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Résultats du bea sur le crash de senegalair : les sorties de pistes de l’avion indexées
Publié le dimanche 20 aout 2017  |  Enquête Plus
Disparition,
© Autre presse par DR
Disparition, samedi à 18 H d`un avion de la Compagnie SénégalAir (ANACIM)




L’accident de l’avion de Sénégalair survenu en septembre 2015 est le résultat du non-respect de la trajectoire de l’appareil sénégalais. C’est la conclusion du bureau d’enquête et d’analyse qui révèle aussi que la compagnie est coutumière des sorties de pistes. D’autres responsabilités devraient aussi être engagées.

Le bureau d’enquête et d’analyse (BEA) a présenté hier ses résultats, presque deux ans après la disparition de l’avion de type turboréacteur HS 125-700A de la compagnie Sénégalair. Le directeur du BEA Amadou Lamine Traoré a précisé qu’il s’agit des conclusions de l’enquête technique qui seront complétées par celle judiciaire. Donc, ce travail n’avait pas pour mission de déterminer les fautes et les responsabilités, mais plutôt les éléments techniques. Il n’en demeure pas moins que les informations partagées avec la presse mettent en cause la responsabilité de la compagnie Sénégalair.

D’abord, s’il y a eu abordage entre le HS 125-700A et l’appareil de la compagnie équato-guinéenne Ceiba, c’est parce que celui du Sénégal en provenance de Ouagadougou pour Dakar a dévié de sa trajectoire. En fait, les deux avions devaient emprunter le même chemin entre Dakar et Bamako, avec un écart de 1000 pieds. Le Boing 737-800 de la Guinée Equatoriale devait être à 35 000 pieds (10 700 m), pendant que l’avion de Sénégalair devait être à 34 000 pieds (10 400 m). Mais à 130 km de Tambacounda, il y a eu collision entre les deux appareils. Or, selon M. Traoré, les informations recueillies auprès de Ceiba et d’autres entités comme le BEA de la France ont indiqué que l’avion équato-guinéen avait respecté son plan de vol. Il n’avait dévié ni de son chemin ni de son altitude. Il s’y ajoute que l’avion de Sénégalair, qui avait disparu des radars, avait été détecté à 35 000 pieds lorsqu’il est réapparu après l’abordage. Ce qui fait dire à Amadou Lamine Traoré que ‘’c’est le HS 125-700A qui a rejoint le niveau de vol de Ceiba’’.

Cependant, le BEA ne peut pas dire de quelle manière l’appareil a quitté son chemin. Les éléments techniques manquant auraient pu être disponibles grâce aux enregistreurs de bord de l’avion sénégalais. Mais ‘’la disparition de l’appareil limite la possibilité de déterminer les causes exactes de l’accident’’. L’avion de la compagnie Ceiba aurait pu fournir plus d’informations, mais lui non plus n’a pas enregistré l’évènement. En fait, après l’accident, cet appareil a fait directement cap sur Malabo, ignorant l’escale de Cotonou qui était prévue, soit 3h 20 mn de vol. Or, les enregistreurs qui tournent en boucle ne conservent que les deux dernières heures. Ce risque pris par les pilotes de Ceiba, alors que l’appareil avait eu une partie de l’aile droite arrachée, avait été d’ailleurs signalé par le BEA aux autorités de Malabo.

‘’Il devait y avoir inspection, mais elle n’a pas été faite’’

Ensuite, selon toujours le BEA, les autres informations recueillies sur le passé de l’avion de Sénégalair indiquent qu’on n’était pas au coup d’essai en termes de non-respect de l’altitude. Si l’on en croit M. Traoré, à plusieurs reprises, l’appareil s’est rendu coupable des faits. En guise d’exemple, le 23 juillet 2015, l’avion est détecté au niveau 310 au lieu de 320 assigné par le contrôleur ATC. Le 31 août de la même année, les radars l’ont détecté à 350 FL (35 000 pieds), alors qu’il était censé voler à 360 FL. Le 5 septembre 2015, c’est-à-dire le jour de l’accident, les mêmes faits ont été notés à l’aller Dakar-Ouagadougou. ‘’Cet avion a déclenché deux alarmes radar pour non-respect du FL de vol’’, relève les enquêteurs. Dans un premier temps, il a été à 311 FL au lieu de 330 FL. Et dans un second, il a été retrouvé à 333 au lieu de 330. ‘’Des antécédents ont montré que l’avion avait un problème de tenue de l’altimétrie. Ces problèmes altimétriques ont peut-être contribué à l’abordage en vol’’, en conclut Amadou Lamine Traoré.

Il faut peut-être s’attendre à ce que l’enquête judiciaire révèle des responsabilités autres que celles des managers de Sénégalair. En effet, les informations disponibles indiquent déjà qu’il faut aller au-delà pour voir si l’Anacim, l’Asecna ou toute autre structure a une responsabilité. A titre illustratif, il a été demandé à monsieur Traoré si Sénégalair a été rappelé à l’ordre, suite à ces nombreuses ‘’sorties de piste’’. ‘’Il y a eu échanges entre entités (sans préciser lesquelles) pour dire qu’il devrait y avoir inspection, mais elle n’a pas été faite’’, répond le directeur du BEA. De plus, même s’il a reconnu que les pilotes ont présenté des validations, il se demande si les autorisations ont été faites dans les règles. Autant de questions et constats qui donnent de la valeur à la partie judiciaire de l’enquête. A noter que le rapport final sera disponible dans moins d’une semaine sur le site internet du bea : www.bea.sn

BABACAR WILLANE
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