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Profil: Babou Diaham, l’inamovible !
Publié le samedi 8 juillet 2017  |  Enquête Plus
Babou
© Ministère par DR
Babou Diakham, directeur de l`Office du Baccalauréat




D’habitude, c’est une tombe. Difficile, voire impossible de lui soutirer le moindre mot. Rares sont ceux qui pouvaient mettre un doigt sur son visage. Depuis quelque temps, il se trouve, malgré lui, sous les feux des projecteurs.

Homme de l’ombre, Babou Diaham est subitement propulsé au-devant de l’actualité nationale, voire internationale. Toute la presse accréditée à Dakar était hier dans les locaux du ministère de l’Enseignement supérieur pour suivre sa conférence de presse tant attendue. A ses détracteurs qui réclament avec insistance son départ, il rétorque sans ambages : ‘’Si vous remplacez le pain dans le four, vous saurez combien il est brave.’’ L’image est assez expressive. Elle illustre parfaitement la volonté de l’homme à aller jusqu’au bout de sa mission. N’en déplaise à ses pourfendeurs. Cette boutade nous apprend également que Diaham n’est pas du genre à céder à la pression. Et comme le pain affrontant la chaleur ardente du four, lui aussi compte faire face à l’obstacle. Avec la même bravoure.

En poste depuis 2001, Babou Diaham a vu plusieurs générations de bacheliers rejoindre l’enseignement supérieur. Teint noir, taille moyenne, l’enfant de Soume, dans le département de Foundiougne, est apparu hier sous les projecteurs, l’air fatigué. Sans doute à cause d’une journée très chargée. Et il est loin de son chagrin. A peine les enseignants ont-ils fini de le désigner comme responsable du ‘’chaos’’ qui émaille le baccalauréat 2017 que les étudiants s’en mêlent. Eux aussi réclament son départ. Ils indexent sa gestion de l’Office du bac, notamment le système de délivrance des diplômes qui prend beaucoup de temps. Très meurtri, le directeur de l’Office réplique de manière on ne peut plus soft. Il déclare : ‘’Je pense que les étudiants ont déjà leur bac. Ils n’ont rien à voir dans cette situation.’’

Ainsi, Babou qui, pendant presque deux décennies, a pu jouir de ses privilèges sans anicroche, est soudain attaqué de toute part. Du côté de l’Office du Bac, les agents prennent fait et cause pour leur boss décrit comme un travailleur infatigable. Sur place, le moral est au plus bas. Les agents ont mal au cœur. Comme une cohorte de soldats formés pour garder des secrets, la plupart restent muets comme des carpes. Mais quand les cœurs sont pleins d’amertume, quand les esprits sont surchauffés, on perd très facilement le contrôle. On oublie le mot d’ordre. Et on se lâche : ‘’Le directeur, il ne connaît que le travail et la rigueur. Pour les épreuves, il ne fait confiance à personne. Il veille sur tout le processus. Tous les jours, il vient ici à 8 heures. Et il ne quitte que vers 23 heures ou minuit. C’est un homme très rigoureux. Les gens n’ont qu’à le laisser travailler’’, indique cet agent sous le couvert de l’anonymat.

Selon eux, la situation est inédite. Ils ne l’ont jamais vécue auparavant. Ils se disent persuadés qu’il existe des gens tapis dans l’ombre et qui veulent saboter le système. A quelles fins ? Au profit de qui ? Ils comptent sur l’enquête judiciaire pour apporter la lumière. Cependant, ils sont nombreux nos interlocuteurs à penser que Babou Diaham est l’homme qu’il faut à la tête de l’Office du baccalauréat. ‘’Le bac, c’est lui. Il le maîtrise mieux que quiconque. Il a révolutionné le système. Si on parle d’informatisation du processus aujourd’hui, c’est grâce à lui. Je pense que les gens devraient le récompenser au lieu de le vilipender comme ils le font’’, lâche un enseignant à l’Ucad, furax.

Victime collatérale ?

Selon certains observateurs, Babou Diaham est en passe de devenir l’agneau du sacrifice dans la guerre qui oppose les autorités gouvernementales et les syndicalistes. Longtemps, ces derniers ont réclamé la tête de leur tutelle. Aussi bien dans le Supérieur que dans le Moyen secondaire. Des agents de l’Office du bac fustigent : ‘’Il faut oser le dire. Ce sont les enseignants et les syndicalistes qui sont derrière ces fuites. Ces gens qui sabotent le processus doivent savoir qu’ils ont des frères et des sœurs parmi les candidats. Pourquoi voulez-vous les empêcher de réussir alors que vous, vous avez déjà réussi ?’’ s’emportent nos interlocuteurs.

Alors, Babou Diaham est-il une victime collatérale du bras de fer entre l’Etat et les syndicats d’enseignement ? L’idée est de plus en plus agitée par nombre d’observateurs. Pourtant, lui-même est enseignant, pur produit du système universitaire. Certains le décrivent comme un éminent scientifique. Professeur de Sciences de la vie et de la terre à la faculté des Sciences et techniques, il serait l’un des meilleurs de sa génération. ‘’Partout où il est passé, il était premier. C’est un génie. Mais il n’aime pas qu’on en parle car il est modeste’’, témoigne un de ses collaborateurs.

En attendant que jaillisse la lumière sur les récentes fuites sur le bac, l’Office continue de crier à la ‘’cabale’’. Et Babou n’entend pas quitter le navire en pleine tempête.
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