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Mémoires d’Amadou Tidiane Wane: Diouf le ‘’Roi-fainéant’’, Tanor et la décrépitude du PS
Publié le mardi 11 juillet 2017  |  Enquête Plus




Au parti socialiste, les ennemis d’aujourd’hui étaient hier des amis intimes. C’était du temps des prairies vertes. Ousmane Tanor Dieng, Khalifa Sall et Cie étaient inséparables. Comme un général à la tête de sa troupe, le premier secrétaire du Ps était obéi au doigt et à l’œil par ses ex-lieutenants dont le maire de Dakar. Tous ont conduit le plus vieux parti du Sénégal vers les abîmes. C’est la conviction de l’ancien maire de Kanel Amadou Tidiane Wane qui vient de publier ses mémoires. La cérémonie de dédicace aura lieu le 22 juillet prochain.

Amadou Tidiane Wane ravive les braises. Il lâche une bombe dans le jardin vert des socialistes. Il vient de publier aux éditions L’harmattan un livre dans lequel il se mêle de la guerre fratricide qui sévit au parti de Léopold Sédar Senghor. Témoin privilégié de l’histoire du parti, il renvoie dos à dos Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Ababacar Sall. A l’en croire, les deux hommes : ‘’c’est bonnet blanc-blanc bonnet’’. Ils seraient à l’origine de tous les maux dont souffre le plus vieux parti du Sénégal, depuis le départ de son fondateur. Tanor Dieng et Khalifa Sall auraient fait, selon l’ancien maire de Kanel, beaucoup de mal à la formation politique qui lui est si chère, à ses militants et responsables des plus méritants. ‘’Ensemble, ils ont ourdi des complots, insulté et chassé des responsables’’, accuse-t-il. Par devoir de mémoire, il a trempé sa plume dans l’encrier d’une part pour retracer son parcours dans l’appareil d’Etat, d’autre part apporter sa part de vérité sur la crise au Ps.

La mort dans l’âme, Amadou Tidiane Wane se remémore les débuts du Président Diouf à la magistrature suprême. Il écrit à la page 266 : ‘’… Elu président de l’Organisation de l’unité africaine, il (Abdou Diouf) va à La Mecque. Il survole l’Afrique du Sud pays de l’apartheid. Et il commence à se voir trop grand comme le chantent ses thuriféraires : ‘’Ndiol Macka’’, ‘’président des présidents’’, (Dieu est Grand mais Abdou n’est pas petit)… Ils ont ainsi réussi à convaincre Diouf de se débarrasser d’éminents responsables comme Djibo Ka, Moustapha Niasse, et après, Jean Colin…’’

Avec le départ de ces ténors, Ousmane Tanor Dieng et ses compagnons avaient les coudées franches. Plus rien ne les arrêtait. L’auteur, toujours plongé dans ses souvenirs, décrit avec force détails comment ils ont mené en bateau l’ancien président en le dépouillant de tous ses pouvoirs dans le parti. Leur modus operandi était simple. M. Wane explique : ‘’Il s’agissait de réformer le parti socialiste en instituant à sa tête un président sans pouvoir réel et un premier secrétaire véritable patron du parti. Le groupe d’études et de recherches (Ger) était contre cette réforme. Mais tant pis, elle passe grâce à un congrès sans débat (1996) imposé, de bonne foi je crois, par Ablaye Diack’’. Le successeur de Senghor s’est finalement rendu compte que certains de ses collaborateurs tentaient de lui jouer un sale tour. ‘’Il avait peur’’, dit l’auteur. ‘’De qui ? De quoi ? De son ombre, de sa création, du PS du PS (du premier secrétaire du parti socialiste)’’, ironise-t-il.

Sciemment, M. Wane choisit le pamphlet pour aborder cette partie de son ouvrage. Les mots qu’il emploie sont violents et provocateurs. Le style court et abrupt. Tidiane ne ménage pas ses anciens camarades. Il déclare avec satire : ‘’Les grands fusilleurs du premier secrétaire, Khalifa Sall en est un, mitraillent tout ce qui bouge dans le parti : ceux qui ne partagent pas leur idée de déification du premier secrétaire incompétent. Djibo Ka est bousculé, Niasse anticipe et s’en va. Diouf devenu ‘’Roi-fainéant’’ est bouté dehors en bonne et due forme, tous les amis et parents avec lui…’’.

C’est le début de la descente aux enfers. L’auteur use encore de mots très durs pour décrire la chute du grand baobab. En atteste ce passage : ‘’Abdou Diouf est écrasé à la présidentielle par Wade, son inusable adversaire depuis 1981. Il n’a jamais cru que cela pouvait lui arriver à lui qui n’a jamais rien conquis et pourtant a tout gagné. Il ne rend compte à personne de sa gestion de 20 ans et de l’Etat et du Parti socialiste. Il a peur, non pas de l’inaction mais de ne plus être ! Alors il s’agrippe à la francophonie. Chirac l’impose ! Wade n’y peut rien.’’

Ainsi est-il parti, laissant derrière lui le désert. Tanor tente de maintenir le flambeau, mais il cumule les revers un après un. D’échec en échec, il finit de transformer le Ps en parti ‘’Naworam’’ (parti yobalema), selon Amadou Tidiane Wane. ‘’Certains fusilleurs, mitrailleurs d’autrefois, Khalifa Sall à leur tête, se sentent présidentiables et refusent le ‘’Naworam’’. Ainsi, le Ps a bu le calice jusqu’à la lie ! Et il continue de le boire’’, raconte l’auteur, sous le regard ‘’sans état d’âme de Abdou Diouf qui doit tout au parti’’.

Par ailleurs, l’auteur estime que malgré tout, Diouf était un ‘’très bon Premier ministre’’, un ‘’excellent président’’. Du moins jusqu’en 1998, précise-t-il.
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