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Souleymane Guèye Cissé (SG Adjoint Intérimaire de la LD) :‘’La LD ne peut être éternellement derrière l’APR’’
Publié le mercredi 23 aout 2017  |  Enquête Plus




Secrétaire général adjoint intérimaire de la Ligue démocratique, Souleymane Guèye Cissé fait partie des signataires du manifeste marquant la naissance de la LD-Debout qui se veut un courant au sein de la LD. Selon le ‘’jallarbiste’’, leur parti ne peut être éternellement derrière l’Alliance pour la République. Entretien.

Vous faites partie des signataires du manifeste à l’origine de la création du mouvement LD-Debout au sein de la Ligue démocratique. Pouvez-vous nous éclairer davantage sur les objectifs de votre combat ?

Nous sommes d’anciens militants de la Ligue démocratique. Je viens de boucler 36 ans de militantisme dans ce parti. Avec le déroulement des évènements, nous avons senti le besoin de remettre de l’ordre dans notre action politique. Nous nous devons, aujourd’hui, de retourner faire de la politique pour les raisons pour lesquelles nous étions entrés en politique. La politique, ce n’est pas un combat individuel ou individualiste. C’est un combat noble au profit de son peuple et de son pays. C’est un combat pour un système démocratique qui se déroule normalement. Nous nous battons tous les jours pour une politique de santé de qualité, un système éducatif performant. Nous nous activons pour trouver de l’emploi aux jeunes, lutter contre les inondations, contre la violence, pour la paix à tous les niveaux. C’est aussi se battre pour l’unité africaine, pour le progrès de l’Afrique. Globalement, nous nous battons autour de valeurs et d’idées progressistes.

Qu’est-ce qui ne vous plait pas dans la ligne de conduite de votre parti ?

Quand je dis cela, c’est pour rappeler que nous incarnons certaines valeurs, une certaine sensibilité, celle de la gauche. Comme tout le monde l’a constaté aux élections législatives passées par exemple, la gauche sénégalaise était totalement absente. Nous n’avons pas ce droit. Parce que bien avant les indépendances, la gauche était là, dans ce pays. En 1968, la gauche était au centre du combat pour l’indépendance du Sénégal. En 1988, la gauche était au-devant du combat. La première alternance en 2000, c’est l’œuvre de la gauche. Les Assises nationales, c’était autour de la gauche. Donc, aujourd’hui, c’est inacceptable de voir la gauche disparaitre complétement.

Est-ce que la gauche est assez représentative pour prétendre diriger le pays ou à être représentée à l’Assemblée nationale ?

Je pense que c’est au peuple de déterminer celui qui est représentatif ou pas. Nous n’avons jamais obéi à l’électoralisme. Si vous regardez de près, vous vous rendrez compte que ces élections législatives du 30 juillet dernier étaient les plus médiocres que le pays n’a jamais connues, avec une absence totale de programme. Je pense que la gauche, à chaque fois qu’elle participe à des élections, c’est autour de programme. Elle a toujours été la lanterne de la politique sénégalaise. C’est vrai qu’on ne peut pas aller plus vite que le peuple, mais l’essentiel c’est de continuer à jouer ce rôle de lanterne. Vous parlez de représentativité, on peut y venir. Les partis qui ont 33 000 voix, on les présente comme des révélations. La LD, à l’issue des élections catastrophiques de 2007, à elle seule, a eu 75 000 voix. En 1993 et en 1998, on avait élu 4 députés, seul. Donc je ne vois pas pourquoi on nous dit vous ne représentez plus rien en 2017.

Concrètement, qu’est-ce qui vous dérange dans la ligne de conduite actuelle de la LD et que vous voulez changer ?

