et de participation à l’élaboration des politiques publiques, notamment.

Quelles sont les chances de voir la 13ième législature avec trois groupes parlementaires ?

Les chances pour que l’Assemblée nationale puisse avoir trois groupes parlementaires existent dans l’absolu. Car, l’ensemble considéré des députés en dehors de la coalition Benno Bokk Yaakaar qui totalise 125 sièges, est au nombre de 40. Or, il faut 15 députés pour constituer un groupe parlementaire. Donc, il est arithmétiquement possible d’avoir deux groupes en dehors de celui de la coalition au pouvoir. Mais il semble que les jeux et enjeux politiques, dans l’optique de la présidentielle de 2019 notamment, risquent de remettre en cause cette occurrence.

Pensez-vous que la coalition Mankoo Taxawu Senegaal du maire de Dakar, Khalifa Sall, réussira à nouer des alliances pour former un groupe parlementaire ?

Je pense que cela est hypothétique pour plusieurs raisons. La première, c’est que le nombre exigé pour constituer un groupe parlementaire est relativement élevé, 15 députés. La seconde c’est le faible score de Mankoo Taxawu Senegaal en termes de sièges, soit 7 députés. La troisième raison c’est que la plupart des autres députés, en dehors de la coalition gagnante Wattu Sénégal de Me Wade, nourrissent des ambitions présidentielles, notamment Cheikh Tidiane Gadio, Ousmane Sonko, Modou Diagne Fada etc. Donc ceux-là ne voudront pas être noyés dans un groupe parlementaire qu’ils ne dirigent pas. Ensuite, il s’y ajoute que des députés comme Diop Sy et Ibrahima Abou Nguette semblent être plus proches de la majorité présidentielle, qu’ils peuvent rejoindre ou choisir d’être des non inscrits. Enfin, même si Serigne Moustapha Sy, fondateur et responsable moral du PUR est un soutien du maire de Dakar Khalifa Sall relativement à son emprisonnement, le PUR semble se démarquer politiquement de ce dernier, au vu des résultats remarquables que ce parti a obtenus. Il serait donc tenté de présenter son propre candidat pour la présidentielle de 2019, d’autant plus que la candidature de Khalifa Sall est incertaine, du fait qu’il a maille à partir avec la justice. Donc mathématiquement et politiquement, il y a de faibles chances que Mankoo Taxawu Sénégal puisse avoir un groupe parlementaire.

Sans groupe parlementaire pour se faire entendre le maximum possible, y-a-t-il risque que cela se répercute sur les ambitions présidentielles de certains leaders de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal, notamment Khalifa Sall, Malick Gackou, Idrissa Seck, etc?

Il faut faire la part des choses. Mankoo Taxawu Senegaal était un cadre pour aller aux élections législatives du 30 juillet dernier. Mais l’opposition n’a pas su ou n’a pas pu échafauder des stratégies efficaces passant par l’unité, par rapport à ces joutes, pour élire sous sa bannière le maximum de représentants du peuple. Elle s’est laissée aller à des calculs pour la présidentielle de 2019, provoquant au passage la dislocation de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal originelle, du fait que les partisans de Khalifa Sall, alors même que leur représentativité électorale n’avait encore été éprouvée qu’à Dakar, se disputaient inutilement la tête de liste avec le Pds, premier parti de l’opposition. Cela a beaucoup contribué à affaiblir le score de la coalition dirigée par Khalifa Sall, tandis que celle organisée autour du Pds a largement bénéficié de la popularité et du charisme de Me Abdoulaye Wade. Donc actuellement Mankoo Taxawu Senegaal a fait son temps, et ne peut plus être un cadre politique fédérateur pour la présidentielle de 2019, car tous les leaders en question, Idrissa Seck, Khalifa Ababacar Sall, Malick Gackou et autres cherchent à conquérir la magistrature suprême. Ils sont donc des concurrents.

Par conséquent, il est difficile de concevoir qu’ils puissent tous se regrouper en perspective de 2019, parce qu’on élit un seul président, et tous ont l’ambition d’exercer cette fonction. Je pense qu’il n’y a pas de fixation à faire sur un groupe parlementaire de Mankoo Taxawu Senegaal, car cette coalition n’a pas d’avenir politique par rapport à la prochaine présidentielle. Ce qui risque de se passer et qu’on a un peu senti lors des législatives, c’est que les divers présidentiables de Mankoo vont essayer de se battre sur le plan politique, essentiellement en dehors de l’institution parlementaire, en vue de cette échéance électorale majeure de 2019.
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