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Souleymane teliko, 50 ans, nouveau président élu de l’ums : Parcours d’un juge «rebelle»
Publié le vendredi 25 aout 2017  |  Walf Fadjri L’Aurore
Assemblée
© aDakar.com par SB
Assemblée générale ordinaire de l`Union des magistrats du Sénégal (UMS)
Dakar, le 19 août 2017 - L`Union des magistrats du Sénégal (UMS) a tenu son Assemblée générale ordinaire au terme de laquelle, le magistrat Souleymane Teliko a été porté à la tête de l`organisation. Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a présidé la rencontre.




Après 22 ans d’expérience, le magistrat Souleymane Téliko aura gravi tous les échelons, ce qui lui vaut d’être promu haut-magistrat, avec le grade de «magistrat hors hiérarchie». Juge à 28 ans, il s’est dévoilé au grand public en 2013, à la rentrée des cours et tribunaux, sur le thème : «Le droit à un procès équitable !». A 50 ans, ce spécialiste en Relations internationales mène la barque de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), pour 2 ans.
Le grand public vient de mettre un nom sur son visage, avec son élection, samedi dernier, comme président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Mais le juge Souleymane Téliko avait déjà été sous le feu des projecteurs, en 2013. Il avait prononcé le discours inaugural à la rentrée solennelle des cours et tribunaux à la Cour suprême, sur le thème : «Le droit à un procès équitable». Ses propos retentissants tenus devant le président de la République, Macky Sall, et le ministre de la Justice résonnent encore : «Pour donner toute sa signification au principe de l’indépendance des magistrats, il est donc nécessaire de renforcer les garanties statuaires et de rendre plus transparent le mode de gestion de leur carrière (…)». Devant toute la famille judiciaire, il avait aussi souligné que les procédures du Tribunal militaire, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) et certaines dispositions du Code des douanes sont en contradiction avec le droit à un procès équitable. Il en veut pour preuve cette décision rendue par la Cour Suprême le 7 mai 1996. «Cette jurisprudence met en évidence la nécessité de la modification des textes pour donner aux juridictions nationales le moyen de faire sanctionner la violation du droit à un procès équitable. Il propose même l’élargissement des compétences du Conseil constitutionnel pour en faire une Cour constitutionnelle qui, à ses yeux, pourrait sanctionner toute violation des droits et libertés fondamentaux», avait-il indiqué. Un discours qui, on s’en souvient, avait attiré l’attention de bon nombre de ses pairs, et présageait déjà de ses projets dans la magistrature.

A 50 ans, le juge Souleymane Téliko accède à la catégorie de magistrats hors hiérarchie. Il intègre le cercle restreint des 61 hauts-magistrats récemment promus par le Conseil supérieur de la magistrature. Il l’a été en ce sens depuis avril dernier, en même temps que 60 autres magistrats, à savoir : Serigne Bassirou Guèye (procureur de la République de Dakar), Abdoulaye Bâ (directeur adjoint des affaires criminelles et des grâces), Abdou Aziz Seck (ex-président de l’Ums), Jean Kandé (Chambres africaines extraordinaires), Ibrahima Bakhoum (avocat général), Aïcha Gassama Tall (ex-patronne de l’Agence judiciaire de l’Etat), Mouhamadou Moustapha Sèye (directeur des droits humains), Mountaga Diouf, Koliba Dansokho, Moustapha Bâ, etc.

Il devient juge à 28 ans
Téliko est titulaire d’une maîtrise en Droit des affaires à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) avec la mention assez-bien. C’était en 1991. L’année suivante, il décroche son Diplôme d’études approfondies (Dea) en Droit privé. C’est en juin 2006 qu’il obtient le Diplôme d’études pratiques (Depa) en Anglais. Avant de quitter l’Ucad, il décroche une autre spécialisation en Droit Public, option Relations internationales. Côté spécialisation toujours, le juge Téliko a en poche son attestation d’études approfondies en environnement, il y a 24 ans. Année au cours de laquelle il est déclaré admis au prestigieux concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature. Il en ressortira deux ans plus tard, en tant que juge correctionnel au Tribunal régional de Dakar (devenu Tribunal de grande instance), de décembre 1995 à juin 2000.

Il n’avait que 28 ans. Mais il va s’habituer à l’embouteillage des dossiers et la routine d’une machine judiciaire au bord de l’asphyxie, en atterrissant au deuxième cabinet du Tribunal régional de Dakar, comme juge d’instruction. Poste qu’il occupe trois ans durant, avant d’être largué au Tribunal régional de Kolda, jusqu’en 2004. Toujours dans son parcours, le nouveau président de l’Ums a été substitut général près la Cour d’appel de Dakar avant de devenir Conseiller siégeant à la Chambre correctionnelle et à la Chambre d’accusation, jusqu’en novembre 2006.

22 ans… de magistrature
Par la suite il dépose ses baluchons à la Cour d’appel de Kaolack en tant que secrétaire général, pendant deux ans. Ses prestations vont aussi profiter à l’administration centrale, à la Direction des affaires civiles et du sceau (ministère de la Justice) comme directeur adjoint. Il a, par la suite, été successivement Conseiller à la Cour d’appel de Dakar, (novembre 2009-septembre 2010), secrétaire général de la Cour d’appel de Dakar (septembre 2010 à janvier 2013), juge d’instruction titulaire aux Chambres africaines extraordinaires (mars 2013-février 2015) et enfin Conseiller (siégeant comme président de la deuxième Chambre correctionnelle) à la Cour d’appel de Thiès (depuis avril 2015).

Cet homme simple, souriant, presque gêné, parle d’une voix ferme quand il aborde la préoccupation de sa vie : l’indépendance judiciaire. Après mûre réflexion, il décide de passer outre à son devoir de réserve, dans une tentative de redonner à son pays une justice indépendante. Ce qui a valu une traduction ratée en Conseil de discipline. Elu par ses pairs nouveau président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), il s’engage à œuvrer pour une séparation effective des pouvoirs, dans ce pays où la Justice est littéralement sous tutelle, avec l’obligation faite de rendre des verdicts dictés par l’autorité politique. Dans sa conscience, le silence ne peut plus être de mise. Et le cri de la conscience de ses pairs s’impose comme une nécessité à laquelle il décide de ne pas se dérober.

Chantiers
Restaurer la crédibilité du magistrat et changer l’image d’une Justice souffrant d’un manque de confiance des justiciables, tel est son cheval de bataille. «Depuis quelques années, la perception que l’opinion publique a de notre justice ne semble avoir été aussi mauvaise. Les attaques et critiques contre les magistrats et le système judiciaire se font de plus en plus récurrentes et virulentes», dixit le juge Téliko. Son équipe compte mettre fin aux nominations fantaisistes aux postes clés de la Magistrature. Il s’agira de s’assurer que le pouvoir de sanction relève exclusivement du Conseil supérieur de la magistrature, dans sa formation disciplinaire ; confier aux chefs de Cour et non au ministre de la Justice le pouvoir de faire des propositions de nomination, sur la base de critères de compétence et de mérite préalablement définis. «L’Ums doit sortir de sa torpeur actuelle et redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une force de réflexion et de production au service exclusif des intérêts des magistrats et de la justice», dit-il.
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