On ne peut pas être des soutiens éternels de groupes politiques sans ligne. La gauche est une sensibilité. En tout cas, pour les élections législatives, notre option était d’aller seul à ce scrutin. Vous avez vu que le secrétaire général d’alors, Mamadou Ndoye, avait fait le tour du pays, monté suffisamment de sections, élaboré notre programme pour aller aux élections. Malheureusement, en bureau politique, avec des méthodes pas du tout catholiques, les gens sont parvenus à faire sortir une autre décision qui nous a mis dans cette situation. Mais, dans tous les cas, cela ne peut pas continuer. Nous sommes obligés de nous reprendre, au risque de perdre le parti. Des pans entiers étaient en train de quitter pour aller ailleurs. Il nous faut reprendre le parti, reprendre ce pourquoi nous étions entrés en politique.

Comment y parvenir ?

Il faut simplement y travailler et se donner les moyens d’y parvenir. Là, nous avons mis en place le mouvement. Mais cela ne veut pas dire que nous avons quitté la LD. Nous n’avons pas fait non plus de scission. Nous avons créé un mouvement à l’intérieur du parti. Ce mouvement va fonctionner de manière structurée pour remobiliser les camarades à la base, mais aussi pour attirer d’autres qui n’étaient pas de la LD. D’ici le congrès, nous croyons que nous allons carrément prendre le parti pour le conduire aux échéances prochaines.

Donc, votre objectif, c’est de vous positionner pour le prochain congrès ?

Il ne s’agit pas d’un positionnement individuel. Nous sommes en train de repositionner les valeurs de la LD.

Justement, le mandat du secrétaire général de votre parti est arrivé à échéance et bientôt la LD va convoquer son congrès. Comptez-vous présenter un candidat ?

Le bureau politique sera incessamment convoqué. Il va convoquer à son tour le congrès et celui-ci va se dérouler de manière démocratique. Cela ne dépendra pas de Nicolas Ndiaye ou d’un autre militant. Certainement, nous allons proposer une candidature. Les camarades vont voir. Mais quoi qu’il en soit, celui qui va être élu secrétaire général viendra avec les idées originales de la LD. C’est cela le sens de notre combat et nous y arriverons. Nicolas Ndiaye ne peut pas nous empêcher d’y arriver. Si Nicolas et consorts reviennent à la ligne originale, tant mieux. Mais quoi qu’il en soit, nous ne pouvons pas continuer à être derrière Macky Sall et Benno Bokk Yaakaar. Nous demandons à nos camarades de revenir à la raison. La politique, ce n’est pas pour avoir un poste de PCA, de député ou de ministre. Ça n’a aucun sens. La LD est une longue tradition. Des personnes ont payé de leur propre sang pendant les moments de lutte, certains sont devenus fous, d’autres ont perdu leur emploi.

Etes-vous candidat ?

Je n’ai jamais eu d’ambition personnelle en politique. Je suis un militant et là où le militantisme me recommande d’être, j’y serai. J’ai toujours assumé les postes dans lesquels j’ai été proposé en politique. Si les camarades proposent ma personne, je vais l’assumer. S’ils proposent un autre, nous allons nous mettre derrière lui. C’est le devoir militant qui prime.

Pour Moussa Sarr, votre porte-parole national, les textes de votre parti ne permettent pas la mise en place d’un courant ou d’un mouvement.

Je n’ai jamais vu un texte d’un parti qui autorise la création d’un mouvement. Que ce soit à la LD ou ailleurs. Mais aussi je ne vois pas de texte qui interdit la mise en place d’un mouvement. Moussa pouvait peut-être vous dire la disposition qui interdit la mise en place d’un mouvement dans le parti. C’est un jeu d’enfants. Ça n’a pas de sens.

Est-il dans vos plans de claquer la porter et de créer un nouveau parti ?

Nous ne pouvons pas être majoritaires dans le parti et claquer la porte. Regardez la liste des signataires et vous vous rendrez compte que nous sommes largement majoritaires. On a la majorité des secrétaires généraux de fédérations, du secrétariat permanent et du bureau politique.

Mamadou Ndoye n’est certes pas signataire de votre manifeste, mais n’est-il pas en train de tirer les ficelles de loin ?

Mamadou Ndoye, en démissionnant de la tête de la LD, a dit qu’il ne pouvait pas continuer à diriger une ligne à laquelle il ne croit pas. Cela montre que nous pensons exactement de la même manière. C’est cela la manière de penser du parti. C’est différent de celle de voir les choses d’un groupuscule qui veut s’accaparer du parti pour des intérêts personnels.

