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Invisibles à un mois de la Tabaski: Les moutons encore à l’ombre
Publié le jeudi 3 aout 2017  |  Enquête Plus
Anta
© aDakar.com par DF
Anta Sarr offre des moutons aux familles démunies
La déléguée générale à la protection sociale et à la solidarité nationale, Anta Sarr a procédé, mardi à Dakar, au lancement de la distribution de moutons et des appuis financiers aux familles vulnérables à l`occasion de la Tabaski.




A un mois de la fête de la tabaski, les points de vente ne sont pas encore approvisionnés en moutons. Ce qui pousse certains opérateurs à affirmer qu’il n’y en aura pas assez. Mais pour d’autres, aucun problème ne se pose d’autant qu’il reste encore du temps.

Dans sa culotte grise et son tee-shirt bleu et ses tresses ‘’life’’ en l’air, Kiné Bâ se livre à un de ses sports favoris. Cette basketteuse à la Ville de Dakar est non pas sur les planches d’un terrain de basket, mais plutôt dans un enclos. Vendeuse de mouton, elle est en pleine préparation de l’opération tabaski. Elle donne l’air d’avoir une relation filiale avec ses moutons qu’elle caresse de temps à autre. Très active, elle apporte tantôt de l’aliment, tantôt de l’eau. Etablie à la Sicap Karak, elle est dans ce business depuis longtemps. Elle a une bergerie à ‘’ Kilomètre Cinquante’’, une localité située sur la route de Thiès. Ses moutons sont des races. Elle n’a pas de difficultés pour les élever, d’autant qu’elle le fait toute l’année. ‘’Nous vendons 12 mois sur 12. Mais comme on est à l’approche de la tabaski, on est obligé de les exposer sur ce lieu. Je n’ai pas de difficultés à les nourrir parce que j’ai un poulailler, et toutes les dépenses des bêtes sont tirées de là’’, informe Mme Kane.

Très joviale, la capitaine de son équipe trouve cher l’aliment de bétail. ‘’La tonne est vendue à 162 500 frs, le kilogramme de foins à 5 000 frs. C’est un peu cher, et c’est ce qui fait que les prix des moutons sont souvent revus à la hausse’’, explique-t-elle. S’agissant de l’approvisionnement en mouton pour cette année, Kiné Kane reste pessimiste. ‘’Il n’y aura pas assez de moutons cette année. Il pleut beaucoup et les routes sont cahoteuses. En plus, beaucoup d’éleveurs sont des agriculteurs, ils ne voudront pas quitter leur champ pour se lancer dans une opération douteuse’’. Mais, elle affirme avoir vendu la moitié des moutons pour la fête. ‘’Presque tous les moutons sont vendus. Les propriétaires les laissent sur place et je procédé à la livraison la veille de la fête ou le jour-j. En contrepartie, ils me donnent 10 mille francs pour leur alimentation’’.

Non loin de lui, Mohamed Abdoulaye Diallo dit Chérif s’affaire autour de ses bêtes. Les habits un peu malpropres, la sueur dégouline sur son front. Lui, c’est un vendeur de mouton. Chaque année, une semaine après la Korité, il commence à exposer ses ruminants. Si pour Kiné l’entretien des bêtes n’est pas un problème, ce n’est pas le cas pour Cherif. ‘’Nous dépensons des fortunes pour entretenir les moutons. C’est ce qui explique parfois leur cherté. Parce qu’au-delà de l’alimentation, nous payons des gardiens pour assurer leur sécurité’’, souligne-t-il. Les prix de ses animaux commencent à partir de 120 mille francs. Tout comme la vendeuse, Chérif a des doutes sur la disponibilité des bêtes. ‘’A ce rythme, je ne pense pas qu’il y ait assez de têtes pour la fête. Parce que l’année dernière, à pareil moment, les points de vente étaient remplis de moutons’’, fait-il remarquer.

Dans la même veine, Pascal Araman, opérateur à Nord Foire expose les énormes difficultés qu’il rencontre dans la prise en charge de ses moutons. ‘’J’achète de l’eau tous les jours. Le fût est à 1 000 frs. Je suis dans une zone insécurisé où il y a du vol tous les jours. Je suis obligé de recruter des gardiens pour me surveiller les bêtes. On ne reçoit aucune aide de la part de l’Etat. Aucune subvention’’, peste M. Araman. Selon lui, s’il n’y a pas assez de ruminants dans les points de vente, c’est à cause des charges. ‘’Les éleveurs n’ont pas assez de moyens pour supporter toutes les charges relatives à l’entretien et à l’alimentation des moutons. On paie l’électricité. Nous n’avons même pas de toilettes ici. C’est vraiment anormal. L’année passée, on était plus de 10 et on se débrouillait avec nos moutons. Cette année pour avoir un ‘’Tabaski’’, il faut vraiment débourser’’, soutient-t-il. Sur ce, il conseille aux Sénégalais d’acheter dès maintenant leur mouton, car dit-il, rien n’est sûr qu’ils vont pouvoir s’approvisionner correctement. ‘’Il pleut beaucoup cette année. Les importateurs auront des problèmes pour se déplacer. Néanmoins, l’Etat peut à tout moment faire venir beaucoup de bêtes si ça lui chante’’, tempère-t-il.

‘’Il y aura suffisamment de moutons’’

Chaque année, la bergerie Galeya de Mbao expose à la Zone B. les travaux d’installation des ruminants sont en finition. Les uns lavent les animaux, les autres réparent les bâches et d’autres installent les lampes. Des mangeoires sont installées sur l’espace remblayé. Abou Kane, président de l’Alliance pour le développement et l’amélioration des races (Adam), est le patron des lieux. Cet opérateur de tabaski ne partage pas l’avis de ses concurrents sur la quantité. ‘’D’ici 48heures, tous les moutons seront sur place. C’est la troisième année que la fête coïncide à la période de pluie, on est habitué et les importateurs pareils, il n’y aura aucun impact par rapport à la disponibilité des moutons. Le problème ne se posera pas’’, précise M. Kane. Il explique le retard de ses installations par la logistique supplémentaire qui a été utilisée cette année pour parer à la pluie, au vent et autres.

Aussi, à l’en croire, au Sénégal le besoin en moutons est aux environs de 750.000 têtes. ‘’Il y a environ 420.000, nous avons juste un gap de 330.000 moutons. On peut trouver facilement ce gap en Mauritanie et au Mali. Compte tenu des mesures prises par le ministère de l’Elevage, par rapport à la facilitation de l’acheminement des bêtes, avec moins de tracasseries policières et douanières, en réduisant les taxes pour ceux qui importent. Il y aura un nombre suffisant de moutons’’, rassure-t-il. Pour lui, on est dans un pays libéral et l’approvisionnement du marché ne dépend pas de l’Etat mais des opérateurs, importateurs, éleveurs et vendeurs.

‘’On a intérêt à aller chercher les moutons et venir les vendre, avec ou sans l’appui de l’Etat. L’Etat ne fait que nous faciliter la tâche. Pour nous qui sommes à Dakar, il est bon de mettre à notre disposition les points de vente qu’il faut. Cela est déjà fait parce que l’arrêté du Gouverneur est sorti et on nous a donné les points de vente qu’il faut’’. Pour le reste, il pense que c’est à la Police et la Gendarmerie de gérer pour mieux sécuriser les points de vente empêchant ainsi les nombreux cas de vols dont les opérateurs et autres vendeurs de moutons sont souvent victimes.
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