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Dialogue politique, pouvoir et opposition: Hypothétiques retrouvailles !
Publié le samedi 12 aout 2017  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Des acteurs politiques, de la société civile, des dignitaires religieux et coutumiers au dialogue national
Dakar, le 28 mai 2016 - Des acteurs politiques, de la société civile, des dignitaires coutumiers et religieux ont répondu à l`appel au dialogue national du président Macky Sall.




Le climat politique est aujourd’hui plus que jamais délétère. La tension est vive et les acteurs ne semblent pas se presser à la faire baisser. Alors que l’opposition significative estime que l’heure est encore aux élections, la coalition présidentielle déclare que le pouvoir n’est pas demandeur de dialogue, même s’il en appelle.

Les élections législatives ont fini de révéler leurs secrets. Mais les acteurs continuent de jouer le temps additionnel. En fait, l’organisation chaotique et les scores des uns et des autres montrent qu’il y a des leçons à tirer de ce scrutin. Parmi ces enseignements, il y a sans doute la nécessité d’organiser un dialogue politique entre les acteurs. Avant le scrutin, les différents pôles étaient conscients qu’il y avait des manquements que seule la discussion peut permettre de réparer. Mais chacun a eu une position figée. Du côté des tenants du pouvoir, on avait estimé que l’opposition ne veut pas d’un dialogue sincère, alors que leurs adversaires pensaient qu’il appartenait au pouvoir ‘’de tirer les conséquences de sa turpitude’’, car il a conduit le processus de manière quasi-unilatéral. Dans tous les cas, le scrutin du dimanche 30 juillet dernier a montré que tout le monde a intérêt à un dialogue, malgré l’euphorie des uns et les accusations des autres.

S’agissant de la majorité présidentielle, il n’est pas évident qu’elle ait intérêt à ce que les choses restent en l’état. D’abord, le pouvoir est le principal artisan des couacs notés le jour du vote, car la production et la distribution des cartes d’électeur dans les délais lui reviennent. Aussi, selon l’opposition, ‘’Benno Bokk Yaakaar n’est pas sortie majoritaire des législatives (49,48 %)’’. Si l’on y ajoute les accusations de fraude venant de l’opposition corsées par la menace du Pds de ne plus laisser le régime de Macky Sall organiser des élections, on peut dire que les partisans du chef de l’Etat ont intérêt à ce que le processus électoral soit plus consensuel et le scrutin mieux organisé afin que les résultats soient moins contestables et sans doute moins contestés.

À propos du camp d’en face, lui non plus ne peut pas être satisfait de la situation. D’abord, l’opposition qui parlait de cohabitation n’a pas obtenu les résultats escomptés. S’agissant d’un boycott des prochaines élections, les opposants de 2007 qui avaient refusé de participer aux législatives de la même année n’avaient pas empêché le régime du président Wade de dérouler son programme.

S’asseoir autour de la table permettra donc à l’opposition de participer au processus électoral au lieu de la subir, comme ce fut le cas avec les législatives du 30 juillet 2017. Jusqu’ici, que ce soit le quota des députés de la diaspora, la possibilité pour l’électeur de choisir au moins 5 bulletins ou encore la saisine du Conseil constitutionnel, c’est le camp présidentiel, en particulier le président de la République, qui a décidé tout seul. Apaiser la tension aidera aussi l’opposition à mieux faire accepter ses doléances parmi lesquelles l’accès au fichier et son évaluation.

Mais il y a surtout le point essentiel : l’organisation des élections par une personnalité neutre en remplacement de l’actuel ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, très contesté, même au-delà des acteurs politiques. Les adversaires de Macky Sall ont besoin de le convaincre afin qu’il écarte son camarade de parti (qu’il a de surcroit féliciter) au profit d’un homme plus consensuel.

‘’Le pouvoir n’est pas en posture de demandeur d’un quelconque dialogue’’

Pour aborder tous ces points, dans ce conteste lourd de suspicions, d’accusations et même d’invectives et de menaces, il faudrait tout d’abord que tout le monde soit prêt à aller autour de la table. Mais aussi qu’il y ait une partie qui accepte de prendre l’initiative. Du côté de la majorité présidentielle, on ne semble pas disposé à indiquer le chemin. Certes, le pouvoir a appelé au dialogue, mais tout indique que c’est juste pour la forme.

‘’Le pouvoir n’est pas en posture de demandeur d’un quelconque dialogue, puisque nous n’avons jamais dérogé à cette posture’’, tranche Zahra Iyane Thiam. Selon ce conseiller du chef de l’Etat, le président de la République a toujours fait montre de sa disponibilité à avoir des décisions consensuelles, concertées, mais que c’est l’opposition qui ne veut pas discuter. Pour elle, l’appel au dialogue lancé au lendemain des législatives est la preuve d’une ouverture. Il revient donc à leurs vis-à-vis de prouver qu’ils sont dans les dispositions de renouer le fil.

Ce qui ne semble pas être le cas, pour le moment, du moins pour une partie de l’opposition, la plus significative notamment. Chez les partisans du maire de Dakar Khalifa Sall comme chez ceux de l’ancien président Abdoulaye Wade, la priorité est ailleurs. ‘’Nous ne parlons pas de dialogue, nous parlons d’élections. Comment allons-nous dialoguer avec quelqu’un qui dit que ça s’est bien passé, qu’il n’y a que des couacs alors qu’il a volé les élections ?’’, se demande Me El Hadj Amadou Sall. Moussa Taye, conseiller politique de Khalifa Sall, est sur la même ligne. ‘’Pour nous à Mankoo Taxawu Senegaal, les élections ne sont pas encore terminées. Nous sommes dans la phase contentieuse, la plus importante aujourd’hui. Nous ne pouvons pas parler de dialogue ou de perspectives politiques. Ce qui nous intéresse, c’est que notre victoire confisquée à Dakar nous soit restituée’’, peste-t-il.

‘’Un voleur ne peut pas organiser des élections‘’

Selon lui, une fois toutes les phases terminées et les évaluations faites, la coalition pourra se pencher sur d’autres questions. Au Pds, par contre, on semble être très loin d’un dialogue. Selon l’ancien ministre de la Justice, il n’y a qu’une seule perspective, c’est de savoir comment organiser des élections correctes. Et pour cela, il est hors de question de se fier au pouvoir actuel. ‘’Nous avons dit qu’il n’y aura pas d’élections organisées par Macky Sall, parce qu’un voleur ne peut pas organiser des élections’’, martèle-t-il.

Moussa Sarr, le porte-parole de la Ld, parti allié du pouvoir, lui, semble chercher la voie intermédiaire. À l’image de Zahra Iyane Thiam, il accuse l’opposition d’avoir toujours refusé le dialogue. Pour autant, il est d’avis que le régime doit faire preuve de dépassement, notamment celui qui incarne l’Etat. ‘’Je pense que le président de la République doit en prendre l’initiative pour appeler à nouveau tous les acteurs politiques à un dialogue sincère’’, préconise-t-il.

À propos des décisions prises souvent par le pouvoir de manière unilatérale et qui participent à attiser les tensions, ces deux responsables de la mouvance présidentielle invoquent les prérogatives du chef de l’Etat. ‘’Dans la marche d’un Etat, il y a un moment pour le dialogue et des moments pour prendre une décision’’, soutient Moussa Sarr. Zahra Iyane Thiam renchérit : ‘’Nous ne pouvons pas, sur ses missions régaliennes, lui définir des pré-requis. Ce n’est pas une attitude républicaine.’’

Au vu des positions de part et d’autre, une chose est sûre : il faudra attendre encore pour assister à un dialogue.
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