Mamadou Ndoye est-il avec vous dans ce combat ?

Je crois qu’il faut aller lui poser la question. Ce que je puis vous dire, c’est qu’avec Mamadou Ndoye, nous avons toujours pensé de la même manière. Maintenant, on est dans une situation où chaque militant et responsable va se prononcer individuellement. Le moment venu, Mamadou Ndoye va se prononcer.

Pour beaucoup d’observateurs, c’est lui qui est derrière vous…

Ecoutez, je suis en train de boucler 36 ans de militantisme au sein de la Ligue démocratique. Le militant de la LD pense de manière autonome. Maintenant, Mamadou Ndoye a toujours été d’avis que notre parti doit s’organiser pour faire prévaloir les idées généreuses de gauche pour que nous puissions travailler autour du développement de ce pays, par exemple autour d’un projet de développement économique crédible. Puisque le PSE c’est du n’importe quoi. C’est quelque chose qui est placardé et qui n’est pas inclusif. C’est un plan auquel aucun Sénégalais n’a participé à l’élaboration. Ce n’est pas sérieux. Nous voulons un plan de développement économique et social inclusif, élaboré ici par des Sénégalais. Un plan qui va engager l’ensemble des Sénégalais. Déjà, au référendum, j’avais voté Non, Mamadou Ndoye avait voté Oui. Il n’y a donc personne derrière nous qui tire de loin les ficelles. Nous sommes des responsables capables d’aller avec nos propres moyens.

Quelle est la finalité du combat que vous menez ?

Notre combat, c’est de remettre le parti là où il était. Nous voulons travailler à la base, mobiliser les Sénégalais et essayer d’accéder au pouvoir suprême avec la gauche.

Avez-vous les moyens de vos ambitions ?

Ceux qui sont parvenus à accéder au pouvoir se sont mobilisés, se sont engagés autour d’un programme et sont allés vers les Sénégalais. Ils ont travaillé.

Sauf que ces gens dont vous parlez ont leur parti. Vous, vous êtes en train de créer une dissidence au sein de votre parti.

Nous ne sommes pas en train de créer une dissidence. Nous sommes là pour reprendre la Ligue démocratique afin de la remettre sur les rails et l’élargir.

Le syndrome de l’AFP n’est-il pas en train de guetter votre parti ?

Ça, on l’a constaté et déploré. Macky Sall est un allié difficile. C’est quelqu’un qui n’aide pas ses alliés. Il aide même à casser ses alliés. Ça, c’est un constat, mais c’est son affaire. Nous avons fait la politique avant lui. Il ne nous ébranle pas.

De manière globale, comment voyez-vous l’avenir de la gauche sénégalaise ?

La gauche a un bel avenir au Sénégal, malgré son émiettement. L’unité, comme disait l’autre, c’est le summum de la division. Aujourd’hui, la gauche est complètement éclatée, mais elle continue quand même à avoir des éléments sûrs dans ce pays. On croit qu’elle est vieille, mais elle ne l’est pas. Elle est à un niveau où, nous le croyons, elle peut remporter des élections dans ce pays et nous allons y parvenir.

L’actualité est dominée par un débat sur fond d’ethnicisme. Quelle appréciation en faites-vous ?

Ce n’est pas arrivé avec Macky Sall. Depuis 2000, nous sentons ces dérives ethnico-religieuses. Ce sont des choses extrêmement graves. Tout cela relève de l’affaissement de la chose politique. Lors des élections passées, il y avait 47 listes, mais aucun programme. Le débat était au rabais. Aujourd’hui, les options ne se font plus sur la base de convictions partagées. Nous votons pour toi parce que nous habitons le même quartier, parce que nous sommes de la même ethnie, nous sommes du même ‘’dahira’’. Ce sont des reculs liés à l’absence de formation politique. C’est pour toutes ces raisons que la gauche doit se reprendre.
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