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Mbagnick Ndiaye (responsable APR) : ‘’Si Wade et cie n’acceptent pas le verdict populaire, qu’ils ne siègent pas à l’assemblée’’
Publié le dimanche 13 aout 2017  |  Enquête Plus
Ouverture
© aDakar.com par DR
Ouverture de la rencontre de l`Union des écrivains d`Afrique, d`Asie et d`Amérique Latine
Dakar, le 22 mai 2017 - La rencontre internationale des délégués de l’Union des écrivains d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine (AAALWU) s`est ouverte, ce matin, à Dakar. La rencontre est placée sous le thème: "La littérature, langage de paix dans un monde en turbulence." Photo : Mbagnick Ndiaye, ministre de la culture et de la communication




Pour le ministre Mbagnick Ndiaye, par ailleurs responsable apériste, Abdoulaye Wade et ses alliés de la Coalition Gagnante/Wattu Senegaal, qui contestent les résultats des dernières législatives, doivent être conséquents avec eux-mêmes. En ne siégeant pas à l’Assemblée nationale. Entretien.

Quelles évaluations faites-vous des élections législatives du 30 juillet dernier, à l’issue desquelles Benno Bokk Yaakaar est sortie victorieuse ?

Je voudrais d’abord me féliciter du déroulement, sur l’ensemble du pays et sur l’ensemble de la diaspora, des élections du 30 juillet 2017. Nous avons réussi à organiser ces élections dans une ambiance sereine et dans un climat qui démontre que les Sénégalais sont matures. C’est vrai, il y a eu des couacs. Mais dans tous les pays où on organise des élections de cette dimension, on peut noter, çà et là, quelques manquements qui, comme l’ont dit les observateurs étrangers, ne remettent pas en cause fondamentalement la validé de ces élections. Ça, c’est une première observation.

Deuxième observation : notre grand-père ‘Ndiombor’’ a dit, en bon leader de l’opposition, qu’il ne va plus participer à des élections organisées par le président Macky Sall et son Administration. C’est le style de l’homme même. Un très fin politicien. Ne voulant pas reconnaitre d’une manière directe sa défaite, il essaye de trouver des portes de sortie.

Mais revenons un peu sur le fait qu’il dise qu’il n’approuve pas les résultats. Je pense qu’ils vont être logiques avec eux-mêmes et qu’ils ne vont pas siéger à l’Assemblée nationale. Parce qu’ils ne reconnaissent pas la validité de ce scrutin. Certains d’entre eux disent qu’il y a eu du vol. D’autres, c’est mal organisé. Quand on ne reconnait pas quelque chose, on ne doit pas approuver ni accepter ses conséquences. Il faut qu’ils soient logiques jusqu’au bout, ne pas aller siéger à l’Assemblée nationale. S’ils siègent à l’Assemblée nationale, c’est qu’ils reconnaissent la validité de ces élections.

Est-ce qu’une Assemblée nationale sans l’opposition ne risque pas de poser problème ?

Une Assemblée nationale monocolore n’existera plus au Sénégal. Si le Pds et le groupe qui le supporte n’acceptent pas le verdict populaire, qu’ils ne siègent pas à l’Assemblée nationale. C’est aussi simple que cela.

Cela ne risque-t-il pas de porter un coup dur à la démocratie sénégalaise ?

Ça ne portera pas un coup dur à la démocratie sénégalaise qui est viable, une forte démocratie que les soubresauts de politiciens ayant perdu des élections ne peuvent pas remettre en cause. Cette démocratie ne sera pas remise en cause à la suite simplement de ces élections. La démocratie, elle est vaste. Regardez ce qui se passe dans vos journaux et ce que les gens écrivent. Seul un pays démocratique peut l’accepter. Un régime dictatorial ne saurait l’accepter.

Selon vous, que cherche l’ancien président de la République dans sa démarche ?

Tout ce qu’Abdoulaye Wade cherche, c’est de faire en sorte que son fils Karim Wade soit candidat en 2019. Karim, si la loi lui permet d’être candidat en 2019, il le sera au compte du Pds. Mais il sera battu à plate couture. Cette opposition, en 2019, sera encore battue à plate couture.

Mais cette opposition dont vous parlez vous a causé quelques difficultés dans certaines localités du pays, lors des dernières élections.

Oui ! Même dans ma localité où j’ai gagné, comme le dit mon ami Bocoum, Directeur du Musée des civilisations noires, avec un résultat brejnévien. C’est ce qui prouve la vitalité de la démocratie sénégalaise. Quand bien même nous puissions avoir 86 à 87 % de Sénégalais qui ont voté pour nous, il y en a toujours qui ne vont pas voter pour nous. C’est cela la démocratie. Ce n’est pas l’unanimisme.

Abdoulaye Wade et ses alliés dénoncent une vaste opération de fraude électorale à travers le pays et un sabotage notamment à Touba. Que répondez-vous à cela ?

C’est vrai, il y a eu des problèmes à Touba. Mais qui les a créés ? Je ne m’avancerai pas sur ça, dès lors que la justice s’est saisie du problème. Je crois qu’elle nous dira comment les choses se sont passées. Ça, c’est un élément fondamental. Maintenant, on ne peut pas gagner à 100 % dans tous les bureaux de vote. Ce n’est pas possible. Il faut qu’on reconnaisse qu’il y a une opposition qui est là, qu’il y a des Sénégalais qui n’approuvent pas ce que nous faisons. Les Sénégalais ont la liberté de choisir qu’ils ont exprimée à travers le vote.

Toujours est-il qu’il y a eu beaucoup de dysfonctionnements lors de ce scrutin…

(Il coupe) C’est un ensemble de dysfonctionnements qui s’est répercuté sur l’ensemble des Sénégalais, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité. C’est nous tous qui avons été victimes de ces dysfonctionnements.

Mais est-ce que cela n’a pas influé sur les résultats ?

Non ! Ça n’a pas influé sur les résultats. Pas du tout. Si à Touba, le vote s’était déroulé normalement, qui vous dit qu’on n’aurait pas gagné ? Même si on n’aurait pas gagné, on aurait eu au moins 30 à 40 % des votants. Et ces gens qui n’ont pas voté, c’est à notre détriment. Ensuite, l’opposition déplore le fait que les cartes n’aient pas été distribuées. Moi, personnellement, dans mon centre, j’en ai subi les conséquences. Et ce sont des gens qui m’étaient favorables. J’aurais pu avoir 99,99 %, si ces citoyens avaient voté.

D’une manière générale, pour revenir à l’organisation matérielle de ces élections, il faut reconnaitre qu’il y a eu des manquements. Mais qui n’entachent en rien la sincérité et la crédibilité du vote.

Compte tenu de tous ces dysfonctionnements, le président de la République devait-il tisser des lauriers à son ministre de l’Intérieur ?

On ne peut pas remettre en question l’organisation des législatives du 30 juillet dernier. Si on remet en cause l’organisation, on remet en cause conséquemment les résultats. Le plus important, c’est de faire en sorte que les élections de 2019 aient une meilleure organisation. Maintenant, les élections sont derrière nous, les résultats sont connus et l’opposition a été laminée. En tout cas, dans ma zone, l’opposition a été complètement écrasée.

PAR ASSANE MBAYE
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